Désormais, «l’idée est de ne pas uniquement se focaliser sur le plastique, mais sur ce système qui consiste à consommer et à jeter après usage», explique la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. (Photo: Patrick Galbats / Archives Paperjam)

Désormais, «l’idée est de ne pas uniquement se focaliser sur le plastique, mais sur ce système qui consiste à consommer et à jeter après usage», explique la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. (Photo: Patrick Galbats / Archives Paperjam)

La gestion des déchets au Luxembourg se joue désormais davantage sur le terrain de la réduction de la quantité générée que sur celui du recyclage ou de la valorisation. La récente présentation de la stratégie «zéro déchet» illustre ce changement de paradigme.

«C’est en amont que nous pouvons gagner la bataille contre les déchets», déclarait récemment, lors d’une interview accordée à Paperjam, la ministre de l’Environnement, (Déi Gréng).

Une déclaration qui définit bien le changement de paradigme opéré par le ministère dans sa stratégie de gestion des déchets. «Nous avions toujours en vue les trois ‘R’: réduire, recycler, revaloriser. Mais, en réalité, nous étions, par le passé, énormément axés sur recycler et revaloriser», explique la ministre. «Désormais, la première étape, c’est de réduire dès l’origine, en s’axant sur la prévention des déchets, l’écoconception, la réduction des emballages. Tout cela est la clé du succès.»

Passer d’une gestion des déchets à une gestion des ressources était d’ailleurs l’essence de . Avec pour objectif l’élimination complète de la mise en décharge de déchets municipaux d’ici l’année 2030.

Le travail parlementaire pour mettre en œuvre cette stratégie a d’ailleurs commencé . Ceux-ci visent d’ailleurs à transposer des directives européennes, notamment celle dite Single-Use Plastic, ou celles sur le paquet économie circulaire.

Plus loin que l’UE

Mais le ministère se fixe, dans certains domaines, des objectifs plus contraignants que les objectifs européens. C’est le cas au sujet de l’usage unique qui, au niveau européen, ne vise que le plastique.

«Si vous remplacez tout simplement votre gobelet en plastique par un gobelet en carton plastifié, écologiquement, cela n’a aucun sens», explique la ministre. «Ce qui est une illustration de notre combat pour l’économie circulaire: nous ne voulons pas juste remplacer le plastique par du carton, et le carton par quelque chose d’autre. Nous voulons une autre consommation.»

Le plastique n’a pas forcément le bilan écologique le plus lourd si on le compare à d’autres matières composées. «L’idée est de ne pas uniquement se focaliser sur le plastique, mais sur ce système qui consiste à consommer et à jeter après usage», précise Carole Dieschbourg. Un mode de consommation qui correspond aux critères d’une économie linéaire, alors qu’il s’agit de «réduire au maximum ce que l’on jette» pour aller vers une économie circulaire.

Avant le recyclage

Cette nouvelle forme de combat contre les déchets se joue donc avant l’étape du recyclage. Heureusement, peut-on se dire, car le Luxembourg, avec un taux de recyclage des emballages plastique de seulement 32% en 2018, fait plutôt figure de mauvais élève dans l’Union européenne. Et paraît loin d’atteindre l’objectif européen de 50% d’ici 2025.

Et les chiffres sont en effet un peu plus encourageants en matière de production des déchets. Avec près de 26.000 tonnes de déchets d’emballages plastique générés en 2018, cette quantité a tendance à stagner ces dernières années, alors même que la population croît fortement. «Cela représente quand même un grand changement, car être stable lorsqu’on a une telle croissance de la population, c’est déjà, par tête d’habitants, une réduction», veut ainsi croire Carole Dieschbourg.

Il faut néanmoins rappeler qu’en 2017, les Luxembourgeois étaient les troisièmes plus gros utilisateurs d’emballages plastique de l’UE, derrière l’Irlande et l’Estonie, avec 48,37kg de déchets générés par personne sur l’année – contre 32,63kg en moyenne dans l’UE. Il reste donc à espérer que les comportements de consommation s’adaptent au plus vite aux principes de l’économie circulaire.