Chez RH Expert, on ne doit plus dépasser les quatre jours de travail par semaine. (Photos: RH Expert. Montage: Maison Moderne)

Chez RH Expert, on ne doit plus dépasser les quatre jours de travail par semaine. (Photos: RH Expert. Montage: Maison Moderne)

Depuis octobre dernier, les salariés de RH Expert ont droit à trois jours de repos par semaine. L’entreprise est passée à la semaine de quatre jours, sans dépasser neuf heures quotidiennes. Le but est de se concentrer sur les objectifs pour gagner en productivité, selon son CEO.

«Se concentrer sur le travail à réaliser et pas les heures.» Tel est le credo de RH Expert, consultant en ressources humaines qui emploie une soixantaine de salariés au Luxembourg. Du moins depuis octobre dernier, date à laquelle l’entreprise a mis en place la semaine de quatre jours. «Chacun peut choisir son troisième jour de repos comme il le veut, par trimestre. Sauf le mardi et le jeudi», explique son CEO, . Ces deux jours étant les moins demandés, on y regroupe réunions et formations.

Les quatre jours travaillés sont inévitablement un peu plus denses, mais pas beaucoup. «Les salariés travaillent entre 32 et 36 heures par semaine», a calculé Laurent Chapelle, grâce aux entrées et sorties. Sans diminution du salaire. Doit-on en conclure qu’avant, l’entreprise connaissait un fort taux de présentéisme? «Je ne dirais pas cela. Nous avons travaillé sur la productivité», répond-il. Chaque semaine, le manager donne des objectifs à ses salariés. Et s’ils ont besoin de travailler un jour de plus pour les atteindre, «c’est non. Nous avons interdit qu’un salarié aille au-delà de neuf heures par jour ou planifie plus de quatre jours».

Des horaires flexibles

La seule exception s’applique aux personnes en période d’essai, pour des raisons d’intégration. Si un salarié n’a pas rempli son objectif en quatre jours et qu’il a travaillé 36 heures, on va lui reporter les quatre heures non prestées dans son planning du trimestre suivant. Il y aura donc une semaine où il travaillera quatre jours et demi. «C’est arrivé trois fois. Nous ne fixons pas des objectifs inatteignables.»

Lors de l’annonce en janvier 2021, «certains disaient que ce n’était pas possible de faire leur travail en cinq jours», se rappelle le CEO. «Puis,  en pratique, tu vois que c’est possible». Les salariés ont des horaires flexibles, leur permettant de commencer entre 6h30 et 10h et de finir entre 17h et 20h30.

La mesure a un double objectif: plus de place pour la vie privée, mais aussi «remettre le manager au cœur», puisque chaque semaine, «il est obligé de se poser la question des objectifs des salariés».

Ces derniers ont aussi droit à 10% de télétravail, soit 18 jours par an, comme prévu par la convention luxembourgeoise sur le télétravail. Ils peuvent les poser dans leur planning trimestriel. Une solution «sous tous les quotas pour les frontaliers, autorisée par la loi et facile, un accord par SMS étant suffisant».

Une mesure légale

RH Expert fait donc œuvre de pionnière, alors que le ministère du Travail après que la Belgique a voté la possibilité de mettre en place la semaine de quatre jours.

«La loi n’oblige pas à travailler cinq jours par semaine», analyse Laurent Chapelle, qui a demandé un avis juridique avant son instauration. Ce dernier a aussi conclu que les contrats de travail n’avaient pas besoin d’être révisés. Il cite l’article 211-18 du Code du travail, selon lequel «lorsque les heures de travail hebdomadaires sont réparties sur cinq jours ou moins, la durée de travail normale peut d’office être portée jusqu’à neuf heures par jour, sans que le total de la durée de travail ne puisse dépasser la durée de travail normale hebdomadaire en vigueur dans l’établissement ou l’entreprise concernés».

Interrogé à ce sujet, , avocat spécialisé en droit du travail, confirme. «Le Code du travail le permet, mais il faut mettre en place un plan d’organisation du travail». Ce que Laurent Chapelle a fait. L’heure effectuée en plus chaque jour n’a alors pas besoin d’être comptée comme heure supplémentaire, selon lui.

Le chef d’entreprise estime que la semaine de quatre jours a séduit ses employés. Et contribue à attirer de nouveaux talents. «Nous avions mis une offre d’emploi la semaine dernière et nous avons remarqué plus de candidatures. Certains l’ont même mentionné à l’entretien.»

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