Pour Fredrik Skoglund, chief investment officer, et Jade Marie Bajai, investment strategy communication manager au sein de la Banque internationale à Luxembourg , l’industrie automobile doit relever le défi de la durabilité et celui de la transition numérique. (Photo: BIL)

Pour Fredrik Skoglund, chief investment officer, et Jade Marie Bajai, investment strategy communication manager au sein de la Banque internationale à Luxembourg , l’industrie automobile doit relever le défi de la durabilité et celui de la transition numérique. (Photo: BIL)

L’industrie automobile se situe aujourd’hui au croisement de deux tendances lourdes: la durabilité et la transition numérique.

Du point de vue de la durabilité, les moteurs à combustion interne, très polluants, ont fait leur temps. Les gouvernements se sont fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction d’émissions, et l’Europe, en pointe sur cette question, entend devenir le premier continent à atteindre la neutralité carbone, à l’horizon 2050. Pour que ces objectifs soient atteints, deux secteurs-clés qui n’ont que trop tardé à le faire vont devoir entièrement se réinventer: les transports et l’énergie.

D’après l’International Energy Agency, le secteur des transports représente environ un cinquième des émissions mondiales de CO2. Le transport routier représente environ 75% de ce chiffre. Bien qu’il n’existe pas de solution miracle, les véhicules électriques sont très prometteurs et contribueront à réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par les transports.

La fin des moteurs à combustion interne

Pour accélérer cette transition, les gouvernements du monde entier ont adopté l’approche de la carotte et du bâton: d’un côté, ils offrent des subventions aux consommateurs et aux constructeurs, et de l’autre, ils annoncent une hausse des taxes sur l’essence et le diesel et leur intention d’interdire, à l’avenir, la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion interne.

Au-delà de la réglementation, des facteurs économiques peuvent aussi désormais encourager le passage à l’électrique. Le coût des véhicules électriques devrait être inférieur à celui des véhicules à combustion équivalents d’ici à cinq ans grâce aux avancées technologiques dans le domaine des batteries. Les ventes mondiales de véhicules électriques, qui s’élevaient déjà à 6,75 millions d’unités en 2021, devraient, selon les prévisions, atteindre 54,9 millions en 2040. Le potentiel de croissance de ce marché est énorme. Cette croissance profitera non seulement aux constructeurs, mais aussi aux différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement, des équipementiers aux prestataires de services.

Y a-t-il un pilote dans la voiture?

Transformation numérique oblige, l’industrie automobile ne devrait pas échapper aux bouleversements technologiques qui remettent en cause des habitudes et des normes bien ancrées. Depuis plusieurs années, des entreprises dépensent des millions de dollars dans les véhicules autonomes, mais la route est encore longue. Selon les prévisions, ce marché devrait peser 7 milliards de dollars en 2028, contre 1,36 milliard en 2021.

Arriverons-nous, à terme, à un écosystème de véhicules sans conducteur capables de s’adapter à leur environnement et de communiquer entre eux? Rien n’est moins sûr. Cela dépendra du niveau d’autonomie admis par la loi, des infrastructures, des évolutions technologiques, de la qualité des réseaux de connexion, de l’engouement des consommateurs et de beaucoup d’autres facteurs.

Les avantages potentiels n’en sont pas moins nombreux: moins de bouchons sur la route, moins d’accidents, baisse des besoins en places de stationnement dans les zones urbaines, etc. Il est dès lors raisonnable de s’attendre à des avancées majeures dans ce domaine, dont certaines sont déjà réalité. En mai 2021, les autorités allemandes ont approuvé, au niveau national, l’exploitation commerciale de robots taxis sur certains tronçons limités à 30km/h, tandis que la ville de Chandler, dans l’Arizona, a modifié ses lois d’urbanisme pour permettre la circulation de véhicules autonomes.

Un thème d’investissement à long terme

Face au défi posé par le climat, le secteur de la mobilité n’a d’autre choix que de se réinventer. Sa nouvelle identité sera également façonnée par les tendances technologiques. Dans ce contexte, imaginer des villes sillonnées par des véhicules électriques autonomes ne relève pas de la science-fiction. Les thèmes structurels que constituent la durabilité et la transition numérique vont complètement transformer notre vision de la conduite. Et pour les investisseurs avisés, cette évolution sera source d’opportunités: des opportunités qui supposent de se projeter sur le long terme et de regarder au-delà de l’instabilité et de la volatilité des marchés à court terme, et qui transcendent les phases d’expansion et de récession des cycles économiques habituels.