Le producteur de Samsa Film est déjà sur la Croisette. (Photo: DR)

Le producteur de Samsa Film est déjà sur la Croisette. (Photo: DR)

Cette année, Cannes fait son festival… en juillet. Covid-19 oblige. Une édition qui s’ouvre ce mardi et qui fera la part belle au cinéma luxembourgeois. Avec notamment deux films produits par Jani Thiltges (Samsa Film) en sélection officielle.

Cela fait un peu plus de deux ans que Cannes n’a plus connu ça. Plus de deux ans que le fameux tapis rouge n’a plus accueilli les stars qui se bousculent sur la Croisette depuis 1946. La dernière fois, c’était le 25 mai 2019, lors d’une cérémonie qui avait attribué la Palme d’or à «Parasite», le film du réalisateur coréen Bong Joon-ho (qui allait dans la foulée faire une razzia aux Oscars).

Après une année «off» en raison de la crise sanitaire, la fourmilière qu’est Cannes au moment de son festival s’est remise en marche pour une 74e édition, qui débute ce mardi et prendra fin le samedi 17 juillet avec l’annonce du palmarès déterminé par un jury emmené par le cinéaste américain Spike Lee. En attendant les trois coups, l’ensemble des organisateurs et la plupart des professionnels sont déjà sur place et travaillent d’arrache-pied sur l’événement. Parmi eux, , le producteur de Samsa Film, qui vit ça de l’intérieur avec  

C’est rare, voire unique, de voir un producteur luxembourgeois avoir deux films au Festival de Cannes. Et encore plus quand ces deux longs métrages sont en compétition officielle…

Jani Thiltges. – «C’est rare pour n’importe quel producteur. Vous pouvez enlever le mot ‘luxembourgeois’ de votre phrase [il sourit, ndlr]. Et c’est exceptionnel! Il n’y a pas d’autre mot. Après, les gens ne s’en rendent pas toujours compte, mais c’est beaucoup de travail aussi. On ne fait pas que monter les (célèbres) marches. Il y a tout un travail avec le protocole à assurer, voir quels VIP seront présents, qui nous invitons au dîner… Il faut discuter avec les gens du marketing aussi, les attachés de presse à l’international, ceux pour le marché français… Je suis arrivé ce lundi. Il fait beau et chaud. Mais ce sont surtout les réunions qui s’enchaînent pour le moment.

Je ne vous cache pas qu’il y a un ‘gap’ à boucher au niveau du financement de ‘Where is Anne Frank?’. Nous avons pris beaucoup de risques sur ce projet et nous jouons gros là-dessus…
Jani Thiltges

Jani ThiltgesproducteurSamsa Film

Comment avez-vous vécu le fait d’avoir ainsi deux films en sélection officielle?

«Très bien, évidemment! Quand on montre les films aux responsables du festival, ce qui se fait généralement un mois avant l’annonce de la sélection, on a toujours une réaction en retour. C’est ‘on aime beaucoup’, ‘on aime’ ou alors un refus. Si l’on échappe à ce dernier, alors on sait que l’on reste dans la course pour une place. Du coup, quand on a vu que ‘Les Intranquilles’ de Joachim Lafosse était repris en compétition en sélection officielle, nous savions que c’était toujours possible pour notre autre production, ‘Where is Anne Frank?’. C’est un film d’animation et il y en a très peu à Cannes. Il a fallu attendre quelques jours, mais la bonne nouvelle a fini par tomber.

 L’affiche du film «Les Intranquilles» de Joachim Lafosse. (Samsa Film)

 L’affiche du film «Les Intranquilles» de Joachim Lafosse. (Samsa Film)

«Where is Anne Frank?», qui est réalisé par Ari Folman, le scénariste et réalisateur israélien qui s’était fait connaître avec «Valse avec Bachir» (2008), est en sélection officielle, mais hors compétition. Ce n’est pas une petite déception?

«Être en sélection officielle, cela veut dire monter les marches, être projeté dans la grande salle devant la presse du monde entier… C’est le genre de chose qui n’a pas de prix! Cela va apporter une énorme exposition à ce projet, sur lequel on travaille depuis cinq ans. Ne pas être en compétition signifie juste que l’on ne peut pas espérer repartir avec une récompense. Pour le reste, la caisse de résonance est la même. On va dire que cela a été une déception pendant une petite heure. Pas plus. Après, le fait d’être présent avec deux films à Cannes a pris le dessus. C’est une chose qui risque de ne plus se reproduire une deuxième fois dans ma carrière [il sourit, ndlr].

C’est le rêve ultime! Plus encore qu’être nommé aux Oscars. Enfin, si on peut cumuler les deux avec nos films, je suis aussi preneur.
Jani Thiltges

Jani ThiltgesproducteurSamsa Film

C’est un peu comme une nomination aux Oscars, être sélectionné, c’est déjà un peu l’emporter?

«Oui! Être sélectionné, c’est déjà en quelque sorte gagner! Imaginez, il n’y a que 25 films repris en sélection officielle et, parmi ceux-ci, il y en a quatre ou cinq qui auraient déjà dû être présents l’an passé. Et nous, nous avons deux films dans le contingent qui reste. C’est une consécration! Et ça, à Cannes, dans ce festival qui est celui des cinéphiles, c’est le rêve ultime! Plus encore qu’être nommé aux Oscars. Enfin, si on peut cumuler les deux avec nos films, je suis aussi preneur [il rit, ndlr]. Être là, cela en ferait presque oublier tous les soucis que nous avons rencontrés pour arriver ici…

Et quelles sont les ambitions sur ce Festival de Cannes 2021?

«On espère que le film d’animation d’Ari Folman, pour lequel nous sommes seuls producteurs, explose véritablement. Il en a le potentiel. Et que, dans la foulée, on puisse bien le vendre au Marché du film. Je ne vous cache pas qu’il y a un ‘gap’ à boucher au niveau du financement. Nous avons pris beaucoup de risques sur ce projet et nous jouons gros là-dessus… Être à Cannes est donc déjà très positif pour nous. Sur un autre festival, l’exposition aurait été moins importante, tout comme les ventes sans doute…

Dans les salles, la jauge de remplissage est fixée à 100%. Après, seuls sont admis dans l’enceinte du festival les gens vaccinés deux fois ou ceux qui peuvent faire valoir un test PCR négatif récent.
Jani Thiltges

Jani ThiltgesproducteurSamsa Film

Après, pour le film de Joachim Lafosse, pour lequel nous sommes coproducteurs avec la France et la Belgique, on espère forcément remporter un prix…

«Les Intranquilles» est programmé le deuxième vendredi. Soit la veille de la cérémonie de clôture. Une programmation que l’on dit idéale pour marquer le jury et être au palmarès le lendemain…

«C’est ce que l’on dit, oui. Mais beaucoup de choses se disent… Après, c’est vrai que c’est un scénario qui s’est déjà souvent vu dans l’histoire de Cannes. Si vous passez tard dans la programmation et que votre film est réussi, ce qui est le cas ici, il reste dans la tête des jurés… A contrario, certains préfèrent être programmés très tôt. De manière à avoir plus de temps afin de vendre leur film. De toute façon, comme c’est le festival qui décide de la programmation, on se doit de prendre ce qui vient.

  «Where is Anne Frank?», le nouveau film d’animation d’Ari Folman.  (Photo: Samsa Film)

  «Where is Anne Frank?», le nouveau film d’animation d’Ari Folman.  (Photo: Samsa Film)

Quand vos deux films doivent-ils sortir au cinéma?

«Pour ‘Les Intranquilles’, ce sera en octobre. Et le mois suivant pour ‘Where is Anne Frank?’.

Vous qui êtes sur place, comment s’annonce cette édition?

«Dans les salles, la jauge de remplissage est fixée à 100%. Après, seuls sont admis dans l’enceinte du festival les gens vaccinés deux fois ou ceux qui peuvent faire valoir un test PCR négatif récent. Pour le reste, c’est masque et distanciation sociale obligatoires. Sauf sur le tapis rouge. J’ai déjà monté les marches par le passé, mais cette fois-ci risque d’être particulière pour ‘Where is Anne Frank?’. Ce sera ma première fois dans la peau du producteur principal. Une petite récompense après avoir tant travaillé sur ce projet.»