Le discours de fermeté de la Fed séduit la BCE, qui devrait augmenter ses principaux taux directeurs ce 8 septembre. (Photos: Federal Reserve/Wikimedia Commons et Shutterstock)

Le discours de fermeté de la Fed séduit la BCE, qui devrait augmenter ses principaux taux directeurs ce 8 septembre. (Photos: Federal Reserve/Wikimedia Commons et Shutterstock)

Lors de la traditionnelle réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, Jerome Powell a été clair: la lutte contre l’inflation est la priorité. Elle sera longue et douloureuse. Une analyse qui semble être partagée au sein de la Banque centrale européenne.

Assurer la stabilité des prix: c’est le rôle d’une banque centrale. La stabilité sur le marché des changes? Le soutien à l’activité économique? La lutte contre le changement climatique? Le financement des retraites? Des missions annexes, si on lit en creux le message du président de la Réserve fédérale américaine.

«Le rétablissement de la stabilité des prix prendra un certain temps et nécessitera l’utilisation énergique de nos outils pour mieux équilibrer l’offre et la demande. La réduction de l’inflation nécessitera probablement une période prolongée de croissance inférieure à la tendance. De plus, il est fort probable que les conditions du marché du travail s’assouplissent quelque peu. Si la hausse des taux d’intérêt, le ralentissement de la croissance et l’assouplissement des conditions du marché du travail font baisser l’inflation, [les prix] seront également douloureux pour les ménages et les entreprises. La réduction de l’inflation a des coûts collatéraux malheureux. Mais si l’on ne parvient pas à rétablir la stabilité des prix, la douleur sera bien plus grande.»


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Un message sans ambiguïté qui a rallié toutes les autres grandes banques centrales.

À l’exception du Japon qui, face aux impacts négatifs de la guerre en Ukraine, n’envisage aucun resserrement monétaire et devrait maintenir ses taux à zéro. Et ce, d’autant plus longtemps que le pays est épargné par l’inflation prévue autour de 3% en 2022 et de 1,5% en 2023. Autre exception de taille: la Chine. Le 22 août, la Banque centrale chinoise a réduit ses taux directeurs. Leur plus-bas historique afin de soutenir une activité grevée par la crise immobilière, les reprises du Covid-19 et l’actuelle vague de sécheresse.

En Turquie, où l’inflation est de 80%, la banque centrale turque – plus exactement, le président Recep Tayyip Erdogan – a décidé de baisser son principal taux directeur de 14% à 13%.

75 points de base le 8 septembre?

Agir avec détermination pour combattre l’inflation, même au risque d’une croissance plus faible et d’un chômage plus élevé, semble être le credo de la BCE. Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a employé le terme de «sacrifice». Un terme très inhabituel…

Ce 8 septembre, la BCE doit annoncer un nouveau relèvement de ses taux directeurs de 50 points de base. L’institution de Francfort avait surpris, en juillet, relevant ses taux de 50 points de base alors que le marché pariait sur une hausse de seulement 25 points de base. De plus en plus d’analystes s’attendent désormais à un relèvement de 75 points de base. Le taux neutre évalué à 1,5% dans la zone euro par la BCE devrait être atteint à la fin de l’année.

Le scénario d’un relèvement des taux sans faiblesse est le scénario retenu chez Fidelity International qui note que Jerome Powell s’est montré encore plus dur qu’attendu. «Aujourd’hui, le président Powell semble s’être rangé du côté des faucons.» Le gestionnaire s’attend à des augmentations de taux de 75 points de base de part et d’autre de l’Atlantique avec, à la clé, une période de volatilité accrue sur les marchés et se déclare «prudent» sur les actifs risqués.

En cette période de rentrée, l’heure est au repli sur les marchés. Après avoir perdu plus de 3% la semaine passée, la Bourse de Paris poursuivait son repli ce lundi matin tandis que le S&P 500, après deux semaines de baisse consécutive, perdait du terrain, les valeurs technologiques étant particulièrement chahutées.