Quel est votre film préféré de 2021?
«Dernièrement, j’ai vu ‘Don’t Look Up’ d’Adam McKay (sorti le 24 décembre sur Netflix, ndlr) avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence. Cela m’a bien plu, c’est très efficace.
Mais j’opterais quand même pour ‘Titane’, de la réalisatrice française Julia Ducournau (la Palme d’or au dernier festival de Cannes, ndlr)… même si tout le monde déteste ce film [rires]. J’avoue que c’est une œuvre assez clivante. On aime ou on n’aime pas. Sur moi, cela a bien fonctionné. J’ai été dedans du début à la fin. Mais je peux comprendre que pas mal de gens aient un peu de mal. Dès la scène d’ouverture où une femme fait l’amour avec une voiture, la réalisatrice a dû perdre des spectateurs… C’est le genre de production où il faut être prêt pour voir le film.
Quelle est votre série préférée de 2021?
«C’est plus compliqué. Du fait que j’ai vu moins de séries cette année, par manque de temps. Mais aussi du fait que je n’ai pas vraiment eu de coup de foudre artistique. Donc, je dirais peut-être la saison 3 de ‘Sex Education’, diffusée sur Netflix. C’est un peu spécial d’opter pour une troisième saison ainsi, mais aucune nouveauté ne m’a vraiment sauté aux yeux.
Nous sommes dans la dernière ligne droite, et j’espère que nous pourrons montrer ‘Corsage’ dans un grand festival.
Après, il est vrai aussi que je me contente de ce qui est disponible sur les plateformes légales: Netflix, Amazon Prime, Apple TV+, etc. Je ne verse pas dans l’illégal. J’avoue que je ne saurais même pas comment faire. Donc, une série comme ‘Succession’, proposée par HBO, m’a échappé alors que, d’après ce que j’en ai entendu, il me semble que j’aurais dû bien accrocher.
Quelle est votre (co)production luxembourgeoise préférée vue en 2021?
«‘Bad Luck Banging or Loony Porn’ (Paul Thiltges Distributions), un film roumain. Un cinéma que je connais bien désormais, depuis que j’ai produit ‘Collective’ d’Alexander Nanau. C’était, il me semble, le premier film que j’ai vu où les gens portaient vraiment le masque et où l’on ne cachait la pandémie qui nous touche actuellement.
Comme beaucoup, j’ai découvert le cinéma roumain avec la Palme d’or obtenue à Cannes en 2007 par Cristian Mungiu avec le film ‘4 mois, 3 semaines, 2 jours’. Après l’avoir vu sur la Croisette, j’étais convaincu que c’était lui qui devait l’emporter, cette année-là.
Après, j’ai pu rencontrer Cristian Mungiu quelques fois à Bucarest, vu que c’est un ami d’Alexander Nanau. Et découvrir plus en profondeur ce cinéma roumain qui est aujourd’hui très bien représenté. Comment explique-t-on sa belle santé actuelle? Même si ce n’est pas quelque chose mis en place par l’État, je ne pense pas que cela soit dû au hasard. Cela ne l’est jamais lorsque plusieurs personnes provenant d’un même lieu ont, en même temps, une histoire à raconter. Comme on a déjà pu le voir dans d’autres pays où l’on a pu vivre des vagues similaires de bons films.
Une performance marquante d’un(e) acteur/actrice en 2021?
«Je suis membre du jury des Shooting Stars de la Berlinale, des récompenses décernées chaque année, en marge du festival de Berlin, à de jeunes acteurs et actrices européens. Un programme organisé par l’European Film Promotion. Et, dans le cadre de l’édition 2022, j’ai ainsi pu voir ‘Entre les vagues’ de la réalisatrice Anaïs Volpé. Un film dans lequel le duo composé de la Française Déborah Lukumuena (César de la Meilleure actrice dans un second rôle, en 2017, pour le film ‘Divines’, ndlr) et de la Suisse Souheila Yacoub m’a marqué.
Une attente cinématographique pour 2022?
«‘Lightyear’ (ou ‘Buzz l’éclair’ en français, ndlr), le spin-off de la saga ‘Toy Story’ des studios Pixar, qui raconte les origines du personnage de Buzz l’éclair. J’ai grandi avec ‘Toy Story’. Le premier épisode de cette quadrilogie est sorti en 1995. J’avais 12 ans. C’était le premier à être en 3D, et il m’a vraiment marqué. J’ai hâte de voir ce qu’ils vont faire du personnage de Buzz.
Sinon, sur un plan plus personnel, 2022 sera aussi l’année où Vicky Krieps jouera le rôle d’Élisabeth de Wittelsbach, impératrice d’Autriche, mieux connue sous le surnom de Sissi. ‘Corsage’ est un film de la réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer que nous coproduisons avec Samsa Film (notamment aux côtés de Kazak Productions, la boîte de production de ‘Titane’). Et qui a été en partie tourné chez nous. C’est un budget de plus ou moins sept millions d’euros, auquel le Film Fund Luxembourg a participé à hauteur d’un million et demi. Ce film est un portrait de Sissi à l’aube de ses 40 ans, un moment de la vie où elle est alors considérée comme une femme âgée par la société qui l’entoure mais aussi par elle-même. C’est donc un film sur une femme et la manière dont elle vit avec son image. C’est très moderne, à mille lieues des productions des années 50 où Romy Schneider brillait, ou même de la nouvelle version allemande sortie en 2021 où le rôle de Sissi est incarné par la Suisse Dominique Devenport.
Quand la sortie est-elle programmée?
«Ce n’est pas encore défini. Nous devons encore en discuter avec le distributeur pour le Benelux et celui pour l’Allemagne. La vente au niveau international sera, quant à elle, assurée par les Français de MK2. Nous sommes dans la dernière ligne droite, et j’espère que nous pourrons le montrer dans un grand festival.»