Marc Angel reste confiant quant à l’avenir de l’Europe, mais aussi très attentif. (Photo: Mike Zenari/Archives Paperjam)

Marc Angel reste confiant quant à l’avenir de l’Europe, mais aussi très attentif. (Photo: Mike Zenari/Archives Paperjam)

Pour beaucoup, l’Union européenne a raté son rendez-vous avec la crise sanitaire. Manque de coordination, frontières qui se referment, mécanismes d’aide tardivement proposés… Paperjam a interrogé tous les députés européens luxembourgeois, dont Marc Angel (LSAP), sur leur vision de l’avenir de l’Europe.

La Fête de l’Europe a été célébrée le 9 mai avec une frontière fermée entre l’Allemagne et le Luxembourg. C’est un symbole cruel?

. – «Oui, évidemment, et c’est un vrai problème. Nous avons donc, avec les députés européens de la Grande Région, demandé des explications à la Commission. Ce virus n’est pas freiné par une frontière… On voit bien que nous ne pouvons fonctionner sans les travailleurs étrangers. Mais il ne faut pas non plus que les voix de ceux qui critiquent l’Europe soient plus fortes que celles de ceux qui réclament plus d’Europe. On doit déjà regarder vers demain et anticiper. Je vois un grand danger: celui du projet de ‘tracking’ des citoyens au-delà des frontières. Ce serait là une véritable catastrophe.

L’Europe a-t-elle été assez solidaire?

«Certaines choses laissent penser que rien ne s’est passé. Mais ce n’est pas le cas. Il y a eu de la solidarité entre les États, peu visible hélas dans les médias. Il y a eu une vraie recherche de solutions à l’échelle de l’Europe. Nous devons maintenant tirer les leçons de cette crise.

Avec quels objectifs, en premier lieu?

«Il nous faut bâtir une Europe de la santé et doter cette structure d’un vrai budget. Il faut, dans un premier temps, identifier les compétences dans chaque pays, puis soumettre les services de santé nationaux à des ‘stress tests’. Sur base des résultats, nous pourrons mettre en place une structure européenne d’appui. Ensuite, on le sait peu, il existe déjà des agences européennes de santé: leur rôle doit être renforcé, les moyens augmentés.

Une taxation des multinationales pourrait contribuer à constituer des recettes financières propres à l’Union européenne.
Marc Angel

Marc Angeldéputé européenLSAP

Comment voyez-vous la prochaine relance?

«Elle devra être économique, mais aussi sociale et écologique, sans oublier l’univers digital. L’Europe devra faire preuve de résilience et être inclusive. On ne peut pas commettre les mêmes erreurs que lors de la crise financière. Profitons du plan de relance pour bâtir une meilleure Europe, qui ne peut être que différente de celle qui existait avant la crise sanitaire. On ne pourra pas revenir à ce qui existait avant. Démonstration a été faite, une nouvelle fois, que le néo-libéralisme ne menait à rien.

Mais qu’en est-il des moyens économiques afin que la relance soit efficace?

«La clé, c’est un budget européen qui soit fort. Il était, jusqu’ici, ridicule. Le plan de relance doit donc s’inscrire dans le Cadre financier pluriannuel. Donc, pour plus de moyens, il faudra plus de solidarité. Mais aussi se poser la question des recettes propres de l’Europe.

Quelle est votre proposition?

«On évoque beaucoup une taxe européenne sur les multinationales. Selon moi, il ne serait que justice qu’elles contribuent au budget par ce biais alors que nous leur ouvrons un marché unique fantastique. Il y a aussi la lutte contre l’évasion fiscale qui doit se poursuivre.

Vous restez optimiste pour l’Europe?

«Je ne dis pas qu’il n’y aura plus de crise. Mais il faut alors savoir en tirer les leçons. La Conférence sur l’avenir de l’Europe sera importante. Nous allons nous battre pour que le Conseil de l’Union soit plus transparent. Je pense aussi que, pour assurer son avenir, l’Europe doit en finir avec les décisions prises à l’unanimité au sein du Conseil. J’espère qu’on pourra entamer cette discussion. Je suis optimiste, car au sein des chefs d’État, il y a beaucoup de pro-européens.»