À partir du vendredi 20 mars, les chantiers seront à l’arrêt au Luxembourg. (Photo: Anthony Dehez)

À partir du vendredi 20 mars, les chantiers seront à l’arrêt au Luxembourg. (Photo: Anthony Dehez)

Le gouvernement a décrété l’arrêt des chantiers ce vendredi 20 mars à 17 heures dans le cadre du coronavirus. L’entreprise de construction Felix Giorgetti, un des acteurs majeurs du secteur, explique comment elle affronte cette obligation qui signe l’arrêt temporaire de son activité.

Quelles sont les conséquences pour vous de la mise à l’arrêt des chantiers à partir du vendredi 20 mars?

Paul Feider, directeur administratif, commercial et financier. – «Les conséquences sont dramatiques. Nous sommes à l’arrêt total. Nous avons dû renvoyer toute notre force ouvrière et mettre nos ouvriers en chômage partiel pour cas de force majeure, car pour eux, évidemment, impossible de faire du télétravail. Nous avons dû fermer les chantiers comme si nous étions en temps de congés collectifs. De toute manière, nous étions déjà un peu bloqués avant l’annonce de la fermeture des chantiers, car les bureaux d’études et les bureaux de contrôle ne répondaient plus ou de manière très ralentie.

Tous les chantiers sont impactés, que ce soient les chantiers de l’État comme ceux des bâtiments publics, des CFL, des infrastructures routières, mais aussi les immeubles de logements ou de bureaux. Tous les délais de livraison seront retardés.

Comment fonctionnez-vous aujourd’hui?

P. F. «Nous nous sommes réunis pour prendre les mesures d’encadrement et administratives. Nous fonctionnons en service réduit avec une équipe de 12 personnes complétée par une équipe de 30 personnes en télétravail.

Nous allons pouvoir écumer le retard, traiter le travail moins urgent, ainsi que tout préparer au mieux pour la reprise, travailler au développement des projets, dessiner les plans et les métrés.

Nous allons aussi rattraper le retard en facturation, veiller à avoir une trésorerie positive. Cela nous permettra d’honorer les factures de nos sous-traitants, ce qui est important, car eux aussi vont avoir besoin de trésorerie. Nous devons les soutenir dans ce moment difficile et nous assurer qu’ils seront toujours là au moment de la reprise, sinon nous ne pourrons pas reprendre le travail.

Pourrez-vous reprendre facilement par la suite?

P. F. «Il y aura inévitablement un temps de latence avant la reprise complète. Nous nous préparons déjà à cette réalité, car nous travaillons aussi avec beaucoup de sous-traitants. Certains poseurs, par exemple, travaillent avec des pierres d’Italie et sont actuellement en rupture de stock, cela impacte aussi bien les revêtements de sol que de façade.

Avez-vous une idée du coût que cette mise à l’arrêt va pouvoir représenter?

P. F. «Nous n’avons à l’heure actuelle aucune idée du coût que cela va représenter. Ce qui est sûr, c’est que nous allons surveiller de près la trésorerie. Le préjudice le plus important sera au niveau des liquidités, c’est donc la trésorerie qui prime. Nous espérons vivement que l’aide étatique pourra être déployée rapidement pour que les autres intervenants puissent aussi rester à flot. Nous espérons que l’argent des banques puisse être mis à profit à travers des crédits garantis par l’État, ce qui rassurera certainement les PME et les commerçants.

Au nom de votre entreprise, ou vous-même, êtes-vous impliqué dans une action d’aide envers la population dans ce moment de crise?

Paul Giorgetti, gérant de Felix Giorgetti. – «Nous avons en effet mis à disposition du gouvernement 50 personnes — conducteurs de travaux, chefs de chantier, chefs d’équipe – pour aider à la construction d’hôpitaux de fortune du CHL.

Par ailleurs, la famille Giorgetti s’est manifestée auprès de la Croix-Rouge luxembourgeoise et s’est déclarée disponible s’il y avait des besoins logistiques, comme la mise à disposition de matériel, de camions… pour aider en cette période de crise. À l’heure actuelle, aucun besoin n’a encore été signalé.»