Unicef Luxembourg a créé un nouveau magasin et une «Unicef-Haus» rue Adolphe Fischer, en septembre 2018. (Photo: Unicef Luxembourg)

Unicef Luxembourg a créé un nouveau magasin et une «Unicef-Haus» rue Adolphe Fischer, en septembre 2018. (Photo: Unicef Luxembourg)

L’association dédiée à la protection de l’enfance développe des solutions pour attirer encore davantage les grands donateurs et les fondations.

La vente de cartes de vœux, qui fait partie de l’ADN de l’Unicef, participe de moins en moins à ses recettes (en baisse de 10% par rapport à 2017 au Luxembourg).

Mais d’autres sources de dons se sont développées. En 2018, le total de la collecte de fonds atteint plus de 4 millions d’euros (en hausse de 4%), et Unicef Luxembourg enregistre une augmentation de la collecte auprès des donateurs réguliers, des sociétés et des personnes privées. En revanche, les institutions comme les fondations ont été moins généreuses l’an dernier.

«En 2001, les cartes de vœux représentaient 70% de nos recettes, mais le montant total de la collecte était inférieur. Aujourd’hui, le total des fonds récoltés a augmenté, tandis que la part représentée par les cartes de vœux a substantiellement diminué», constate Sandra Visscher, directrice d’Unicef Luxembourg.

Dans le même temps, le nombre d’ONG (organisations non gouvernementales) ne cesse de croître au Luxembourg.

, mais d’autres structures à vocation humanitaire existent sous forme d’asbl, de fondation, ou encore d’association avec un statut d’utilité publique. Les donateurs sont donc très sollicités.

Attirer l’attention

Au Grand-Duché, l’Unicef n’a d’autre choix que d’innover, pour proposer des projets susceptibles de retenir l’attention des donateurs sur les différentes problématiques liées à la protection de l’enfance.

«Il faut désormais trouver d’autres manières d’attirer les grands donateurs et les fondations. Nous nous orientons de plus en plus vers la philanthropie. Il s’agit peut-être, pour ce type de donateurs, d’investissements moins émotionnels; par contre, ils veulent plus de résultats», remarque Sandra Visscher.

Unicef Luxembourg travaille donc main dans la main avec les banquiers privés, pour que ces derniers recommandent à leurs clients d’investir dans un fonds de l’association.

Elle a ainsi créé des supports d’investissement dédiés, comme l’Unicef Vaccination Funds.

«Avec l’argent investi dans ce support, nous pouvons prêter des fonds à taux zéro à des gouvernements lors de situations de crise, qui ont ensuite six mois pour nous rembourser», explique Matthias Barthod, responsable Grands donateurs et fondations.

L’Unicef a déjà rassemblé 35 millions d’euros sur ce fonds avec 30 pays partenaires, et vise 100 millions d’euros depuis son ouverture à des banques privées et des family offices.

Sélection de projets

L’association identifie en outre des projets à soutenir dans le monde, puis les met en pratique, si elle réussit à réunir suffisamment de fonds. La sélection de projets est donc essentielle pour convaincre les donateurs.

Par exemple, Unicef Luxembourg souhaiterait que le projet Conceptos Plasticos voie le jour à Abidjan (Côte d’Ivoire): celui-ci permet de réutiliser les déchets plastiques pour fabriquer des briques destinées à construire des écoles. Pour ce faire, trois millions d’euros sont nécessaires pour investir dans l’usine et les machines.

«Les donateurs peuvent choisir d’attribuer ou non leurs dons à un projet. S’ils ne sont pas attribués, nous utilisons les fonds en fonction des besoins et pour les pays ‘oubliés’ médiatiquement. Cela nous permet aussi de tester de nouvelles méthodes d’intervention», précise Sandra Visscher.

Nouvelles technologies

L’Unicef s’appuie par ailleurs sur les nouvelles technologies pour multiplier ses interventions et en augmenter l’efficacité, et compte aussi séduire les donateurs par ce biais.

Elle teste par exemple la  dans des endroits difficilement accessibles, comme les îles du Vanuatu depuis septembre 2018.

Les drones peuvent également être utilisés pour évaluer l’étendue de dégâts suite à une catastrophe naturelle.

L’association a par ailleurs développé la messagerie U-Report, utilisée par plus de 7 millions de personnes, pour l’envoi de messages d’alerte, ou de sensibilisation (santé, sécurité). Un dispositif qui donne la possibilité à l’Unicef de recevoir des feed-back et d’adapter son aide en fonction des besoins réels sur place.

Enfin, le contact direct avec les donateurs étant de moins en moins fréquent, Unicef Luxembourg a décidé de déménager, pour créer un nouveau magasin et une «Unicef-Haus» rue Adolphe Fischer.

Les locaux ont été inaugurés en octobre dernier, avec le sponsoring de la Banque de Luxembourg, Cactus, BDO Luxembourg, ING Luxembourg, Bil, Ikea et Raiffeisen. Ce qui permet à l’association d’attirer du public à de multiples occasions (événements, animations scolaires, Unicef lunch, location de salles de réunions à des entreprises, etc.).

Règle fiscale de la donation

Au Luxembourg, toute personne, société ou particulier peut déduire de son revenu imposable la somme des dons effectués à des ONG. La somme des dons doit être au moins égale à 120 euros par année d’imposition, et ne doit pas dépasser 20% du total des revenus nets imposables, ni 1.000.000 d’euros. Si le total des dons dépasse ces seuils, ils peuvent être reportés sur deux années d’imposition suivantes, dans les mêmes conditions et limites.