Les quatre entreprises du groupe sont concernées par le travail à horaires flexibles. (Photo: David Gavroy)

Les quatre entreprises du groupe sont concernées par le travail à horaires flexibles. (Photo: David Gavroy)

La quarantaine de salariés du groupe de marketing DG Group bénéficient, depuis le début de l’année, d’horaires flexibles. Chacun peut travailler quand il veut, tant qu’il accomplit ses tâches dans les délais impartis et avec la même qualité. 

Commencer sa journée de travail quand on le souhaite, pouvoir prendre une pause pour faire une sieste, du sport ou quitter son bureau plus tôt pour récupérer ses enfants à l’école… Tout cela est possible depuis le 1er janvier pour la quarantaine de salariés des quatre entreprises de DG Group, spécialisé dans le marketing: Noosphere Brand Strategy sàrl, Z6 Creation sàrl, Hello Deco sàrl et . Pour autant, évidemment, que le travail soit rendu en temps et en heure.

«L’idée, c’est que tout le monde se gère en fonction de ses tâches», résume David Gavroy, le CEO de DG Group. «C’est la notion d’intrapreneuriat, l’état d’esprit d’entrepreneurs au sein de l’entreprise.» Le but est de favoriser le bien-être de ses salariés en «mettant leur vie au centre». «On s’est rendu compte qu’avec 8 heures par jour, on avait des problèmes de présentéisme», ajoute-t-il. Il prend l’exemple de quelqu’un qui a un coup de fatigue: «Il pourra rentrer dormir une heure et se remettre au travail après.» Au final, «il n’y a pas de contrôle sur la manière dont les gens vont s’organiser». Seul le résultat final compte. Qui doit être réalisé dans les délais impartis et rester de qualité.

Pas d’impact sur le temps de travail

Plus de flexibilité ne signifie pas plus ou moins d’heures à assumer, mais seulement une organisation souple. «L’idée n’est pas que les employés travaillent plus, c’est qu’ils soient heureux.» À l’inverse, «si on vous demande une tâche en une semaine et que vous l’abattez en deux jours, on ne va pas permettre de prendre trois jours de congé. Ils ont fini le boulot, ils font celui qui suit.» 

La seule contrainte: le client. «On veut que l’entreprise soit joignable de 8h à 18h», dit David Gavroy. Charge aux réceptionnistes de s’organiser. Comme le font leurs collègues pour assumer «un rendez-vous avec un client, hors de question de ne pas y aller».

Les équipes sont aussi invitées à une réunion hebdomadaire de planification. 

Des avis partagés

Cette liberté est-elle en accord avec la législation? «On ne va pas demander aux gens de travailler la nuit et le dimanche. S’ils en ont envie, c’est leur choix», explique le CEO. Si la demande vient d’un client «c’est différent. On trouvera un système pour récupérer ou payer une prime.»

Interrogée sur cette initiative l’Inspection du travail et des mines (ITM) indique que «la jurisprudence autorise les parties à flexibiliser» les horaires de travail, «moyennant des clauses dans le contrat». La flexibilité n’est toutefois pas illimitée mais «encadrée par les règles qui régissent la durée de travail journalière et hebdomadaire, les pauses et repos journalier et hebdomadaire obligatoires et le travail dominical, qui sont des dispositions d’ordre public auxquelles on ne peut déroger, même pas d’un commun accord».

D’autres questions se posent: accidents de travail, prise en charge des coûts comme l’électricité en télétravail… «Il n’y a pas de règles spécifiques, avec le Covid, on a tous fait comme on pouvait», répond David Gavroy. Et lorsque les accords exceptionnels permettant aux frontaliers de télétravailler en «illimité» prendront fin, «à chacun de faire en sorte d’être dans le cadre de la législation».

Pour , directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), «c’est intéressant, même si je ne connais pas les détails». Tant que «l’entreprise respecte le cadre légal», précise-t-il. «La flexibilité, c’est un chemin dans les deux sens.»

L’OGBL se veut plus méfiante. «Le phénomène n’est pas nouveau. Il y a eu une entreprise où les salariés avaient un nombre de ventes à faire par mois, sans limite de temps. La charge de travail était telle qu’ils ne pouvaient pas le faire en huit heures par jour. On a remarqué que quand on voulait faire des choses comme cela, ça ramenait souvent du négatif pour le salarié», détaille Jean-Luc de Matteis, en charge de ces questions au syndicat. 

Une habitude à prendre

Le bilan après quelques semaines au sein de DG Group? Pour l’instant, «les employés sont contents. Ils prennent des habitudes avec cette liberté.» Certains ont déjà commencé à arriver plus tard le matin ou à prendre de plus longues pauses le midi. 

, 24% des employés bénéficiaient d’une mesure générale leur permettant de moduler leur temps de travail en fonction de leurs besoins personnels. menée sur un échantillon de 732 salariés et publiée en 2012 montrait que la satisfaction des travailleurs à l’égard de leur régime de temps de travail était, dans l’ensemble, plus prononcée parmi les travailleurs flexibles que chez les employés ayant des horaires fixes. Mais les travailleurs avec horaires flexibles semblaient effectuer plus d’heures que ce qui est contractuellement prévu.