La crise du coronavirus empêche les coiffeurs d’exercer leur activité. Ils espèrent pouvoir rouvrir dès le 11 mai. (Photo: Matic Zorman)

La crise du coronavirus empêche les coiffeurs d’exercer leur activité. Ils espèrent pouvoir rouvrir dès le 11 mai. (Photo: Matic Zorman)

Les coiffeurs espèrent une réouverture le 11 mai, lors de la deuxième phase du déconfinement. La crise du Covid-19 les a forcés à fermer leurs salons. Sans revenus, ils ont du mal à assumer les charges fixes.

Le cliquetis des ciseaux et le ronronnement de la tondeuse remplaceront-ils bientôt le silence qui règne actuellement dans les salons de coiffure? Leurs propriétaires gardent espoir.

La situation devient «très difficile» pour Monica Duarte, gérante du salon MD Hairstylist à Luxembourg-ville. «Nous devons continuer à payer nos frais de loyer, électricité, téléphone, alors que rien ne rentre», explique-t-elle. Ses deux salariés bénéficient du chômage partiel. «Moi, je n’y ai pas droit, car je suis la patronne», regrette-t-elle. Elle attend des aides du gouvernement. Mais avant tout, une réouverture «le 11 mai», lors de la deuxième étape du déconfinement.

«Le risque de propagation diminue fortement si nous respectons les règles d’hygiène: porter des gants, des masques, ne faire rentrer que trois personnes à la fois, garder des distances de sécurité, avoir du gel hydroalcoolique à disposition…», estime-t-elle. «Nous devrions travailler plus doucement que d’habitude, mais au moins, nous pourrions travailler», imagine-t-elle.

7.000 à 8.000 euros de charges sociales

Un avis que partage Christian Dall’Acqua, gérant de deux salons Idea Coiffure: «Nous attendons que ça passe, que le gouvernement nous dise qu’on peut y aller.»

Il attend encore le chômage partiel pour ses 12 salariés. «Cela fait trois fois que nous avons dû changer les formulaires», se plaint-il. Heureusement, son propriétaire lui fait cadeau du loyer. «Je ne comprends pas que l’État continue de nous faire payer des charges salariales», s’étonne-t-il. Ces dernières s’élèvent à 7.000 ou 8.000 euros par mois selon lui. En plus d’un manque à gagner de 50.000 à 60.000 euros en termes de chiffre d’affaires mensuel. Il craint, si la situation devait durer encore plusieurs mois, de devoir licencier des gens. «Il faudrait rouvrir fin mai au plus tard si le gouvernement n’annule pas les charges salariales», calcule-t-il.

La perspective d’une clientèle dont la chevelure tombe jusqu’aux chevilles faisant la queue devant le salon dès la réouverture ne le rend pas plus optimiste. «Je ne sais pas si nous pourrons tous travailler et accueillir la totalité des clients», relève-t-il, en référence aux mesures d’hygiène qui seront certainement imposées en cas de reprise. «Nous devrons commencer à travailler plus tôt et fermer plus tard, ouvrir les salons le lundi. Mais nous n’allons retrouver que la moitié de notre chiffre d’affaires ou les deux tiers avec un peu de chance», se projette-t-il.

Serviettes jetables et coiffure à domicile

Pour les coiffeurs Ferber, le coût des charges fixes s’élève à 400.000 euros par mois. Le groupe familial compte 13 salons et 180 salariés. «Tout ce qu’on demande, c’est de rouvrir. Nous voulons travailler», s’impatiente , junior partner. «Mes parents ont construit des réserves depuis 40 ans pour investir et innover. D’un coup, tout disparaît», s’attriste-t-elle. Des réserves qui ne permettraient pas de tenir plus de trois mois sans revenus.

«Mars, avril et mai marquent l’arrivée du printemps. Des mois où nous faisons le double de janvier ou novembre par exemple», souligne Laura Ferber. «Nous avons une perte considérable de revenus.»

L'espoir est bien de reprendre début mai. Mais dans quelles conditions? «Avec une équipe limitée et des horaires décalés, pour respecter une distance de deux mètres entre les clients», illustre-t-elle. «Il faudra mettre des masques.» Et d'ajouter que les coiffeurs désinfectaient déjà le matériel avant et après chaque client. «Ils se lavent les mains 20 fois par jour.»

«Nous sommes en train de voir pour laver les serviettes et les peignoirs à 90°C. Nous avons commandé des serviettes jetables puisque le lavage prend du temps», révèle Laura Ferber. Elle imagine aussi un service de coiffure à domicile pour les personnes fragiles après le déconfinement.

En attendant, l’entreprise assure un minimum de revenus grâce à son site de vente en ligne de produits capillaires, . «C’est marginal, d’habitude cela ne représente qu’un dixième de l’activité», relativise-t-elle.

Dans un lundi 20 avril, l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) demandait la réouverture des salons de coiffure: «Le travail est généralement effectué sur rendez-vous. En outre, ces salons sont plus faciles à gérer que les grandes surfaces de vente et il est possible d’imposer le port d’un masque de protection.»

Pour l’instant, le gouvernement n’a pas divulgué de date à ce sujet.