Au lieu de construire un satellite à usage unique, Spin propose un satellite modulaire où les éléments seraient imbriqués en fonction des besoins du client. Une révolution qu’Airbus va intégrer dans son catalogue. (Photo: Shutterstock)

Au lieu de construire un satellite à usage unique, Spin propose un satellite modulaire où les éléments seraient imbriqués en fonction des besoins du client. Une révolution qu’Airbus va intégrer dans son catalogue. (Photo: Shutterstock)

La start-up allemande Spin a remporté le concours de start-up organisé par l’Agence spatiale luxembourgeoise à l’occasion de la NewSpace Conference. Son idée? Permettre de construire un satellite en «pluggant» les briques utiles. Comme un Lego.

L’industrie de l’espace se réinvente à toute vitesse. Après les lancements low cost rendus incontournables par Elon Musk et SpaceX, arrive le temps des satellites low cost par une refonte complète de leur design: fini les gros satellites à 150 millions d’euros fabriqués dans le plus grand secret par les majors de l’industrie, bonjour les satellites en «plug and play», autrement dit, où chaque client peut ajouter des options à brancher simplement sur une base commune, matérielle et logicielle.

L’idée de Giulia Federico, Ran Qedar et Saish Sridharan continue de séduire. Premier prix de l’INNOSpace Masters ESA BIC Challenge en 2016 et du Startup Weekend Space à Brême en 2015 figurant parmi les 70 meilleures start-up au Pioneers Festival 2016, Spin est surveillée de près par Airbus: le 16 octobre, le géant a retenu le concept MA61C – lisez «Magic» – pour son nouveau satellite modulaire.

En finale, le jury l’a préférée par exemple à la britannique , qui prépare un engin de lancement des satellites de moins de 50 kilos; à Space Zab, la spin-off d’un centre de recherche futuriste en Thaïlande qui fait de l’impression 3D à partir de liquides et qui testera ses technologies de pointe avec les missions chinoises d’exploration de l’espace l’an prochain; ou encore à une autre spin-off de l’Université de Munich, , qui veut créer un réseau du ciel chargé de la surveillance des écarts climatiques (comme les feux de forêt).

Dopée par les investissements européens, 12 milliards d’euros entre 2014 et 2020 et 16 autres milliards entre 2021 et 2027, l’industrie spatiale européenne est encore loin des Américains, mais pétille de partout, a montré la conférence de deux jours organisée par l’Agence spatiale luxembourgeoise et son ministre de tutelle, .

Le soutien public est essentiel à l’éclosion du secteur en Europe, ont rappelé récemment des analystes de la Banque européenne d’investissement, puisque 40% des start-up commencent par chercher une aide publique pour avoir une chance de séduire des VC, dans un univers à haut risque.

Le vainqueur du pitch luxembourgeois est au cœur de la tendance: l’économie de l’espace a atteint 308,7 milliards d’euros en 2017, dont 79% pour le secteur du satellite. Près de la moitié des fabrications et des lancements ont été des satellites d’observation de la Terre (devant les satellites de communication, à 18%, et les satellites météo, à 15%). Plus du tiers de ces satellites sont des «CubeSat», qui tiennent, selon l’image consacrée, dans une boîte à chaussures.

Seul bémol, le chiffre d’affaires généré par les satellites d’observation ne représente que 12% du total, loin des satellites… militaires (44%), ce qui s’explique par la technicité requise par les États qui s’en dotent.

, qui voient arriver une nouvelle vague de segments: d’abord l’exploration humaine et robotique, scientifique et d’exploration, puis le tourisme de l’espace, qui fera l’objet d’une définition plus précise entre les voyages suborbitaux pour quelques dizaines de minutes et les véritables voyages dans l’espace; et enfin les émergents, comme… le space mining, l’énergie et la fabrication, et l’assemblage dans l’espace.