Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

La réunion de politique monétaire de la BCE était évidemment incontournable cette semaine. Pour rappel, elle intervient alors que ces dernières semaines, les banques centrales ont multiplié les signaux de prudence marquant leur volonté de se montrer plus accommodantes, face à une situation économique de plus en plus mitigée. L’étape cruciale de la conférence de presse suivant la réunion devait donc éclairer un peu les marchés financiers sur les intentions de la BCE.

Certes, elle n’a pas décidé d’agir cette fois. Mais comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, les mots sont souvent plus importants que les actes en matière de politique monétaire. Or, la BCE a clairement renforcé sa rhétorique sur ses intentions futures. Concrètement, l’état d’esprit de la BCE tient en trois points:

- Primo, elle se dit prête à agir si nécessaire. Elle a d’ailleurs lancé les études de faisabilité d’une série de mesures. Dans le jargon de la banque centrale, cela veut dire qu’elle a le doigt sur le bouton. Il ne lui reste plus qu’à l’enfoncer.

- Secundo, elle observe une dégradation de la situation économique. Au regard des derniers indicateurs économiques, et en particulier en Allemagne, où tant l’indice IFO du secteur manufacturier que l’indice PMI du même secteur deviennent alarmants, on ne peut que lui donner raison. La BCE se dit clairement mécontente d’une telle situation.

- Tertio, en rassemblant ces éléments, et même si la BCE ne l’a pas dit explicitement, on peut en toute logique considérer que lors de sa réunion de septembre, elle passera à l’acte et annoncera une série de mesures, dont très probablement une baisse des taux. Les marchés financiers l’ont d’ailleurs déjà anticipée en partie.

Avant la réunion de la banque centrale américaine la semaine prochaine, on a donc obtenu une confirmation supplémentaire de la volonté des banques centrales d’agir proactivement. N’ayons cependant pas une interprétation trop optimiste de cette situation: si elles agissent, ce qui semble imminent, c’est en réaction à une dynamique économique en berne (ce qui est une mauvaise nouvelle) et à des risques commerciaux et géopolitiques majeurs. De plus, même en agissant, rien ne garantit un rebond économique.

Dans ce contexte, l’espèce d’euphorie des marchés boursiers, surtout américains, n’est-elle pas un peu exagérée?