Si les importations et exportations chinoises sont assez faibles à 0,5 et 1% du total luxembourgeois, le Luxembourg pourrait être touché par le ralentissement économique allemand, dit le Statec. (Photo: Shutterstock)

Si les importations et exportations chinoises sont assez faibles à 0,5 et 1% du total luxembourgeois, le Luxembourg pourrait être touché par le ralentissement économique allemand, dit le Statec. (Photo: Shutterstock)

Si les importations chinoises représentent 0,5% des importations au Luxembourg et les exportations vers la Chine 1%, le pays risque d’être affecté par les conséquences pour ses partenaires traditionnels comme l’Allemagne, note le Statec dans une étude préliminaire.

«La Chine ne représente pas – de manière directe – un partenaire économique majeur pour le Luxembourg», note le Statec , qui estime à 0,5% la part des importations chinoises dans les importations au Luxembourg (478,4 millions d’euros) et à 1% les exportations chinoises dans le total (1,2 milliard d’euros).

Les exportations sont essentiellement des produits de la métallurgie (25%), de machines-outils (20%), des produits en plastique et de caoutchouc (15%) et de matériel de transport (10%).

«Par contre, de manière indirecte, les conséquences de l’épidémie en Chine peuvent être importantes pour l’économie grand-ducale. En partie parce que le poids économique de la Chine à l’échelle mondiale (en termes de PIB, d’industrie, de commerce, de tourisme ou d’investissements étrangers) a fortement progressé depuis les années 2000. Par conséquent, un ralentissement marqué dans l’empire du Milieu impactera l’ensemble des économies, dont des partenaires vis-à-vis desquels le Luxembourg est plus exposé. On peut en premier lieu penser à l’Allemagne, le premier pays partenaire du Luxembourg à l’export comme à l’import, qui avait déjà souffert d’un ralentissement de la demande chinoise suite à la montée des tensions commerciales avec les États-Unis», dit le communiqué.

Mais aussi par l’influence de la Chine dans les chaînes de production mondiales, dont un arrêt plus ou moins prolongé pourrait avoir des effets en cascade.

«En Europe (mais aussi ailleurs dans le monde), des industriels évoquent déjà des problèmes d’approvisionnement vis-à-vis de la Chine en lien avec le Covid-19 et un allongement des délais de livraison. Le fait que la production industrielle soit davantage gérée selon une stratégie de flux tendus (avec peu de stocks) renforce cette problématique», .

Le scénario de fin d’année renforcé

Sans compter que la contagion du virus gagne de nombreux pays sur la planète, bien au-delà de la Chine, et que les mesures «visant à limiter l’extension de la contagion (quarantaines, limitation des déplacements ou de réunions dans des espaces publics) ont un impact négatif sur l’activité de plusieurs branches (notamment les transports, l’hôtellerie et la restauration), et ce dans des pays beaucoup plus proches du Luxembourg que la Chine et beaucoup plus importants en termes d’échanges économiques», encore difficiles à estimer.

Faute de chiffres plus précis, l’Institut national de la statistique a établi un scénario dit «central», basé sur le scénario d’Oxford Economics, qui a fortement révisé à la baisse le PIB pour 2020 (de 1,6% à 0,8% pour la zone euro), chiffre identique à celui de l’OCDE le 2 mars.

«L’épidémie a très probablement interrompu, au début de 2020, la reprise en cours du cycle manufacturier mondial. Et il faut être vigilant aux conséquences dans un contexte où les chaînes de valeur sont plus globales que jamais et où la Chine, épicentre de l’épidémie, compte pour environ 15% du PIB mondial. La forte révision à la baisse de la croissance en zone euro pour 2020 traduit également la matérialisation d’une partie des risques auxquels le Statec avait renvoyé, en particulier les turbulences liées à la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis», dit l’étude.

Le coronavirus ne fait qu’affirmer ce que les experts d’Oxford avaient déjà pressenti en fin d’année, un «scénario de crise aggravée prévoit une forte baisse de l’économie globale en 2020, suivie par une reprise modérée et graduelle à partir de 2021. Le PIB de la zone euro perdrait ainsi 2,5 points de % de croissance en 2020 et 2021 en cumul, par rapport au scénario de base, alors que l’Euro Stoxx chuterait de plus de 10% en 2020.»

L’impact pour l’économie luxembourgeoise serait comparable au choc subi lors de la crise des dettes souveraines en 2012-2013 (0,7% de croissance du PIB national cette année et 1,7% en 2021).

«Les exportations de biens et de services non financiers quant à elles perdraient de 3 à 5% en cumul sur ces deux années. Sur le marché du travail, le scénario de récession globale réduirait la croissance de l’emploi total à 2,5% en 2020 respectivement 2% en 2021, représentant une perte cumulée de 1,3% sur les deux ans par rapport au scénario de base», dit encore le Regard de ce mois de mars.

Une évolution à surveiller

L’OCDE est un peu plus catastrophique dans son propre scénario, explique le document. «Le commerce mondial subirait un ralentissement notable, d’environ 3,75% en 2020 par rapport au scénario de base de l’OCDE. Il faut aussi remarquer que l’OCDE applique l’hypothèse d’une chute de 20% des actions et des prix des produits de base», chute dont l’effet serait atténué par les mesures macro-économiques.

«L’effet des stabilisateurs automatiques et la nette contraction du PIB se traduiraient par un creusement non négligeable des déficits budgétaires, malgré la diminution des coûts de l’emprunt. Dans la plupart des économies avancées, le déficit budgétaire augmenterait d’un peu plus de 0,5% du PIB en 2020.»

Mais d’ici là, il faudra voir comment le virus est contenu à l’échelle de la planète.