Lynn et Sven Hilger, 34 et 36 ans, sont la deuxième génération à la tête d’OST Fenster. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Lynn et Sven Hilger, 34 et 36 ans, sont la deuxième génération à la tête d’OST Fenster. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Ces collègues se connaissent sur le bout des doigts, et pour cause: ces frères et sœurs sont aussi à la tête d’une entreprise familiale. Ces fondateurs ou représentants d’une nouvelle génération jonglent entre liens du sang et sens des affaires pour faire fructifier leurs sociétés. Portrait de neuf duos pas comme les autres.

OST-Fenster (1988)

Menuiserie extérieure – 120 salariés

«Pour certains sujets, nous n’avons même pas besoin de nous parler, car nous savons déjà quelle sera la réponse de l’autre»: Lynn Hilger travaille avec son frère Sven depuis 2012 au sein d’OST-Fenster, société reprise par leur père Romain en 1988. Après ses études, Lynn a directement intégré la firme, tandis que son frère Sven a d’abord travaillé dans d’autres entreprises de menuiserie. «Travailler ensemble était naturel, nous n’avons jamais été poussés dans une direction, et nous avons décidé de prendre la relève ensemble», insiste la membre du directoire. Elle veille aux ressources humaines et à la comptabilité tandis que son frère est davantage axé sur la technique et la vente. De leur père, ils ont hérité les valeurs de respect et de confiance. Comme conseil à partager aux dirigeants ­d’entreprise dans la même configuration, le duo souligne l’importance de prendre du recul et de différencier vie privée et vie professionnelle.

Ferber (1928)

Laura et Lionel Ferber, 35 et 32 ans, sont la quatrième génération à la tête de Ferber. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Laura et Lionel Ferber, 35 et 32 ans, sont la quatrième génération à la tête de Ferber. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Coiffure (14 salons) – 160 salariés

«Notre ADN, c’est l’esprit familial», explique avec enthousiasme . La gérante de l’enseigne de salons de coiffure travaille depuis presque sept ans avec son frère Lionel. Celui-ci veille au recrutement et à la comptabilité tandis que sa sœur se concentre sur le marketing, les produits et le management, notamment. «Nous sommes très complémentaires. En se mettant ensemble, la diversité apporte toujours un champ de vision plus large», souligne Laura. Son conseil aux duos frères-sœurs désireux d’entreprendre? Communiquer, c’est la clé de l’entente. «Nous nous disputons comme tous les frères et sœurs, mais après, nous nous rejoignons en repas de famille», confie Lionel. Travailler avec quelqu’un que l’on connaît depuis toujours représente un atout pour Laura: «On a déjà traversé pas mal d’épreuves et on peut se faire confiance à 100%.»

Brasserie Nationale (1764)

Isabelle et Mathias Lentz, 42 et 40 ans, sont la dixième génération à la tête de la Brasserie Nationale. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Isabelle et Mathias Lentz, 42 et 40 ans, sont la dixième génération à la tête de la Brasserie Nationale. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Production et distribution de bières et boissons – 290 salariés

«Ce n’était pas une évidence de rejoindre l’entreprise familiale», confie Isabelle Lentz, directrice commerciale et marketing de Munhowen, la filiale de distribution du groupe Brasserie Nationale. Elle a pourtant franchi le cap en 2012 et évolué dans différents départements avant de parvenir à son poste actuel, tout comme son frère Mathias deux ans plus tard. Aujourd’hui directeur de la Brasserie Nationale, il estime que travailler avec sa sœur a autant d’avantages que d’inconvénients «parce que l’on se connaît». «Cela simplifie parfois certaines décisions lorsque l’on sait que l’on a un allié dans la structure», ajoute Isabelle. Le duo collabore depuis sept ans et conseille aux frères et sœurs dans le même cas d’être à l’écoute, de respecter son binôme et de ne jamais réagir à chaud, «parce que l’on risque de mettre plus de choses en péril», dixit .

Schumacher-Knepper (1714)

Martine et Frank Schumacher, 51 et 44 ans, sont la dixième génération à la tête de Schumacher-Knepper. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Martine et Frank Schumacher, 51 et 44 ans, sont la dixième génération à la tête de Schumacher-Knepper. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Viticulture – 7 salariés

«Le fait d’être frère et sœur n’a jamais été un obstacle, mais plutôt une inspiration»: Martine Schumacher travaille depuis 2002 avec son frère Frank au sein du domaine viticole familial. Forte d’un diplôme en sciences commerciales et financières, elle veille au volet administratif et commercial, tandis que son frère – diplômé en œnologie – s’occupe de la production. «Le domaine faisait partie de notre enfance comme une grande aire de jeux. Gast et Félice (leurs parents, ndlr) nous ont encouragés à faire des études et à trouver notre propre chemin dans la vie», explique le duo. Celui-ci dit avoir décidé librement de reprendre le flambeau. Quant aux avantages de travailler avec son frère, Martine évoque sur le ton de l’humour l’absence d’entretien d’embauche. «On connaît déjà les candidats à l’avance, le désavantage est qu’il n’y a pas de période d’essai…»

Grosbusch (1917)

Lynn et Goy Grosbusch, 37 et 34 ans, sont la quatrième génération à la tête de Grosbusch. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Lynn et Goy Grosbusch, 37 et 34 ans, sont la quatrième génération à la tête de Grosbusch. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Importation et distribution de fruits et légumes – 220 salariés

«Notre père (René, ndlr) a insisté sur l’importance de faire ce que l’on souhaitait et que l’on ne devait pas se sentir obligé», évoque , administrateur ­délégué. Après ses études, le jeune homme et sa sœur Lynn ont travaillé dans différents pays étrangers, mais toujours dans le commerce de fruits et légumes. «Ces stages, c’est quelque chose d’idéal pour savoir ce que l’on aime et ce que l’on veut faire. Et après ces stages, il s’est avéré que ma sœur et moi étions motivés à rejoindre la société.» L’intégration est passée par la signature d’une charte familiale qui définit les rôles et fonctions, un élément que recommande d’ailleurs le duo à quiconque veut entreprendre en famille. «C’est un grand avantage d’avoir son frère ou sa sœur à ses côtés», assure Goy Grosbusch, qui préconise toutefois d’essayer de séparer au mieux vie privée et vie professionnelle pour réussir cette aventure.

Steffen (1989)

Lisa et Tom Steffen, 26 et 36 ans, sont la deuxième génération à la tête de Steffen. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Lisa et Tom Steffen, 26 et 36 ans, sont la deuxième génération à la tête de Steffen. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Boucherie et restauration – 200 salariés

«Nous n’avons pas de filtre entre nous, on se dit absolument tout, même lorsque c’est négatif»: pour Lisa Steffen, travailler avec son frère est un atout. Celui-ci confirme: «Elle a la même vision à long terme que moi.» Le duo collabore depuis mai 2021, date de l’arrivée de Lisa dans le groupe familial fondé par leur père Frank. La petite sœur veille au restaurant La Mezzanine du Boulevard et au take-away L’Atelier Steffen situés dans le complexe Royal-Hamilius. Son grand frère assure le poste de CEO. «On nous a toujours laissé le libre choix de décider de la carrière que l’on voulait», souligne Tom. Comme sa sœur, il a étudié l’hôtellerie avant de faire ses armes au sein de différentes adresses, aussi bien au Luxembourg qu’à l’étranger. Leur conseil aux duos d’entrepreneurs frères et sœurs? La communication, le respect de l’autre en cas de désaccord et, enfin, passer du temps ensemble en dehors de l’entreprise.

Muller & Associés (1981)

Frédéric et Laurent Muller, 44 et 42 ans, sont la deuxième génération à la tête de Muller et Associés. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Frédéric et Laurent Muller, 44 et 42 ans, sont la deuxième génération à la tête de Muller et Associés. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Fiduciaire – 50 salariés

«Chaque décision, nous la prenons à deux. Quitte à ce que je sache à l’avance ce qu’il pense», dit en souriant Laurent Muller, administrateur délégué de la société fiduciaire aux côtés de son frère Frédéric. Le duo a repris en 2006 l’entreprise de leur père Marc et a fait évoluer ses activités en cédant l’audit et en se concentrant sur l’expertise comptable et le conseil économique. «Ce n’était pas vraiment naturel pour nous de reprendre l’entreprise. Nous avions d’ailleurs démarré une carrière professionnelle ailleurs», illustre Laurent. Qui dit avoir appris de son père beaucoup de valeurs humaines, mais assume sa gestion différente de l’entreprise: «La société doit continuer à pouvoir fonctionner lorsque mon frère et moi sommes en vacances. À l’époque de notre père, la gouvernance était différente.» À chaque nouvelle génération un nouveau mode de gestion.

Aura Groupe Luxembourg (2012)

Alison et Héloïse Pierre, 36 ans, sont la première génération à la tête d’Aura Groupe Luxembourg. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Alison et Héloïse Pierre, 36 ans, sont la première génération à la tête d’Aura Groupe Luxembourg. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Petite enfance et commerce – 120 salariés

«D’un petit coup de main occasionnel, nous nous sommes associées»: voilà comment Alison Pierre a intégré voici cinq ans Aura Groupe, fondé en 2012 par sa sœur jumelle . Après avoir évolué dans la finance, la jeune femme est venue soutenir sa sœur qui a créé la crèche Les P’tits Bouchons. «Moins d’un an après mon arrivée, elle m’a proposé une association. Elle me disait: ‘Je ne te vois pas comme mon employée, mais comme mon associée’», évoque l’actuelle directrice administrative et financière de l’entreprise basée à Foetz. Celle-ci regroupe quatre crèches, et une cinquième est attendue à Pontpierre à la fin de cette année. Aura Groupe compte aussi le centre de psychomotricité N’Airgym, le centre de formation pédagogique Aura Academy et le concept-store Eachs, ouvert à Esch et attendu à Luxembourg-ville à l’automne prochain.

Weisgerber (1955)

Ben et Pol Weisgerber, 31 et 32 ans, sont la troisième génération à la tête de Weisgerber. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Ben et Pol Weisgerber, 31 et 32 ans, sont la troisième génération à la tête de Weisgerber. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Fabrication de portes et châssis en aluminium – 40 salariés

«Je pouvais m’identifier à l’entreprise dès le début et j’ai ressenti une responsa­bilité»: voilà comment Pol Weisgerber explique son engagement dans la société familiale au terme de ses études. L’aîné a été rejoint par son frère cadet Ben en 2012 et, ensemble, ils sont devenus gérants. Ils connaissaient déjà la firme sur le bout des doigts: enfants, c’est là qu’ils rendaient visite à leurs grands-parents; adolescents, c’est là qu’ils ont travaillé durant les congés scolaires. De la génération précédente, le duo dit avoir hérité de l’importance des valeurs de confiance et de respect. «Mon père et mon oncle ont travaillé ensemble durant les premières années. Ils ont cessé leur association pour des raisons privées, et cela nous a appris certaines choses», confie Pol Weisgerber. Et d’assurer que «c’est un atout de travailler avec une personne que l’on connaît très bien».

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 27 avril 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

Votre entreprise est membre du Paperjam Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via