Environ 323 entreprises sont spécialisées dans le secteur du nettoyage au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Environ 323 entreprises sont spécialisées dans le secteur du nettoyage au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

La Chambre des métiers a reçu plus du double de demandes d’autorisation d’établissement dans le secteur du nettoyage cet été par rapport au précédent. Ces nouveaux entrepreneurs ont conscience de la vague de demandes que crée le Covid-19, mais se projettent aussi à plus long terme.

Nettoyer, balayer, astiquer… Le Covid-19 impose une désinfection plus régulière dans les bureaux et augmente la demande en ménage. Les entrepreneurs n’ont pas manqué de le remarquer. Depuis fin mai 2020 et jusqu’en août, 29 personnes ont ainsi introduit un dossier à la Chambre des métiers pour démarrer leur activité dans ce domaine. Pour comparer, ils étaient 11 sur la même période l’an dernier.

«C’est un secteur qui profite du Covid-19», confirme , directeur général de la Chambre des métiers. Même si de nombreuses entreprises sont en télétravail, il note une forte demande dans d’autres bâtiments, comme les maisons de retraite.

47 créations en un an

Le nettoyage a en réalité du succès depuis quelques années. Il représentait 323 entreprises fin 2019, après une hausse de 13% sur un an et de 66% sur cinq. Entre juillet 2019 et juin 2020, 47 se sont encore créées d’après Tom Wirion.

Hygia Plus en fait partie, depuis juin. À l’origine du projet, Rachida Sebbahi, qui travaillait dans le nettoyage depuis 15 ans, et son ancienne collègue devenue gérante, Sandra Budzynski. Elles ont décidé de se lancer en pleine crise, ce qui leur a pris «15 jours».

D’un premier client qui les a recommandées à d’autres, elles en ont aujourd’hui une vingtaine et emploient huit salariés. «D’ici la fin de l’année, j’espère avoir plus ou moins 50 clients», se projette Rachida Sebbahi.

Elle ne craint pas l’après-crise et une baisse potentielle de la demande. «On fait des procédures de désinfection Covid», admet-elle. «Mais il n’y a pas que ça.» Les particuliers représentent d’ailleurs 60% de leur clientèle. «Les gens qui travaillent veulent garder leur maison propre.» Elle mise avant tout sur son expertise, une «exigence qualité, de l’écoute et de la flexibilité».

Se lancer avec sécurité

Pour Maria Almeida, c’est un projet de longue date qui va bientôt se concrétiser. Elle vient de recevoir l’autorisation d’établissement pour son entreprise de nettoyage, Dep, pour «discrétion, expérience et propreté». Le but est que celle-ci soit opérationnelle avant fin octobre.

Le Covid n’a pas joué sur sa décision. «Il se peut qu’il y ait plus de demandes en ce moment, mais j’espère bien que la situation ne durera pas.» Elle aussi compte sur son expérience, son savoir-faire et son amour du métier pour y arriver.

«J’ai 56 ans, j’ai toujours travaillé dans le ménage», raconte-t-elle. Se lancer à son compte était un «rêve». La tête dans les nuages, elle garde les pieds sur terre et a décidé de garder son poste actuel en parallèle: gouvernante le matin et femme de ménage l’après-midi, pour des clients privés.

Elle cherche une deuxième personne pour l’accompagner dans ce projet, voire une troisième, d’ici la fin de l’année. Deux clients l’attendent déjà, des particuliers et une salle de fitness.

Un marché prisé

Mais après la crise sanitaire, restera-t-il de la place pour toutes ces nouvelles entreprises? «Il y a un point d’interrogation quant à l’avenir», admet Tom Wirion. «Les personnes avec qui j’ai échangé croient en leur projet et sont conscientes que c’est un moment particulier. Si on a les compétences, un bon réseau, on peut être optimiste.» Il préfère se réjouir de cet engouement. «C’est rafraîchissant, dans cette ambiance anxiogène. Cela montre que l’entrepreneuriat est bien vivant.»

«Je pense qu’il y a de la place pour de nouvelles entreprises. Nous avons beaucoup de demandes», complète une entreprise de nettoyage, qui a préféré rester anonyme. Installée depuis une vingtaine d’années au Grand-Duché, elle emploie plus de 50 personnes. Elle témoigne d’une difficulté à recruter, alors que les besoins ont explosé depuis quelques mois. «Nous avons de nouvelles entreprises qui nous contactent avec des requêtes de plus en plus précises en termes de désinfection Covid-19.»

Une autre société contactée, historique mais qui ne veut pas non plus être citée, se montre beaucoup plus sceptique. Chez eux, la légère hausse de la demande compense tout juste les bureaux vides à cause du télétravail. «Il y a plus de 100 entreprises au Luxembourg, il ne faut pas être un spécialiste pour savoir qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. Mais ce n’est pas à nous de juger, si quelqu’un pense qu’il a ses chances, qu’il se lance.»