Michel Welter: «Même si les conditions sanitaires au Lux­embourg nous permettaient d’ouvrir la salle, la réalité de notre travail est bien plus complexe qu’une simple déclaration politique.»  (Photo: Den Atelier)

Michel Welter: «Même si les conditions sanitaires au Lux­embourg nous permettaient d’ouvrir la salle, la réalité de notre travail est bien plus complexe qu’une simple déclaration politique.»  (Photo: Den Atelier)

La salle de concert den Atelier est fermée depuis le 17 mars et sera certainement un des derniers lieux culturels à pouvoir rouvrir. Peut-on espérer toutefois quelques concerts pour cet été? Michel Welter, le directeur d’A-Promotions, explique la situation.

Pas facile d’être à la tête d’une salle de concert en ce moment. Michel Welter a cette rude responsabilité et fait tout son possible pour que la situation s’améliore. Mais force est de constater que son quotidien n’est pas aisé. «À l’heure actuelle, les tournées ne peuvent pas avoir lieu, car les artistes ne voyagent pas et ne souhaitent pas se produire dans des salles à moitié pleines», explique Michel Welter, partenaire et directeur d’­A-­Promotions, société en charge de la programmation de den Atelier.

«Même si les conditions sanitaires au Lux­embourg nous permettaient d’ouvrir la salle, la réalité de notre travail est bien plus complexe qu’une simple déclaration politique, et nous ne serions pas en mesure de proposer à nouveau des concerts rapidement.»

La difficulté de survivre

Le constat est dur pour den Atelier, car la situation risque de durer longtemps. «», souligne Michel Welter. Par ailleurs, il se retrouve face à une spécificité luxembourgeoise: la plupart des salles de concert sont liées à la main publique. Or, A-Promotions est une sàrl. Pas moyen d’avoir accès aux aides gou­vernementales. «Heureusement, nous avons quand même droit au chômage partiel, ce qui protège l’équipe, qui compte six employés pour A-Promo­tions et trois pour den Atelier», rassure Michel Welter. S’il reste combattant et veut aller de l’avant, il émet aussi des doutes quant à l’envie du public de revenir dans une salle confinée.

Cet arrêt d’activité forcé a évidemment de lourdes conséquences financières. «Par rapport à 2019, nous allons avoir une baisse de 85% de notre chiffre d’affaires. Difficile de voir le bout du tunnel et l’impact que la crise a sur nous, car nous ne savons pas quand cela va se terminer. Nous souhaitons pouvoir passer cette période avec un minimum de dégâts, mais ce n’est pas facile.»

La danse des reports

La cause des difficultés financières est liée aussi à la difficulté de pouvoir programmer à courte ou moyenne échéance. «Actuellement, certaines dates confirmées pour 2021 sont reportées à 2023! Ce sont autant de projets générateurs de chiffre d’affaires que nous ne pourrons pas réaliser comme prévu.» Michel Welter, pourtant, continue sans relâche d’être en contact avec la demi-douzaine d’agences avec lesquelles il travaille pour réserver les dates comme s’il était possible de recevoir du public. «Pour accueillir un concert, il faut environ six mois de préparation. En procédant ainsi, nous essayons de ne pas perdre de temps et de nous tenir prêts pour la reprise. Mais à l’heure actuelle, nous ne faisons que reporter au fur et à mesure les dates réservées. Ce qui était programmé en mars a été reporté une première fois à juin, puis à septembre, et maintenant nous sommes en train de reporter à mars 2021.»

Alors, quid de la programmation pour l’été 2020? «Ce sera l’équation impossible. Mis à part quelques dates avec la scène locale et grand-régionale, nous ne pourrons pas organiser beaucoup de concerts. Nous arriverons peut-être à étendre notre collaboration avec des artistes en provenance d’Autriche, de Suisse ou d’autres pays européens, mais ce n’est pas gagné.»

Être présents, mais autrement

Michel Welter, avec l’aide de son équipe, cherche des alternatives pour être actif sans être dépendant du virus. «Nous essayons de développer de nouveaux produits, d’explorer de nouvelles voies pour nous en sortir», confie-t-il sans donner trop de détails pour rester prudent. Les concerts en plein air sont une option, avec les limites que sont le froid et l’humidité; les concerts assis aussi. «Nous voulons y aller à fond, mais il faut trouver le modèle qui se rentabilise. Nous sommes dans une situation financière où prendre des risques n’est pas permis. Or, organiser des concerts en respectant les distances pour le public et pour les musiciens représente des surcoûts et un manque à gagner trop important pour que l’opération soit rentable.»

Récemment contactés par la commune de Pétange, «Pétange a une démarche très dynamique et c’est grâce à sa volonté et son apport financier qu’un programme de cinq dates a pu être monté. Cela permet aussi de faire travailler les équipes techniques locales.» Quelques concerts sont aussi prévus dans le cadre du . Un premier pas qui, espérons-le, sera suivi par d’autres.