Tonika Hirdman: «La Fondation de Luxembourg a permis aussi de simplifier et professionnaliser la philanthropie au Luxembourg.» (Photo:Paperjam)

Tonika Hirdman: «La Fondation de Luxembourg a permis aussi de simplifier et professionnaliser la philanthropie au Luxembourg.» (Photo:Paperjam)

À voir les chiffres de la Fondation de Luxembourg qui célèbre ses 10 ans d’existence, on peut affirmer que la philanthropie dans notre pays a encore de beaux jours devant elle. «En 10 ans, 35 millions d’euros ont été alloués à plusieurs centaines de projets d’intérêt général au Luxembourg et à travers le monde. On observe même une augmentation des donations au cours de ces 10 dernières années,» explique Tonika Hirdman, directrice de la Fondation de Luxembourg.

Les donateurs cherchent une structure de confiance.

Tonika Hirdman, directrice de la Fondation de Luxembourg

La Fondation de Luxembourg, qui abrite 80 fondations, a cumulé 200 millions d’euros d’engagements contractuels (dont une partie ne pourra être utilisée qu’au décès des donateurs) destinés au financement de projets philanthropiques. Quelles sont les raisons d’un tel succès? «Je pense qu’il y avait un potentiel inexploité en matière de philanthropie au Luxembourg», confie encore à Paperjam Tonika Hirdman. «Je pense aussi que la croissance des fortunes privées en est pour quelque chose. Qui plus est, les gens veulent contribuer à rendre le monde meilleur.»

Au fil des années, la Fondation de Luxembourg a aussi fait beaucoup parler d’elle. «Nous avons démontré notre professionnalisme. La Fondation de Luxembourg a permis aussi de simplifier et professionnaliser la philanthropie au Luxembourg. Les donateurs cherchent une structure de confiance et surtout un suivi rigoureux des projets soutenus. Je pense aussi que la Fondation de Luxembourg a contribué à donner une image plus humaine de la place financière. La plupart des banques aujourd’hui ont intégré le conseil philanthropique dans l’offre client», ajoute Tonika Hirdman.

Qui sont les donateurs?

C’est sous l’impulsion de l’État luxembourgeois et de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte que la Fondation de Luxembourg fut créée fin 2008. «Il nous manquait à l’époque une structure de taille en matière de philanthropie, comme c’était déjà le cas chez nos voisins, je pense à la Fondation de France ou la Fondation Roi Baudouin en Belgique. C’est pourquoi il a été décidé en 2008 de créer la Fondation,» poursuit Henri Grethen, président de la Fondation de Luxembourg. 

La plupart des donateurs privés sont issus du monde de l’entrepreneuriat. Ils résident pour 50% d’entre eux au Luxembourg, l’autre moitié en Europe. «Le soutien à l’entrepreneuriat social est très recherché par nos donateurs», explique Tonika Hirdman. Néanmoins, les projets sont divers et soutenus «en fonction des vœux des fondateurs».

Aperçu par continent

47% des projets menés sous l’égide de la Fondation de Luxembourg se situent en Europe, dont 22% concernent des projets sociaux ou culturels au Luxembourg. 45% des autres actions philanthropiques sont développées en Afrique, 5,17% sur le continent américain, 2,5% en Asie – chiffres 2017 de la Fondation de Luxembourg.

Les œuvres philanthropiques visent aussi bien le domaine de la santé que l’autonomie économique dans les pays émergents, mais pas seulement. «En Éthiopie, la Fondation et l’Unicef soutiennent un projet qui permet chaque année de prendre en charge des milliers de femmes qui subissent des mutilations génitales. Au Luxembourg, nous apportons notre soutien à des épiceries sociales, notamment, mais aussi à des programmes de recherche sur les maladies d’alzheimer et de parkinson du Luxembourg Center for Systems Biomedicine», détaille la directrice de la Fondation.

Une disposition nous intéresse tout particulièrement, celle qui permettrait aux fondations de détenir des biens immobiliers et donc de disposer d’avoirs stables.

Henri Grethen, président de la Fondation de Luxembourg

L’un des enjeux à l’avenir pour la Fondation de Luxembourg sera de maintenir «un niveau de croissance élevé du nombre de fondations abritées». Les fondations verront en effet à l’avenir leur cadre législatif modifié, un nouveau projet de loi sur les fondations ayant été déposé à la Chambre. Qu’en pensent les principaux concernés? «Une disposition nous intéresse tout particulièrement: celle qui permettrait aux fondations de détenir des biens immobiliers et donc de disposer d’avoirs stables», détaille encore le président de la Fondation de Luxembourg, Henri Grethen.

Le projet doit encore être débattu à la Chambre, mais s’il passe, il pourrait ainsi élargir les perspectives pour les fondations.