Habiter provisoirement des terrains en centre-ville laissés à l’abandon, telle est l’idée de Steve Krack.  (Photo: Steve Krack)

Habiter provisoirement des terrains en centre-ville laissés à l’abandon, telle est l’idée de Steve Krack.  (Photo: Steve Krack)

L’entrepreneur et promoteur immobilier Steve Krack propose une nouvelle approche d’habitat, sous forme d’occupation temporaire d’un terrain, qui offrirait une solution pour habiter provisoirement un site non construit, sans le dénaturer. 

L’idée lui est venue en observant ce qui se passe dans son quartier, le Pfaffenthal. Au pied du funiculaire se trouve un ancien terrain maraîcher sur lequel une serre est toujours présente. Il s’agit des anciennes terres maraîchères cultivées par Jacques Arrensdorff (dit «Jeeki»), un pionnier de l’agriculture biologique au Luxembourg. «Je sais qu’un projet immobilier doit avoir lieu sur ce terrain, et je trouve dommage de perdre la serre et les terrains autour, qui sont des témoins d’une activité maraîchère du quartier, des éléments du patrimoine local. Pour autant, le pays connaît une crise du logement, et nous avons cruellement besoin de nouvelles maisons. Aussi, j’ai commencé à imaginer une proposition qui puisse à la fois combiner une nouvelle offre de logements et la préservation du terrain. La solution que j’ai trouvée est d’occuper provisoirement des terrains avec des maisons modulaires qui n’ont pas besoin de fondations», explique Steve Krack.

Des maisons modulaires d’architectes

Les maisons qu’il imagine sont composées de modules de 40m2 chacun (3,5mx12m) qui peuvent se combiner entre eux, produits en série, écologiques et transportables en camion. Son idée est de lancer un concours d’architecte pour dessiner ces différents modules, et ainsi assurer une haute qualité à ces habitats d’un nouveau genre. «Ces modules n’ont pas besoin de fondation, ils peuvent être simplement posés sur un terrain. Par conséquent, il est possible d’occuper provisoirement le terrain. Pas besoin de céder définitivement le terrain. Un bail provisoire, de 15 ans par exemple, suffit. On se détache ainsi de la pression financière liée au foncier, tout en pouvant avoir un habitat de qualité et en ayant une maison à faible impact pour l’environnement.» Une forme d’emphytéose à court terme combinée à une réflexion architecturale.

En procédant ainsi, il calcule que l’achat d’une maison pourrait revenir à environ 300.000 euros. «Ces maisons pourraient aussi être mises en location, mais avec un loyer plafonné à 1.500€/mois pour deux modules, soit 80m2. Du côté de l’investisseur, cela reste intéressant, avec un rendement de 5 à 6%.»

Sur le terrain du Pfaffenthal, les maisonnettes pourraient être aménagées autour de la serre, qui serait restaurée, profitant de cet espace comme d’un jardin d’hiver commun, et augmentant par là même les surfaces de vie. Et cette idée peut être dupliquée ailleurs.

Les maisons pourraient s’organiser autour de la serre et profiter de cet espace comme d’un jardin d’hiver commun. (Illustration: Steve Krack)

Les maisons pourraient s’organiser autour de la serre et profiter de cet espace comme d’un jardin d’hiver commun. (Illustration: Steve Krack)

«Ce type de proposition peut être intéressante pour des jeunes qui commencent dans la vie, par exemple, ou pour des familles monoparentales. L’idée est simplement d’utiliser les terrains qui ne sont pas viabilisés en centre-ville avec des habitats provisoires. On pourrait ainsi densifier un nombre important de terrains qui sont laissés à l’état de friche par leurs propriétaires. Par le biais de la location avec un bail provisoire, cela leur permettrait de rentabiliser leur terrain tout en en conservant la propriété. Une opération doublement profitable. Cette solution pourrait même être envisagée dans les grands jardins de maisons familiales, où les enfants pourraient avoir leur premier habitat indépendant, et ce de manière abordable. Et le jour où le terrain doit être libéré, il suffit de remettre la maison sur un camion et de la déplacer sur un autre. Ou de la stocker. Ou de la recycler.»

Une idée qui participe pleinement à un urbanisme circulaire et durable, et qui mériterait certainement d’être étudiée avec attention par les services communaux et le ministère du Logement.