Des expertes en data rappellent leur importance en temps de crise. Elles alertent néanmoins sur leur interprétation, qui peut être faussée par des différences de calcul et de stratégie de dépistage selon les pays. (Photo: Shutterstock)

Des expertes en data rappellent leur importance en temps de crise. Elles alertent néanmoins sur leur interprétation, qui peut être faussée par des différences de calcul et de stratégie de dépistage selon les pays. (Photo: Shutterstock)

Entre plates-formes d’aide, applications de traçage et données sur la crise en temps réel, trois femmes évoluant dans le domaine des nouvelles technologies reviennent sur l’utilisation de la data en temps de crise, à l’occasion du Girls in ICT Day.

Pour la troisième année, l’asbl Wide (Women in Digital Empowerment) a organisé sa version luxembourgeoise de la journée internationale des filles dans le secteur des nouvelles technologies, jeudi 23 avril. Sous un format adapté à la période – un webinar – et sur un thème d’actualité: l’utilisation des nouvelles technologies dans la crise du Covid-19.

Une plate-forme d’aide en ligne

Blanca Martínez de Aragón, qui travaille à la gestion de données à la Commission européenne, et Belén Díaz-Mor, data scientist chez Amazon, ont présenté leur plate-forme: .

«Nous voulions apporter notre aide pendant la crise du Covid-19, comme d’autres personnes, mais elles ne savaient pas comment», raconte Blanca Martínez de Aragón. Elles ont donc décidé de centraliser les offres de services sur ce site, créé en quatre jours. Aide aux courses, promenade de chiens, prêt d’imprimante… Tout le monde peut poster une annonce dans la ville de son choix. Au total, plus de 100 ont été mises en ligne en un mois et la plate-forme comptabilise environ 8.000 vues.

«L’information, c’est le pouvoir»

Avec la crise du coronavirus, «nous voyons de plus en plus de data», constate Blanca Martínez de Aragón. Le nombre de cas par pays, de personnes hospitalisées, de décès… «Les données sont de l’information et l’information, c’est le pouvoir», estime-t-elle. «Les décisions se prennent sur base de ces informations.» Elles ont servi par exemple à identifier les personnes les plus vulnérables, les pays les plus affectés, analyser les ressources disponibles dans les différents hôpitaux pour dispatcher les malades… ou encore faire des prévisions pour le déconfinement.

«Pouvons-nous faire confiance aux données présentées par les médias?», interrogent-elles alors. D’abord, chaque pays ne collecte pas la data de la même façon, ce qui rend les comparaisons difficiles: certains excluent les cas en maisons de retraite, d’autres non… Surtout, cela dépend de la capacité en dépistage de chaque pays. Si l’un teste beaucoup, statistiquement, il aura plus de chances d’avoir un nombre de cas élevé que celui qui ne compte que les personnes présentant des symptômes. Enfin, un graphique à plus petite échelle montrera une hausse ou une baisse plus spectaculaire que si on le prend dans son ensemble, sur un nombre de jours plus important, alertent-elles. Les deux jeunes femmes appellent donc à la vigilance et conseillent donc de toujours vérifier les méthodes de calcul lors de la lecture de données.

Des applications pour stopper la propagation

Amal Tawakuli, chercheuse en data science à l’Université du Luxembourg, confirme l’importance de la data dans cette crise. Elle évoque l’ sur laquelle travaillent Google et Apple. Celle-ci vise à limiter la propagation du virus en informant les personnes lorsqu’elles ont été en contact avec des malades, ce qu’elle détectera via Bluetooth. Une solution qui soulève des questions en termes de protection des données personnelles. Une autre application, développée par le Centre clinique de santé publique de Shanghai, permet de quantifier l’impact du Covid-19 sur les poumons des patients via des scanners, ce qui aide les médecins à prendre des décisions en termes de prescriptions.

Ces trois intervenantes ont choisi d’évoluer dans les nouvelles technologies et invitent d’autres filles à les rejoindre. Seulement 16,7% des employés des technologies de l’information et de la communication étaient des femmes en 2016 dans l’Union européenne . Ce que Blanca Martínez de Aragón et Belén Díaz-Mor ont pu remarquer durant leurs études, dans des classes majoritairement masculines.