Le FMI est inquiet face à la croissance rapide de la dette privée. (Photo/Shutterstock)

Le FMI est inquiet face à la croissance rapide de la dette privée. (Photo/Shutterstock)

Selon le FMI, l’augmentation record de la dette privée à 13% du PIB mondial pourrait ralentir la reprise économique. Le frein à la croissance variera entre les pays et à l’intérieur même des pays.

Dans sa dernière étude sur les perspectives de l’économie, l’institution de Washington s’inquiète de la flambée de la dette privée estimée à 13% du PIB mondial en 2020. La dette privée croitrait actuellement quasiment aussi vite que la dette publique. L’accroissement de la dette publique pour atténuer le choc de la pandémie a d’ailleurs contribué à la flambée de la dette privée observent les experts du FMI «en prolongeant l’augmentation soutenue de l’endettement que les conditions financières favorables en place depuis la crise financière mondiale de 2008 avaient jusque-là alimentée». L’impact de la pandémie sur les finances des ménages et des entreprises varie d’un pays à l’autre et à l’intérieur même des pays, en fonction des politiques qu’ils ont mises en œuvre et de la composition sectorielle de leurs économies. Globalement, l’effet de frein cumulé sur la reprise pour les trois années à venir pourrait se chiffrer, en moyenne, à 0,9% du PIB dans les pays avancés et à 1,3% dans les pays émergents, estime le FMI.

Danger sur les dépenses de consommation et d’investissement

Sur le terrain, l’ampleur de ce frein pourrait être beaucoup plus puissante dans les pays où l’endettement est plus concentré sur les ménages en difficulté financière et les entreprises vulnérables qui seront contraints de réduire leurs dépenses de consommation et d’investissement; où l’espace budgétaire est restreint; où le régime d’insolvabilité est insuffisant; et où la politique monétaire doit se durcir rapidement.

C’est en Chine, aux États-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni qu’a été constatée la plus forte augmentation de l’endettement des ménages à faibles revenus.

Pour ce qui est des entreprises, les plus vulnérables sont concentrées dans le secteur des services nécessitant beaucoup de contacts interpersonnels. Il est donc probable, estime le FMI que «les investissements futurs soient plus limités dans les pays où les secteurs les plus dépendants des contacts interpersonnels représentent une part plus importante de l’activité».

Éviter les faillites en cascade

D’un point de vue politique, le FMI appelle les pays qui s’apprêtent à réduire puis supprimer les dispositifs d’aides exceptionnels mis en place face à la pandémie à «prendre en compte les conséquences d’un resserrement des politiques budgétaire et monétaire sur les ménages et les entreprises les plus fragiles sur le plan financier». Le FMI estime qu’un resserrement brutal de 100 points de base ralentirait l’investissement des entreprises les plus endettées de 6,5 points de pourcentage en cumul sur deux ans, soit quatre points de pourcentage de plus que pour les entreprises les moins endettées.

Le FMI appelle également à accorder une attention particulière à toute évolution défavorable dans le secteur financier alors que les politiques monétaires vont se durcir et pointent le risque d’un effet domino dû à une hausse des faillites. «Les pouvoirs publics pourraient alors inciter à la restructuration des dettes plutôt qu’à la liquidation des entreprises et, si nécessaire, étendre les dispositifs de soutien à la solvabilité.» Voire, «si l’endettement élevé des ménages menace la reprise», faire de même pour les ménages afin de soutenir la dépense.