Dans l’usine de Göttingen, Boson Energy pourra démontrer comment, à partir de déchets de bois, on peut produire de l’électricité et de la chaleur. Ou de l’hydrogène. Une usine pilote très attendue. (Photo: Boson Energy)

Dans l’usine de Göttingen, Boson Energy pourra démontrer comment, à partir de déchets de bois, on peut produire de l’électricité et de la chaleur. Ou de l’hydrogène. Une usine pilote très attendue. (Photo: Boson Energy)

L’usine pilote de Boson Energy, la cleantech luxembourgeoise capable de produire de l’hydrogène vert à partir de déchets non recyclables, devait s’installer au Luxembourg. Bientôt dotée de plus de 100 millions d’euros, elle commencera sa démonstration depuis… Göttingen.

«Nous n’avons pas le temps d’aller à la COP26. Nous sommes allés à la COP23, mais aujourd’hui, pour nous, il ne s’agit plus d’aller faire du lobbying auprès de politiciens, mais de rester concentrés sur nos technologies et nos projets», assure le directeur de la communication de Boson Energy, . C’est pourtant en pleine COP26 que la cleantech basée à Luxembourg décide d’expliquer comment sa solution permettrait de réduire de 25% les émissions globales de CO2 liées à l’énergie si elle était entendue par davantage d’acteurs que par la seule fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard.

D’ici un an, la première usine-démonstration produira cet hydrogène à partir de biomasse depuis Göttingen, en Allemagne, en collaboration avec le fournisseur-clé Siemens Energy. Boson Energy a aussi signé un accord avec un des plus gros acteurs du recyclage dans le nord de l’Europe, une compagnie pétrolière européenne et un des plus gros acteurs du secteur de l’acier. Dans deux ans, de l’hydrogène à partir de déchets non recyclables sera produit dans un de ces projets.

Outre les 10 projets de la société placés au rang de priorités par la Commission européenne, Boson s’est fixé pour but de produire un million de tonnes d’hydrogène d’ici 2030. Avec une particularité: le produire près des endroits où sont gérés les déchets aujourd’hui, où il y a une demande d’hydrogène, et pas au beau milieu de la mer du Nord ni du désert marocain. Le tout en supprimant l’oxyde d’azote pour avoir un hydrogène véritablement CO2 négatif.

«Si vous regardez le parc des incinérateurs, une grande partie d’entre eux ont plus de 20 ans de service, et il va falloir penser sérieusement à les remplacer. Il est temps de mettre en place une technologie propre et flexible de nouvelle génération. Cette nouvelle approche transformera les 200 millions de tonnes de déchets incinérés et mis en décharge en une vaste source de 20 millions de tonnes d’hydrogène ‘circulaire’ par an.  Avec une capacité de 35.000 tonnes de déchets par unité, un réseau européen d’unités de Boson Energy produirait des quantités d’hydrogène locales importantes», explique M. Zatterstrom.

Et cette pleine puissance s’exprime assez facilement: avec 1MWh d’électricité, un électrolyseur peut produire 17 kilos d’hydrogène. Avec l’électricité d’une tonne de déchets incinérés, on peut produire 10kg d’hydrogène pour un total de 27kg pour les deux. Avec cette même quantité de 1MWh d’électricité et cette même tonne de déchets, la technologie de Boson peut en produire 100 kilos. Cela fait qu’une tonne de déchets aux mains de Boson Energy peut alimenter une voiture à hydrogène ou électrique pendant un an – économisant 1.000 litres de combustibles fossiles et évitant 2,5 tonnes d’émissions de CO2.

À condition de comprendre une autre dynamique du marché. Les incinérateurs sont un complément (constant) de la production (aléatoire) des installations solaires ou éoliennes. Pour l’instant, les opérateurs de réseaux électriques commencent à demander aux incinérateurs de laisser la priorité aux sources aléatoires, et de ne pas produire de l’électricité pendant 1.000 heures par an, chiffre qui pourrait bien monter à 2.000 ou 3.000 heures par an sur 8.000, vu le rythme des nouvelles installations d’éoliennes ou de panneaux solaires. Ce qui menace le business model des incinérateurs, en plus d’une réglementation de plus en plus stricte en matière de pollution et émissions CO2. M. Zatterstrom évoque le chiffre de 15 à 20 euros de bénéfices par tonne de déchets même sans ces nouvelles restrictions, contre 150 euros ou plus avec la solution luxembourgeoise.

Cette dernière a été fondée par un entrepreneur suédois de la cleantech, Jan Grimbrandt, au Luxembourg depuis, avant la fondation de Boson Energy en 2008, et un professeur de renom, Wlodzimierz Blasiak, qui a commencé à rechercher et développer l’extraction de l’hydrogène de matières solides déjà dans les années 1980.

L’hydrogène vert va bientôt avoir le vent dans le dos, ça vaut bien la peine de mettre les gaz…