La Bil a passé au crible les impacts potentiels du Brexit dans tous ses métiers. (Photo: Bil / Archives)

La Bil a passé au crible les impacts potentiels du Brexit dans tous ses métiers. (Photo: Bil / Archives)

La Bil s’est organisée très tôt en mode projet pour passer en revue tous les impacts possibles du Brexit dans ses différents métiers.

«Rien ne sert de courir; il faut partir à point»: voilà l’adage de La Fontaine que la Bil a fait sien pour se préparer à l’échéance du Brexit.

Avant même l’issue du référendum en juin 2016, la Banque internationale à Luxembourg (Bil) s’était déjà mise en ordre de bataille. «Nous avons analysé les impacts possibles quelques semaines avant le vote, et notre salle des marchés était sur le qui-vive le jour J pour pouvoir se mobiliser en cas de forte réaction des clients et des marchés», se souvient Ludivine Chaulier, chargée de projet Intégration client au sein de la direction Operations Support.

Veille et remontée d’informations

Après l’annonce du Brexit, la banque a commencé à s’organiser en mode projet, fortement encouragée dans cette voie par la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier).

Dix personnes sont responsables du projet, aidées par une trentaine de référents métiers. La Bil a ainsi passé au crible tous les thèmes potentiellement «à problèmes» et identifié des personnes-clés dans chaque métier pour faire remonter les problématiques. Des comités de suivi ont alors été organisés dans les différentes branches pour assurer la veille et la remontée d’informations.

Un process rigoureux et pragmatique qui permet à la banque de coller au plus près aux impacts opérationnels. 

Problématiques juridiques

Dès l’été 2018, la Bil a au final identifié 14 thèmes principaux liés au Brexit. Ce, alors même que la banque ne compte que six salariés de nationalité anglaise, qu’elle n’est pas présente sur le sol britannique et qu’elle a un encours sous gestion britannique «peu significatif».

Cela n’a pas empêché une revue en détail des problématiques juridiques, concernant en particulier les contrats signés par la banque avec des contreparties britanniques et nécessitant de négocier des amendements.

Les métiers de la conformité sont évidemment dans la boucle pour assurer à la Bil le respect des règles du jeu transfrontalières. Tout comme le sont ceux de l’ALM («asset and liability management»), qui gèrent notamment l’exposition de la banque aux obligations britanniques.

De crédit, de liquidité, de marchés...: les risques sont ainsi listés pour ne pas mettre en péril l’équilibre financier de la banque.

Correspondants à Francfort

Le sujet des taxes est lui aussi incontournable, car la TVA intracommunautaire ne sera plus applicable aux échanges de services avec le Royaume-Uni et nécessite des modifications dans les systèmes de facturation.

Quant au personnel du «back-office», il doit entre autres revoir sa manière de travailler avec ses correspondants habituels: auparavant basés à Londres, ils ont pour la plupart migré à Francfort. Ce qui génère aussi des changements de paramètres pour les services informatiques.

À ce jour, une incertitude plane encore sur les contrats concernant des produits dérivés non cotés: les standards britanniques ne pouvant plus être utilisés, les nouveaux contrats de ce type devront être établis selon les standards français, voire allemands.

«Les fonctions de ‘front office’ voient, elles, le Brexit comme une opportunité. Elles font de la veille sur les entreprises qui se relocalisent à Luxembourg et réfléchissent aux actions commerciales qu’elles peuvent engager», signale Ludivine Chaulier.

Changement de braquet

Et les ressources humaines, les services de marketing et de communication, tout comme l’informatique sont eux aussi sensibilisés aux effets collatéraux du Brexit.

«Tout a été fait pour anticiper l’échéance du Brexit et pour que les équipes soient prêtes en cas d’imprévus. Maintenant, nous sommes dépendants de nos contreparties et des autorités pour avancer encore davantage», conclut Ludivine Chaulier.

Dès lors que le Brexit sera entériné, le monitoring effectué par la banque changera de braquet, car de nouvelles règles répliquant (ou non) la relation actuelle entre Londres et Bruxelles commenceront à voir le jour.