Claude Turmes a présenté à la presse son plan pour passer à 100% d’hydrogène vert, qu’il souhaite ensuite étendre à d’autres processus et secteurs. (Photo: ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire)

Claude Turmes a présenté à la presse son plan pour passer à 100% d’hydrogène vert, qu’il souhaite ensuite étendre à d’autres processus et secteurs. (Photo: ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire)

Le ministre de l’Énergie a présenté son plan pour l’hydrogène. Le but? Le rendre 100% renouvelable dans l’industrie pour 2030, avant de l’intégrer à d’autres secteurs, comme les transports. Importateur, le Luxembourg cherche à coopérer avec ses voisins.

L’hydrogène n’est pas la panacée, admet le ministre de l’Énergie  (déi Gréng). Cet élément chimique, que l’on trouve dans l’eau et les hydrocarbures, permet de produire et stocker de l’énergie sans émettre de CO2. Problème: son extraction se fait soit à partir d’hydrocarbures, ce qui pollue, soit par électrolyse de l’eau, alternative coûteuse (entre 2,5 et 5,5 euros par kilo, contre 1,5 euro pour l’hydrogène fossile). Le ministre a d’ailleurs comparé l’efficacité d’une voiture à hydrogène par rapport à une électrique selon le coût, les émissions de CO2, la perte d’énergie… La première arrive à 73%, contre 22% pour la seconde.

La priorité va donc à l’électrique et à l’efficacité énergétique, rappelle le ministre, pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Mais il existe des «processus industriels, notamment dans les raffineries, les aciéries, qu’on ne peut électrifier», explique-t-il. C’est là qu’intervient l’hydrogène, pour lequel Claude Turmes a présenté son plan à la presse ce lundi 27 septembre.

Trois secteurs prioritaires

Aujourd’hui, l’industrie consomme 450 tonnes d’hydrogène fossile. L’objectif: passer à du 100% renouvelable d’ici 2030. Avant de lancer la décarbonation d’autres procédés. Trois secteurs prioritaires ont été identifiés: l’industrie, les transports, puis un système énergétique intégré où l’hydrogène pourrait jouer un rôle dans la production flexible d’électricité et de chaleur. Son utilisation mènerait à une réduction de 20% des émissions de CO2.

La demande atteindrait alors entre 125.000 et 300.000 tonnes d’hydrogène (ou H2) par an au Grand-Duché. Pour y répondre, «le Luxembourg sera un importateur, tout comme l’Union européenne (UE)», admet le ministre. Il prévoit à terme un marché de l’hydrogène «mondialisé, comme pour le gaz et le pétrole». Il cite comme principaux fournisseurs européens l’Espagne et le Portugal, qui bénéficient d’une énergie solaire bon marché, et les pays scandinaves, grâce à leur éolien sur Terre. À l’international, les exportateurs seront probablement «les pays du Moyen-Orient». Au Luxembourg, «on peut envisager l’un ou l’autre petit projet».

Vers des infrastructures européennes

Le pays va donc se concentrer sur la coopération avec ses voisins pour développer des infrastructures de transport et de stockage. «Au niveau de l’Union Benelux, le Luxembourg, ainsi que la Belgique et les Pays-Bas, s’est récemment engagé pour analyser et préparer la réalisation d’un réseau gazier transfrontalier dédié à l’hydrogène», détaille le ministère de l’Énergie. Le but sera de cartographier les centres de production, d’importation et de consommation. Les résultats de l’étude sont attendus dès l’année prochaine. Alors que l’Allemagne et les Pays-Bas se coordonnent déjà pour la création d’un corridor de l’hydrogène.

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Il existe des processus industriels, notamment dans les raffineries et les aciéries, qu’on ne peut électrifier.
Claude Turmes

Claude Turmesministre de l’Énergie

La coopération avec les États membres de l’UE et les pays tiers fait partie d’une liste de sept mesures pour l’hydrogène propre. Le pays souhaite aussi:

- Contribuer à la définition du cadre légal, réglementaire et régulateur de l’UE.

- Identifier les opportunités au Luxembourg.

Sont notamment cités , ou la

- Passer au concret.

Une étude plus approfondie de la décarbonation de l’industrie sera menée par le ministère de l’Environnement avec celui de l’Énergie, de l’Économie et la Fedil. L’installation d’une première station-service à hydrogène à Bettembourg, pour laquelle aucune date n’a pu être donnée, visera à «densifier un réseau européen de points de ravitaillement».

- Prioriser les actions.

- Développer des instruments pour un marché de l’hydrogène renouvelable.

Plusieurs pistes évoquées: une obligation de mise en place d’infrastructures hydrogène sur les aires d’autoroute ou des aides à l’investissement.

- Implémenter et améliorer en continu.

Même si elle travaille déjà sur l’hydrogène depuis un an, une task force dédiée s’officialise. Composée d’une cinquantaine de personnes – issues des ministères et administrations concernés, de l’industrie, des gestionnaires de réseau, ou des observateurs externes –, elle sera pilotée par les ministères en question, qui se réuniront chaque trimestre.

Tout cela pour un investissement «difficile à chiffrer».