La BCE, qui alertait ce mercredi sur un , était particulièrement attendue sur la question de l’évolution de ses taux directeurs. Les colombes ont de nouveau eu raison des faucons. Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt demeureront inchangés, à respectivement 0,00%, 0,25% et -0,50%, indique l’institution ce jeudi 14 avril.
C’est la dernière grande banque centrale à rester ainsi «l’arme au pied». Décidée de longue date, la première hausse de taux de la Fed d’un quart de point de pourcentage (0,25%) en mars sera suivie de plusieurs autres.
Le terme de stagflation soigneusement évité
Face aux conséquences de la guerre menée par les Russes en Ukraine, la BCE estime cependant désormais, comme ses consœurs, que l’inflation, qui s’est accélérée et intensifiée dans de nombreux secteurs, restera élevée au cours des prochains mois. De 5,9% en février, elle est passée à 7,5% en mars dans la zone euro.
Quant aux perspectives économiques, leur évolution dépendra de celle du conflit, des retombées des sanctions en vigueur et d’éventuelles mesures supplémentaires. Aujourd’hui, elles sont revues à la baisse. La croissance est estimée à 0,3% au quatrième trimestre 2021. Au premier trimestre 2022, la croissance ne devrait pas être supérieure à cause des restrictions dues à la pandémie, estime Christine Lagarde. La guerre prend désormais le relais comme frein à la croissance.
Pour autant, Christine Lagarde ne prononce pas le «gros mot» sur les lèvres de plus en plus d’analystes: stagflation.
Malgré cela – ou à cause –, le Conseil des gouverneurs ne remet pas en cause le scénario défini ces derniers mois, à savoir une remontée des taux directeurs qui produira «quelque temps après la fin des achats nets du Conseil des gouverneurs au titre du programme d’achats d’actifs». Ledit programme s’achèvera comme prévu au «troisième trimestre». Sans plus de précision.
Rendez-vous en juin
D’ici là, les achats nets mensuels au titre de l’APP s’élèveront à 40 milliards d’euros en avril, 30 milliards en mai et 20 milliards en juin. Pour ce qui est du trimestre suivant, «le calibrage des achats nets tiendra compte des données et de l’évolution de l’évaluation des perspectives par le Conseil des gouverneurs», détaille la BCE. Un Conseil des gouverneurs qui «n’écartera aucune option et conservera la progressivité et la flexibilité dans la conduite de la politique monétaire».
Le Conseil des gouverneurs entend également poursuivre les réinvestissements, en totalité, des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre de l’APP pendant une période prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire.
Le Conseil des gouverneurs entend également réinvestir les remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) au moins jusqu’à la fin 2024. Les achats nets au titre du PEPP pourraient également reprendre, si nécessaire, pour contrer des chocs négatifs liés à la pandémie.
Entre la lutte contre une inflation qui se renforce et la préservation d’une croissance de plus en plus fragile, la marge de manœuvre de la BCE se réduit. Prochain rendez-vous en juin.