Le credo de Greenpeace Luxembourg, du Mouvement écologique et de natur&ëmwelt: «Investir les fonds publics dans l’optique d’une agriculture durable, de protection de la biodiversité, du climat et du bien commun». (Photo: Shutterstock)

Le credo de Greenpeace Luxembourg, du Mouvement écologique et de natur&ëmwelt: «Investir les fonds publics dans l’optique d’une agriculture durable, de protection de la biodiversité, du climat et du bien commun». (Photo: Shutterstock)

Greenpeace Luxembourg, le Mouvement écologique et natur&ëmwelt ont interpellé le ministère de l’Agriculture par le biais d’une lettre ouverte qui a mis en scène un «ministère de l’agriculture durable» fictif, s’attirant par là même des accusations de propager des «fake news». Les écologistes considèrent cette action comme un moyen nécessaire pour parvenir à leurs fins.

«570 millions d’euros de subventions à venir pour la survie des exploitations familiales, la biodiversité et la protection du climat.» C’est ce que promet la déclaration fictive du ministère de l’Agriculture durable, un ministère tout aussi inexistant. Le visuel, fruit d’un effort conjoint des trois grandes associations environnementales du pays, visait à attirer l’attention du véritable ministère de l’Agriculture.

Et l’initiative a touché sa cible dans le mille puisque le ministère de l’Agriculture, dirigé encore pour un temps par (LSAP), a réagi à cette annonce: «Nous sommes dans une ère où les ‘fake news’ rendent le discours public difficile, et il est donc encore plus discutable que trois organisations respectées trompent consciemment les lecteurs pour communiquer leur vision sur la nouvelle orientation de l’agriculture.»

Selon les groupes environnementaux, cette campagne était le seul moyen d’attirer l’attention du ministère, leurs précédents appels à un changement d’orientation ayant été ignorés. De plus, les signataires ne se sont pas cachés. Car si l’en-tête peut prêter à confusion avec le ministère de l’Agriculture, le pied du communiqué ne laisse pas planer le doute avec les noms, logos et adresses des trois signataires, ce qui «devrait faire apparaître clairement qu’il s’agit de notre projet», déclare (Meco). 

«Un contenu trop volumineux et spécialisé»

«Le document a été publié – et c’est très important pour nous – en parallèle et avec notre prise de position détaillée par rapport à la mise en œuvre de la Politique agricole commune (PAC) au Luxembourg», a déclaré Blanche Weber dans un mail adressé à Delano.

Le communiqué, publié le mercredi 1er décembre, critiquait, entre autres, le manque d’inclusion des citoyens et des groupes de défense de l’environnement et des consommateurs dans les discussions concernant l’élaboration de la stratégie nationale pour les futures politiques agricoles, affirmant que tout contenu disponible était trop volumineux et spécialisé pour être lu par un citoyen lambda.

Le communiqué des signataires. (Capture d’écran)

Le communiqué des signataires. (Capture d’écran)

Le vendredi 3 décembre, le ministère a réagi en déclarant: «Dans le cadre de cette procédure publique et transparente, toutes les parties prenantes ont pu soumettre leurs avis et critiques qui seront analysés», ajoutant que le plan sera soumis au conseil de gouvernement avant le 31 décembre, avant d’être transmis à la Commission européenne. Pour rappel, la date de publication marquait la fin de la consultation publique sur la future stratégie agricole du Luxembourg.

«Le changement de paradigme dont nous avons besoin de manière si urgente à tous les niveaux n’est même pas abordé de loin dans ce plan, au contraire. Si le projet de plan stratégique luxembourgeois n’est pas adapté dans ses éléments centraux, la politique agricole ratée des dernières décennies sera cimentée et des centaines de millions d’euros seront gaspillés», déclarent les signataires dans leur lettre ouverte.

Bien qu’une réforme à l’échelle de l’UE ait été signée, les groupes soulignent qu’elle ne demande rien de spécifique aux États membres, les laissant décider eux-mêmes des mesures à prendre pour un avenir durable.

«Dans d’autres pays, les stratégies ont été élaborées avec toutes les parties prenantes. Ce n’était pas le cas au Luxembourg. Depuis longtemps, on nous promet l’introduction d’une table ronde pour discuter de la politique agricole au Luxembourg, mais cette promesse n’a jamais été mise en œuvre», déclare Blanche Weber.

«Ce qui est important pour nous, c’est que les données relatives à la perte de biodiversité, etc. soient des données officielles», explique Mme Weber. «Nous avons longuement réfléchi avant de décider de cette approche. Mais il est un fait que nos organisations en particulier font des suggestions concrètes depuis des décennies, sans que les changements nécessaires aient lieu et sans qu’un débat structuré ait été lancé.»

Le Meco et natur&ëmwelt ont récemment déposé contre le gouvernement concernant leur inaction face à la perte de la biodiversité locale.

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.