Tous les facteurs du côté de l’offre laissent entrevoir une hausse significative du taux de l’inflation d’ici la fin de l’année. Face à un risque de récession, la BCE pourrait bien adopter un resserrement moins rapide de sa politique monétaire. (Photo: Shutterstock)

Tous les facteurs du côté de l’offre laissent entrevoir une hausse significative du taux de l’inflation d’ici la fin de l’année. Face à un risque de récession, la BCE pourrait bien adopter un resserrement moins rapide de sa politique monétaire. (Photo: Shutterstock)

Le choc de l’offre énergétique pousse le taux de l’inflation à la hausse et rapproche l’économie européenne du risque de récession. Le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) reste dès lors limité, voire même mis au second plan.

Les tensions sur le marché de l’énergie rendent de plus en plus réaliste le scénario d’un taux de l’inflation à deux chiffres au second semestre dans la zone euro, . Plusieurs facteurs maintiennent la pression au niveau de l’offre. Parmi ceux-ci, la faiblesse de l’offre en gaz a conduit à des prix du gaz naturel presque 10 fois plus élevés qu’au début de 2021. Fait notable: le prix du gaz naturel est actuellement deux fois plus élevé qu’il ne l’était en juin dernier.

Les prix de l’énergie sont également impactés par les faibles niveaux de certains cours d’eau stratégiques, . Cela pose de nombreux défis à la fois pour le refroidissement des centrales nucléaires et le transport du charbon. C’est compter sans le ralentissement d’une partie de la production manufacturière qui dépend du transport fluvial pour ses fournitures.


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L’influence de l’Allemagne

Rien qu’en juillet, les contraintes liées à la sécheresse et à l’approvisionnement énergétique ont déjà entraîné une hausse de 3,9% des prix à la consommation du gaz et de l’électricité. À cela s’ajoutent les inquiétudes relatives au niveau de stockage de gaz pour l’hiver prochain, et les importations coûteuses de gaz naturel liquéfié (GNL) laissent déjà entrevoir un horizon de prix élevés jusqu’à la fin de l’année.

Si cela ne suffisait pas pour convaincre à propos de la hausse de tension sur l’offre énergétique et de ses conséquences sur le taux de l’inflation de la zone euro, le gouvernement allemand a récemment annoncé une taxe sur le gaz. Cette taxe provoquera une hausse significative du prix de détail du gaz dès le mois d’octobre. Même si l’Allemagne reste pour l’instant le seul pays européen à avoir annoncé une telle taxe, il se peut que d’autres États mis à mal par les coupures de gaz russe lui emboîtent le pas.

La récession s’occupera du reste

Avec une inflation croissante qui découle d’un choc de l’offre, la Banque centrale européenne (BCE) ne dispose que d’un champ d’action limité au niveau de la demande, avec sa politique monétaire. Mais, bonne nouvelle: les causes de l’inflation sont en partie les mêmes qui risqueraient bien de pousser naturellement l’économie européenne dans une phase de récession prochainement. La BCE n’aurait donc pas besoin de placer artificiellement l’économie en récession pour lutter contre l’inflation.

Même l’influence de la politique monétaire plus rapide de la Réserve fédérale américaine (Fed) devient de plus en plus relativisée. Les dernières enquêtes d’anticipations d’inflation aux États-Unis montrent que les attentes d’un recul de l’inflation résultent davantage de la chute du prix de l’essence que .

Les resserrements de politique monétaire n’auraient donc, pour l’instant, qu’un effet limité sur l’inflation à court terme. La BCE pourrait dès lors mettre du lest dans son resserrement de politique monétaire, à l’aube d’une crise énergétique qui pourrait bien faire basculer l’économie en récession. D’autant plus que les entreprises perdent progressivement leur capacité à ne pas répercuter les hausses des prix sur les consommateurs. Tous les yeux sont désormais rivés vers la prochaine réunion de gouvernance de la BCE qui aura lieu le 8 septembre.