Roby Schintgen (au centre, à côté de sa fille Fiona avec qui il pilote le projet), Olivier Boulard (à gauche) et l’architecte Joël Collard (à droite). (Photo: Paperjam)

Roby Schintgen (au centre, à côté de sa fille Fiona avec qui il pilote le projet), Olivier Boulard (à gauche) et l’architecte Joël Collard (à droite). (Photo: Paperjam)

Deux parcours de 18 trous, une académie dotée d’un practice, un hôtel 4 étoiles de 64 chambres, des lodges, un restaurant de 150 couverts, le tout sur un domaine de 227 hectares: voilà à quoi ressemblera le Bois d’Arlon Golf & Resort imaginé par Roby Schintgen.

L’entrepreneur et homme d’affaires luxembourgeois Roby Schintgen dispose de trois éléments qui permettent, parfois, de passer du rêve à la réalité: de la détermination, du temps et de l’argent. Et il ne pouvait manquer d’aucun de ceux-là pour le projet qu’il nourrit au domaine du Château du Bois d’Arlon. 

5 millions pour acheter les lieux

Le site est un ancien manoir de chasse. On y organisait aussi bals et réceptions à la Belle Époque. L’immense domaine fait en tout 227 hectares. Mais le temps a été cruel pour lui et, laissé à l’abandon, il a même été en partie détruit dans les années 80.  Un couple d’investisseurs met alors la main sur le château et un peu moins de 30 hectares en 2005. Le restant du domaine est vendu  à une société immobilière et à un entrepreneur forestier.

Tandis que la forêt est abattue et que les troncs partent en Chine, une somptueuse rénovation du château, puis de sa conciergerie, est entamée. Le duo de propriétaires rachète alors les terrains à l’entrepreneur forestier, qui a tout mis à  blanc, et évoque un hôtel de standing à bâtir. Mais c’est un revers de fortune qui les frappe. 

Roby Schintgen, ancien directeur de Sermelux à Kehlen et qui a mené l’imposante rénovation de la caserne Callemeyn à Arlon, connaît l’endroit, bien et depuis longtemps. Et il a de l’ambition pour ce site. Il rachète d’abord le château et son terrain en 2011, puis le reste du domaine en 2013. RS Properties est alors le nouveau propriétaire du domaine pour plus de 5 millions d’euros.

L’ancien manoir de chasse a été restauré dans les années 2000 à grands frais. (Photo: Maison Moderne)

L’ancien manoir de chasse a été restauré dans les années 2000 à grands frais. (Photo: Maison Moderne)

L’inauguration du Bois d’Arlon Golf & Resort est espérée pour 2023. Outre les structures existantes (manoir, conciergerie…), l’endroit proposera une série de lodges pour des familles, un hôtel 4 étoiles de 64 chambres, un restaurant de 150 couverts, une académie de golf avec un practice et, évidemment, deux parcours de 18 trous de niveau international. «Ce sera plus qu’un golf, ce sera aussi un lieu de séjour, un centre d’affaires, un site de promenade», précise le promoteur.

Il aura donc fallu 10 ans au moins pour que Roby Schintgen arrive à ses fins. Le chemin aura été long et non dénué d’embûches. D’ailleurs, alors que l’enquête publique touche à sa fin, le projet subit encore un lourd tir de barrage de la part d’opposants.

L’ambition d’un écogolf

«C’est la raison pour laquelle nous avons voulu présenter notre projet en détail, pour tordre le cou à des tas de rumeurs non fondées», explique Olivier Boulard, chargé du suivi technique du projet. L’asbl Observatoire de l’Environnement a ainsi développé une étude qui conclut à un «désastre écologique»: gestion déficiente de l’eau, danger des engrais azotés, habitats naturels menacés…

«Pourtant, ce que nous voulons, c’est réellement un écogolf», argumente Olivier Boulard. «L’arrosage sera millimétré, l’eau gérée, récupérée et retraitée. On nous accuse de vouloir assécher le ruisseau de Lagland, alors que nous ne pomperons pas dedans et qu’il passe dans le fond du domaine. Au contraire, on va créer des lacs pour retenir l’eau, et la station d’épuration du domaine rejettera de l’eau ultra-propre. Les engrais? Les golfs ont été les premiers endroits où les produits chimiques ont été bannis.» Panneaux thermiques, photovoltaïques, cogénération seront aussi utilisés. «Je ne vais pas mentir et dire qu’on sera autonome énergétiquement, car il nous faudrait des éoliennes en plus. Mais nous voulons l’être le plus possible…»

L’hôtel comptera 64 chambres et le restaurant proposera 150 couverts. (Photo: Alinea.3)

L’hôtel comptera 64 chambres et le restaurant proposera 150 couverts. (Photo: Alinea.3)

Roby Schintgen, pour sa part, rappelle «que les parcours ne vont occuper que 20% des superficies du domaine. Partout ailleurs, on va replanter. Des milliers d’arbres vont être remis en terre, alors que tout a été rasé. On va installer des nichoirs, des refuges…» Même si 300.000m3 de terre vont bouger, la topographie des lieux sera également respectée au mieux. «300.000m3, cela paraît beaucoup. Mais sur 227 hectares, c’est une couche de moins d’un centimètre…»

L’architecte Joël Collard, qui a conçu les nouveaux bâtiments, indique, de son côté, «qu’un soin particulier a été apporté à leur intégration dans l’environnement».

Un magnifique site privé ouvert au public

Et un golf moderne peut tout à fait trouver sa place sur un site naturel. «Juste en face, il y a le camp militaire de Lagland, qui est aussi une réserve naturelle. Pourtant, on y roule avec des véhicules blindés, on tire des obus… C’est bien la preuve que deux activités a priori non compatibles le sont quand on fait les choses comme il le faut», dit encore Olivier Boulard. Qui ne manque pas non plus de préciser «que ce site privé sera totalement ouvert au public. Le promoteur va même faire réaliser une piste cyclable tout le long du domaine, à ses frais.»

Enfin, preuve de sa bonne foi, Roby Schintgen a marqué son accord pour que l’enquête publique soit prolongée d’une semaine: «On nous a reproché de la mener durant la pandémie. Mais ce n’est pas de notre ressort, c’est la procédure. Mais prolongeons le délai, car il y aura peut-être une bonne idée formulée dans le cadre de cette enquête.» Qui n’inspire donc pas de crainte: «Nous avons fait appel à des experts, l’étude d’incidence à elle seule fait 700 pages… Quand la première enquête a été menée pour reclasser les terrains en zone urbanisable et de parc, ce qui a été fait en 2016, il y a eu 18 remarques négatives. Ce n’est pas beaucoup quand on sait qu’Arlon compte plus de 30.000 habitants», relève enfin Olivier Boulard, qui s’étonne donc que certains découvrent que l’on veuille y faire un golf, «alors que cela a toujours été dit, expliqué, et relayé dans les médias».

Si mon ambition était seulement la rentabilité, je m’offrirais alors un très bel immeuble à appartements sur le boulevard Royal à Luxembourg.
Roby Schintgen

Roby Schintgenpromoteur du projet Bois d’Arlon Golf & Resort

Si les permis sont délivrés cette année, les travaux pourront débuter rapidement et se terminer en 2023, 2024 au plus tard. Une centaine d’emplois directs seront de suite créés «pour faire vivre cet endroit qui sera aussi un centre d’affaires».

Quant à l’investissement, le malicieux Roby Schintgen dit ne pas avoir consulté le dernier budget prévisionnel. «Mais ce n’est pas avec ceci qu’on fait de l’argent. Si on atteint le break even au cours des cinq premières années, ce sera déjà pas mal. Franchement, si mon ambition était seulement la rentabilité, je m’offrirais alors un très bel immeuble à appartements sur le boulevard Royal à Luxembourg, pour beaucoup moins cher», conclut-il.