Coupes hommes et colorations font partie des demandes les plus fréquentes à la réouverture des salons de coiffure. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Coupes hommes et colorations font partie des demandes les plus fréquentes à la réouverture des salons de coiffure. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Planning rempli pour plusieurs semaines chez Ferber, après deux mois de confinement. Soulagé de ressortir ses ciseaux, le groupe de salons de coiffure craint de ne jamais rattraper l’argent perdu pendant la crise du Covid-19.

Le vrombissement des sèche-cheveux et des tondeuses couvre la musique d’ambiance crachée par la radio. Au salon Ferber de Dudelange, les clients sont arrivés un par un et sur rendez-vous pour la réouverture lundi 11 mai.

«Cela commençait à faire long», admet Sophie, venue pour une coloration. Elle patiente devant les lavabos le temps de la pose, les cheveux tirés en arrière. Après huit mois sans visite chez le coiffeur, ses racines naturelles commençaient à contraster avec ses pointes colorées.

Plus loin, Daniel confie sa tête aux mains de sa coiffeuse, qu’il n’a pas vue depuis trois mois. «D’habitude, je viens tous les mois», confie-t-il. Il attendait avec impatience la réouverture du salon. «Je suis très heureux», réagit-il.

Un sentiment partagé par les coiffeurs. «J’avais hâte de revenir, avec une petite appréhension – nous ne savions pas si les clients allaient respecter les mesures d’hygiène. Mais la première journée se passe très bien», commente Catia Silveira, employée. Devant elle, le téléphone ne cesse de sonner.

800.000 euros de pertes

«Nous sommes très contents de rouvrir. C’est important pour nos collaborateurs et pour nos clients», appuie , CEO de Ferber Group. La plupart des demandes: des colorations, brushings, et beaucoup de coupes hommes.

Redémarrer s’avérait, qui compte 13 salons et 180 salariés. «Je ne sais pas comment on aurait pu tenir plus longtemps», souffle Jean-Marie Ferber. Entre charges patronales et loyers, il calcule: «Environ 400.000 euros par mois que nous devions sortir de notre poche.» Il assure n’avoir bénéficié d’aucune aide de ses propriétaires ou de l’État, à part le chômage partiel.

«Nous avons utilisé nos réserves de bénéfices cumulés depuis 30 ans et que nous voulions investir pour la digitalisation, pour refaire des salons ou pour la formation», s’attriste-t-il.

Même après la reprise, «c’est dur d’être rentable avec les restrictions», s’inquiète le CEO. Le nettoyage plus minutieux du matériel et des espaces de travail entre chaque client allonge les délais entre les rendez-vous. Ce qui diminue d’environ 20% leurs capacités. En plus d’une partie du personnel – environ 10% – encore à la maison pour raisons familiales.

Carnet de rendez-vous plein

Pourtant, , co-owner, affiche sur son smartphone un agenda rempli de rendez-vous pour les deux à trois semaines à venir dans tous les salons. Ce 11 mai, 30 personnes sont venues à celui de Dudelange. «C’est énorme pour un lundi», commente-t-elle.

Le groupe a aussi étendu ses horaires d’ouverture en divisant les équipes sur certains sites.

«Nous ne savons pas si la cadence sera maintenue après ou non», alerte Jean-Marie Ferber. Si ce n’est pas le cas, «il est important que l’État continue d’assurer le chômage partiel».

Pour la suite, il craint même de perdre «20% de la clientèle, qui ont trouvé des moyens de se couper les cheveux ou de se faire des colorations eux-mêmes». Ce qui donnerait, en 2020, un chiffre d’affaires 30 à 40% inférieur à celui de 2019, non communiqué.

Coiffure à domicile

Pour surmonter cette épreuve, ses salons demandent trois euros à chaque client. Une participation aux frais d’hygiène qu’ils «acceptent sans problème», d’après le CEO.

À la caisse, une vitre a été mise en place. Un distributeur de désinfectant invite chacun à se laver les mains. Tous les coiffeurs portent des masques, ou des visières lorsqu’ils s’occupent des barbes. Leurs clients aussi. Ils enlèvent un élastique lorsque les ciseaux s’approchent des oreilles. Pas besoin de gants, le shampoing contient, comme le savon, des agents tensioactifs, qui dégradent le virus. Les clients n’ont plus le droit au café ou à des magazines pour éviter les contacts et les peignoirs sont lavés à 60 degrés. «De toute façon, nous avons toujours eu une hygiène médicale», rappelle-t-il.

Pour chouchouter ses clients les plus vulnérables, il réfléchit à la mise en place d’un service à domicile. «Nous travaillons dessus.»