Pour Stéphan Roelants, «Drive my Car» est le favori pour l’Oscar du Meilleur film étranger.  (Photo: Marie de Decker/Film Fund Luxembourg)

Pour Stéphan Roelants, «Drive my Car» est le favori pour l’Oscar du Meilleur film étranger.  (Photo: Marie de Decker/Film Fund Luxembourg)

Alors que 2022 débute, Stéphan Roelants, le CEO de Melusine Productions, nous présente ce qu’il a vu de mieux sur grand et petit écrans, lors des 12 derniers mois. 

Quel est votre film préféré de 2021?

«‘Drive my Car’, du Japonais Ryusuke Hamaguchi. À mes yeux, il est le favori pour obtenir l’Oscar du Meilleur film étranger lors de la prochaine cérémonie, en mars prochain. C’est profond, et il y a une vraie maestria au niveau de l’écriture, de la réalisation, du jeu des acteurs, etc.

C’est une œuvre sur notre société où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Avec une grande apparence de simplicité, mais beaucoup d’intelligence derrière. Cela ressemble à ce que le cinéma d’aujourd’hui peut proposer d’intelligent, tout en étant du bon cinéma.

Quelle est votre série préférée de 2021?

«Beaucoup de choses m’ont plu. Parfois, c’était des choses plus anciennes. Mais, dans les nouveautés de 2021, j’opterais pour ‘La Maison de la rue en pente’ de Yukihiro Morigaki. Une série que j’ai vue sur la chaîne que je regarde le plus, à savoir Arte. Enfin, ici, c’était plutôt sur sa plateforme digitale que je l’ai trouvée.

Le sujet de ‘La Maison de la rue en pente’ est très dur puisqu’on y parle d’infanticide. On suit une femme qui est jurée dans le procès d’une mère ayant donc tué son enfant. Mais la manière dont le propos est traité pousse le spectateur à s’interroger. Comme dans la vie, tout n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Le tout avec un suspense assez haletant.

 Quelle est votre (co)production luxembourgeoise préférée vue en 2021?

«J’hésite entre ‘Deux’, de Filippo Meneghetti (Tarantula Luxembourg), que j’ai trouvé très beau, et ‘Tel Aviv on Fire’, de Sameh Zoabi (Samsa Film), qui est un peu plus ancien mais qui était en lice lors de la dernière cérémonie du Lëtzebuerger Filmpräis, en novembre dernier. Je mettrais bien les deux ex æquo…

Aujourd’hui, on fait des vedettes avec des acteurs à peine sortis de la médiocrité.
Stéphan Roelants

Stéphan RoelantsCEOMelusine Productions

Mais si je ne dois en choisir qu’un, j’opte pour le deuxième cité. Je me suis amusé en le voyant. J’ai apprécié son propos un peu ironique dans un contexte qui l’est bien moins. C’est vraiment traité intelligemment.

Une performance marquante d’un(e) acteur/actrice en 2021?

«Parfois, les acteurs peuvent devenir ennuyants tant on les voit partout. Cela a été le cas, par moments, d’Anthony Hopkins. Mais dans ‘The Father’ de Florian Zeller, il est simplement magistral. Ulcérant par instants, lorsque son personnage le demande, touchant à d’autres. Après trois minutes, on oublie complètement qu’on a Anthony Hopkins sur l’écran en face de soi. On sent également toute l’implication qui a été la sienne dans ce film. En résumé: on voit ici vraiment ce qu’est un véritable acteur. Or, selon, moi, c’est une chose de plus en plus rare. Aujourd’hui, on fait des vedettes avec des acteurs à peine sortis de la médiocrité.

Une attente cinématographique pour 2022?

«Qu’on puisse voir de bons films au cinéma. Et moins de super-héros idiots et autres niaiseries dont nous inondent les États-Unis! Pourtant, j’aimais bien les super-héros, mais nous en sommes aujourd’hui inondés. Le cinéma américain d’‘entertainment’, de divertissement, a vraiment beaucoup perdu.

Avant, vous aviez des ‘Forrest Gump’ (1995, Robert Zemeckis), des ‘Apollo 13’ (1995, Ron Howard), etc. Des productions dont on ne sortait pas bouleversé, chamboulé, mais devant lesquelles on passait un bon moment, avec du vrai cinéma. Pour moi, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On est passé de l’‘entertainment’ à, désormais, de la pure production de consommation. À un cinéma de licence. Je ne comprends pas comment on peut aller voir ‘Fast and Furious 9’ quand on est âgé de plus de 13 ans… Bref, en 2022, je rêve de moins de tout ça et de beaucoup plus de bons films.»