Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Les chiffres de la croissance en zone euro ont inquiété fin 2018, mais sont un peu plus rassurants en ce début d’année. Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, estime que la récession n’est pas pour tout de suite. Mais nous ne sommes pas à l’aube d’une grande embellie non plus.

On le sait, l’économie de la zone euro n’est pas au mieux de sa forme. La décélération continue de l’activité en 2018, sur fond de hausse des prix pétroliers et de tensions commerciales, a laissé des traces. Alors que le rythme de croissance flirtait avec les 3% fin 2017, il a diminué de moitié en à peine un an.

L’embellie conjoncturelle a donc été de courte durée. Les prévisions de 2019 des principales institutions internationales ont dès lors été drastiquement revues à la baisse, ce qui a déjà fait l’objet d’une précédente tribune. Certains craignaient même une récession dès cette année en zone euro.

Ceci étant, la publication des chiffres de croissance économique du premier trimestre dans les pays de la zone euro ont été plutôt rassurante. On savait déjà que la France avait connu une croissance de 0,3% par rapport au trimestre précédent, ce qui, compte tenu des circonstances économiques et sociales du pays, n’est pas mauvais.

Il faut donc se réjouir du fait que la zone euro tient bon.

Philippe LedentSenior economistING Belux

L’Espagne a surpris plus d’un analyste en progressant de 0,7% sur la même période, et l’Italie, qui avait connu deux trimestres consécutifs de croissance négative en 2018, redressait la tête avec une modeste croissance de 0,2%. Il restait donc à connaître la performance de l’Allemagne, qui elle aussi a flirté avec la récession en deuxième partie de 2018.

La publication, mercredi dernier, d’un chiffre de croissance de 0,4% par rapport au trimestre précédent, peut donc être considérée comme une bonne surprise. On le sait, le secteur industriel allemand est touché par les tensions commerciales et le ralentissement du commerce mondial qui s’ensuit. Cela n’est par ailleurs pas près de s’arranger. Mais le secteur des services, en Allemagne comme un peu partout en zone euro, reprend un peu vigueur.

Avec un chiffre global de croissance de 0,4% au premier trimestre, la zone euro respire donc un peu. On soulignera par ailleurs que le marché du travail continue à créer des emplois en zone euro (presque 600.000 au premier trimestre de cette année).

Il faut donc se réjouir du fait que la zone euro tient bon: la récession n’est pas pour tout de suite! Mais il ne faut pas pour autant s’attendre à des miracles: la dynamique économique européenne reste trop faible (le Luxembourg est une nouvelle fois une exception en la matière) et on ne voit pas comment, dans le contexte (géo)politique actuel, la zone euro pourrait connaître une nouvelle accélération forte de sa croissance. La période actuelle s’apparente donc plus à une espèce de sursis plutôt qu’à l’aube d’une reprise forte.