Les prévisions économiques annoncées par la Réserve fédérale américaine à l’issue de sa dernière réunion de politique monétaire inquiètent. (Photo: Shutterstock)

Les prévisions économiques annoncées par la Réserve fédérale américaine à l’issue de sa dernière réunion de politique monétaire inquiètent. (Photo: Shutterstock)

Face à une persistante hausse de l’inflation, le relèvement des taux directeurs de la Fed ne surprend plus. Les marchés restent par contre inquiets en ce qui concerne la contraction économique nécessaire pour contraindre une baisse du taux de l’inflation, rapprochant davantage le spectre de la récession.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux directeurs de 75 points de base lors de sa dernière réunion de politique monétaire, ce 21 septembre. Poursuivant sur sa trajectoire désormais «hawkish» telle qu’annoncée lors de la Mecque des banques centrales de , la Fed n’a pas surpris. Cependant, la réaction première du marché a porté plutôt sur les prévisions économiques qui accompagnaient l’annonce de la hausse des taux.

À peine arrivé au pupitre devant les journalistes, le président de la Fed, Jerome Powell, a eu du mal à convaincre. «Alors que les questions posées lors de la conférence de presse portaient essentiellement sur les projections économiques et sur le moment où la Fed pivoterait pour éviter d’être trop restrictive, Powell n’a rien donné de concret dans sa réponse», commente Simon Harvey, head of FX analysis chez Monex Europe.

Il estime d’ailleurs que «lorsque les données économiques commenceront à se retourner», la Fed pourrait rencontrer quelques difficultés à poursuivre la hausse de ses taux d’intérêt jusqu’au taux final prévu de 4,6% et de les maintenir à un tel niveau toute une année.

Une contraction de l’économie

Lors de sa conférence de presse, Jerome Powell a fait référence à de nombreuses reprises à «une croissance inférieure à la tendance». De son côté, Simon Harvey déclare: «Cela nous semble être un euphémisme visant à atténuer le fait qu’une contraction économique induite par la politique monétaire est probablement en cours et à éviter de créer une panique excessive.»

En effet, le PIB réel américain a diminué à un taux annuel de 0,6% au deuxième trimestre de 2022, après une baisse de 1,6% au premier trimestre. Le taux de chômage, pour sa part, se projette à un taux record de 4,4% pour 2023, soit 0,5% de plus que lors des prévisions de juin.

De leur côté, les analystes de Fidelity observent que le président de la Fed a émis «une énorme incertitude à propos des résultats économiques, soulignant que les chances d’un atterrissage en douceur diminuent en effet, car la politique doit être plus restrictive plus longtemps que prévu».

L’équipe d’analystes d’ING, quant à elle, déclare que «la Fed reconnaît effectivement qu’une récession est à venir, mais que l’inflation ne baissera pas rapidement et qu’il y aura beaucoup de douleur». Raison pour laquelle la volonté de la banque centrale fédérale est de sacrifier la croissance pour faire baisser l’inflation.

Une tendance à la baisse de l’inflation?

«Pour faire baisser l’inflation, l’économie doit fonctionner en dessous de son potentiel, ce qui permettra de mieux équilibrer la demande et la capacité de l’offre», précisent les analystes d’ING. Ce qui ne laisse donc pas d’autre choix à la Fed que de poursuivre encore davantage le relèvement de ses taux directeurs et de maintenir une politique de resserrement jusqu’à ce que l’objectif de réduction de l’inflation soit atteint. Les révisionnistes s’attendent donc à une nouvelle hausse de 75 points de base pour la quatrième fois consécutive lors de sa prochaine réunion du 2 novembre prochain.

En attendant, la National Federation of Independent Business (NFIB), une association nationale de défense des intérêts des PME, a indiqué que la proportion d’entreprises envisageant d’augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois est passée de 51% en mai à 32% en août. Un signal important que le taux de l’inflation pourrait ralentir à moyen terme.

Ce qui confirmerait ainsi la tendance à la baisse du taux de l’inflation entamée au cours des trois derniers mois. En juin dernier, le taux de l’inflation des États-Unis atteignait un pic de 9,06% pour descendre ensuite à 8,52% en juillet, et finalement à 8,26% en août.