Petit retour en arrière: en décembre, Christine Lagarde, présidente de la BCE, avait évité toute parole agressive en matière d’inflation: «temporaire» restait le maître mot. Elle avait ajouté qu’elle ne voyait pas de raison de relever les taux en 2022. Mais voilà, depuis décembre, l’inflation s’est emballée, et Christine Lagarde DEVAIT modifier son discours. Mais à quel point le ferait-elle?
Alan Greenspan, l’ancien président emblématique de la Fed, disait qu’en période d’incertitude, il est parfois préférable de rester flou, pour se garder toutes les options ouvertes et ne pas devoir revenir sur sa parole. La BCE semble pleinement appliquer ce principe. Même un peu trop peut-être, car à trop vouloir cacher son jeu, elle laisse libre cours à toutes les interprétations. Certes, le communiqué officiel n’a pas radicalement changé. Mais la conférence de presse qui s’est tenue jeudi dernier, après la réunion, a semé le trouble. En bref, le staff de la BCE étudie la question de l’inflation de près, avec une attention particulière pour l’évolution des salaires.
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Dès lors, pour donner quelque indication que ce soit sur ses futures intentions. Mais, et c’est très important, Christine Lagarde a refusé de réitérer sa conviction que la BCE ne relèvera pas ses taux en 2022.
Les interprétations de ces propos vont à proprement parler dans tous les sens. Mais globalement, les marchés en ont déduit que les colombes de la BCE (les partisans d’une politique monétaire accommodante) ont capitulé: la BCE terminera son programme d’achats d’actifs plus tôt que prévu et une ou plusieurs hausses de taux sont même possibles cette année. Certains en voient même quatre! Était-ce l’intention de la BCE? Il est trop tôt pour le dire. Mais il semble effectivement que les colombes disparaissent dans le brouillard… probablement pour mourir en mars.