Lionel Balle est head of fixed income strategy chez Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

Lionel Balle est head of fixed income strategy chez Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

Une question brûle toutes les lèvres ces derniers jours: quelle réponse les banques centrales vont-elles apporter à la montée de l’inflation?

Il semble clair que la réponse ne sera pas la même aux quatre coins du monde. D’un côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque d’Angleterre (BoE) devraient augmenter leurs taux directeurs — ce qui a déjà été fait lors de la dernière réunion de la BoE — et arrêter leurs programmes d’achats d’actifs. Adoptant une approche différente, la Banque centrale européenne (BCE) continuera certainement d’acheter des actifs, et la Banque centrale de la République de Chine coupera certainement encore ses taux.

Dans ce contexte, la première semaine de l’année a été marquée par une hausse des taux assez spectaculaire, le taux à 10 ans américain revenant au-dessus des 1,7%, alors que le Bund allemand à 10 ans s’approchait du territoire positif. Même la partie courte de la courbe a bougé, le taux à deux ans américain se dirigeant vers les 1%, soit son plus haut niveau de la période suivant le début de la pandémie. 

À la source de ce mouvement haussier? Une publication du Wall Street Journal révélant que les membres de la Fed considéraient une réduction de leur bilan peu après avoir changé leur politique monétaire en augmentant les taux. Quelques heures plus tard, la publication des minutes de la réunion de décembre de la Fed confirmait ces révélations. Ainsi, la Fed, outre une réduction un peu plus rapide que prévu de ses achats d’actifs en mars 2022, commence à réfléchir à la taille de son bilan.

Une augmentation des taux de la Fed probable en mars

Dès lors, les chiffres de l’inflation américaine publiés cette semaine étaient fortement attendus. Et comme d’habitude, ces derniers mois, ils continuent d’atteindre des sommets. En décembre, l’inflation s’est hissée à 7%, avec une augmentation mensuelle de 0,5%, contre 0,8% auparavant, avec toutefois une légère augmentation pour l’inflation de base. Comme attendu, les coûts de l’énergie ont diminué, tandis que les prix des véhicules d’occasion, ou encore des tarifs aériens, dans une moindre mesure, ont augmenté.

Alors que l’inflation reste sans aucun doute élevée, nous ne pensons pas que les chiffres de décembre impacteront la stratégie de la Fed, qui, en plus de conclure la réduction de ses achats d’actifs d’ici mars, devrait également augmenter ses taux directeurs. D’ailleurs, selon les Fed Funds Futures, il y aurait 93% de chances que les taux augmentent en mars. Cela devrait entraîner trois ou quatre hausses de taux pour la Fed au cours de cette année, les ramenant à mi-chemin des niveaux pré-Covid.

Dans tous les cas, nous sommes convaincus que Jerome Powell, président de la Fed, ne resserrera pas sa politique monétaire de manière trop agressive afin de ne pas heurter significativement la croissance économique. Par conséquent, nous devrions connaître, certes, une hausse des rendements obligataires, mais sans envolées incontrôlées.