Le vacarme des sèche-cheveux et le cliquetis des ciseaux ont repris dans le salon de Nicolas Hogge, coiffeur à Steinfort. Soulagé mais prudent, l’entre­preneur reconnaît que le confinement laisse des traces, et pas seulement au niveau capillaire. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le vacarme des sèche-cheveux et le cliquetis des ciseaux ont repris dans le salon de Nicolas Hogge, coiffeur à Steinfort. Soulagé mais prudent, l’entre­preneur reconnaît que le confinement laisse des traces, et pas seulement au niveau capillaire. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le vacarme des sèche-cheveux et le cliquetis des ciseaux ont repris dans le salon de Nicolas Hogge, coiffeur à Steinfort. Soulagé mais prudent, l’entre­preneur reconnaît que le confinement laisse des traces, et pas seulement au niveau capillaire.

Couper les cheveux est pour lui un réflexe. Mais depuis le 11 mai, son travail a pris une autre dimension. Désinfecter systématiquement tout après le passage de chaque client est devenu un automatisme pour Nicolas Hogge, coiffeur belge installé à Steinfort. Dans son salon, tout était prêt pour la reprise du travail… non sans stress. Entre un agenda rempli comme jamais et une série de mesures d’hygiène supplémentaires, le trentenaire a dû en quelque sorte réapprendre son métier après deux mois d’interruption forcée.

«On a trouvé une astuce avec les pinces pour attacher le masque jetable à la nuque des clients. Ainsi, ils n’ont plus besoin de le tenir», explique-t-il, tout sourire.

Avant la réouverture, il craignait que ce moment de plaisir pour ses clients perde en convivialité: fini les livrets de modèles, les magazines, le service des boissons ou encore les discussions sur tout et rien. Client et coiffeur sont tenus de porter un masque, et tout ce qui entre en contact direct avec le client est désinfecté, ce qui rend les rendez-vous à la chaîne impossibles puisqu’il faut à chaque fois prévoir une vingtaine de minutes pour l’opération. En général, l’enchaînement suit le rythme, mais il arrive que l’une ou l’autre personne attende un petit peu à l’extérieur.

Bonne fatigue

«De manière générale, les clients sont très heureux de revenir, donc cela reste convivial», observe le coiffeur qui, pour faire face à la forte demande, a même embauché une deuxième salariée dans sa petite franchise Franck Provost lancée il y a un an.

«Au niveau de la trésorerie, ça tenait avec les aides de l’État, mais on ne savait pas si ça allait encore tenir un mois, deux mois ou pas. Cette période a été difficile.»

Désormais, fatigué après ses longues journées de travail – «oui, mais c’est de la bonne fatigue» –, il se réjouit de la reprise de ses activités, mais reste sur ses gardes. «Ce que j’ai appris de cette crise, c’est qu’on peut s’attendre à tout.»

Voilà pourquoi il n’a pas crié victoire à l’annonce de la reprise des activités de coiffure: «Même si on se disait qu’on pourrait récupérer les clients à la réouverture, il y avait toujours un doute, comme celui que les gens aient peur de venir, par exemple.» Plus de peur que de mal au vu de l’agenda du coiffeur.

Ses deux salariées et lui veillent non seulement au respect des distances, mais aussi à ces petits détails qui font désormais partie de leur quotidien. «Les poubelles se remplissent à une vitesse V V′.» Non, il ne s’agit pas seulement de la masse capillaire des clients, mais aussi et surtout du matériel jetable qui a fait son apparition en force dans le salon: capes, serviettes, gants, sans oublier les masques prévus pour les clients qui auraient oublié d’apporter le leur. Et puis, il y a ce lave-linge qui tourne sans cesse pour nettoyer à haute température les serviettes des clients et les masques de l’équipe.

«C’est épuisant de parler avec un masque, cela donne très chaud», dit le coiffeur. Mais sur la liste des mesures à prendre affichée aux murs du salon, figure l’aération des locaux. Le printemps envoie alors un vent de fraîcheur entre les murs et soulage les occupants.

Face au miroir, la tendance est à la coupe pour les hommes et à la coloration pour les dames. «Les gens n’ont pas trop joué avec les couleurs pendant le confinement, cela reste gérable», dit Nicolas Hogge. Une fois les ciseaux posés, le sèche-cheveux rangé et les brosses envoyées à la désinfection, le masque cache le sourire des clients qui découvrent leur nouvelle tête. «Mais ils me le disent à la fin: ça me fait du bien.»

Ce confinement a rongé l’ensemble de la population, qu’ils soient clients ou entrepreneurs. Leurs craintes étaient certes peut-être différentes, mais au final, le simple fait de se revoir et de se retrouver semble apaiser les personnes. De l’ambiance du salon aux contacts avec la clientèle, ces choses qui faisaient partie du quotidien se sont tout d’un coup éteintes.

Désormais dans le bain de la reprise, un autre retour à «la vie d’avant» se profile pour Nicolas Hogge. Dès le 2 juin, il reprend du service à l’Hôpital intercommunal de Steinfort où il coiffe, deux demi-journées par semaine, les personnes âgées qui y séjournent. Après trois mois d’absence de leur coiffeur, ces clients vont pouvoir reprendre eux aussi leurs marques après avoir été en première ligne face au coronavirus.