Philippe Ledent met en exergue la difficulté de faire passer un message clair pour la présidente de la BCE. (Photo: Maison Moderne/archives)

Philippe Ledent met en exergue la difficulté de faire passer un message clair pour la présidente de la BCE. (Photo: Maison Moderne/archives)

La Banque centrale européenne a tenu sa première réunion depuis le mois de juin. Sa présidente, Christine Lagarde, a confirmé le statu quo au niveau des mesures, mais ses commentaires ont retenu l’attention de Philippe Ledent, expert économiste chez ING Belux.

La réunion de politique monétaire de la BCE a évidemment retenu l’attention des marchés cette semaine. Sans aucune surprise, il n’y a pas eu d’annonce forte. Et pour cause: les taux sont au plus bas, et les plans d’achats d’actifs permettent une grande marge de manœuvre sans nécessiter, pour le moment, d’être étendus ou prolongés. Pour autant, compte tenu des enjeux actuels, avec une économie très fragilisée et des marchés financiers suspendus aux lèvres des banques centrales, une réunion de politique monétaire n’est jamais inintéressante.

Le commentaire de Mme Lagarde, présidente de la BCE, au sujet du changement d’objectif de la banque centrale américaine était évidemment attendu. Mais elle s’est contentée de prendre acte de cette décision, rappelant que le processus de mise à plat de la politique monétaire et des instruments de la BCE ne faisait que commencer. Il n’y a donc rien à attendre pour le moment. L’évolution de l’inflation (qui est négative en août à l’échelle de la zone euro) a également fait l’objet de l’un ou l’autre commentaire. Si les prévisions de la BCE n’ont que très peu été modifiées, Madame Lagarde a quand même souligné le fait que les pressions déflationnistes étaient probablement moins fortes en août qu’elles ne l’étaient en juin. C’est un détail, mais cela montre que, au-delà du fait que l’inflation restera faible à l’horizon 2022, la BCE n’est pour le moment pas préoccupée par une évolution inattendue de celle-ci.

La BCE a mentionné la question du taux de change dans sa communication, ce qui n’était plus arrivé depuis deux ans.
Philippe Ledent

Philippe LedentExpert economistING Belux

Enfin, cela peut aussi paraître un détail, mais la BCE a mentionné la question du taux de change dans sa communication, ce qui n’était plus arrivé depuis deux ans. On pourrait donc en déduire qu’elle est préoccupée par la récente appréciation de la devise européenne. Mais en fait pas tant que cela, car sinon elle aurait davantage mis l’accent sur un risque de diminution supplémentaire de l’inflation. Or, comme précisé ci-dessus, ce n’est pas le cas.

Bref, la BCE joue un difficile numéro d’équilibriste, car si elle évoque des inquiétudes sur l’inflation, les marchés s’attendront à ce qu’elle en fasse plus. Mais si elle ne le fait pas, l’euro s’apprécie davantage, ce qui justement devient une menace supplémentaire sur l’inflation. Ce n’est pas simple…