Nicolas Schmit (LSAP) et Fernand Kartheiser (ADR) (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

Nicolas Schmit (LSAP) et Fernand Kartheiser (ADR) (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne)

La fiscalité européenne a été un des thèmes évoqués lors du débat organisé par le Paperjam Club et Paperjam mercredi soir en prélude aux élections européennes. Un sujet qui a mis en évidence les grandes différences de positionnement des différents partis.

S’il a beaucoup été question de politique économique lors du , il a aussi été question de... . Difficile en effet de ne pas demander aux débatteurs de résumer le bilan du président sortant de la Commission européenne en un mot. Un exercice plus compliqué qu’il n’y paraît.

De grandiose à inutile

Évidemment , qui appartient au parti CSV tout comme l’ancien Premier ministre luxembourgeois, le qualifie de «grandiose». (LSAP) le trouve «globalement positif» et  (DP) le juge «pas mal». (Déi Gréng) précise qu’elle est issue du monde de l’enseignement et lui donne un «peu mieux faire». Starsky Flor (Piratepartei), (ADR) et (Déi Lénk) sont plus sévères, avec respectivement des «moyen», «morose» et «inutile».

L’évasion fiscale, c’est 800 milliards d’euros! Avec cela, on règle tous les problèmes climatiques.

Nicolas Schmitcandidat LSAP

Des avis contrastés. Tout comme ils le sont quand on évoque la fiscalité européenne. Pour Nicolas Schmit, «on a besoin d’une certaine harmonisation fiscale en Europe. Il n’est pas normal que les grandes entreprises paient si peu d’impôts. L’évasion fiscale, c’est 800 milliards d’euros! Avec cela, on règle tous les problèmes climatiques.» Le socialiste conçoit d’abord «le système de la prise de décision à l’unanimité comme bloquant, il faut le revoir». Ensuite, il ne plaide non pas pour une uniformisation, mais bien pour l’instauration de minima.

Cela afin de lutter contre la concurrence fiscale entre les États «car au final, tout le monde perd, y compris le Luxembourg. On va toujours plus bas, car il y aura toujours quelqu’un pour proposer un taux plus bas que le vôtre. Or, le but des entreprises n’est pas de payer 18% d’impôt comme au Luxembourg ou 12,5% comme en Irlande, mais 0%. L’impôt doit être juste.»

Une taxe sur les transactions financières? «Ce sont les socialistes qui veulent cela au sein de l’Union», répond Fernand Kartheiser. «Soyons une nouvelle fois réalistes: cela mettrait le Luxembourg dans une situation impossible. On en parle depuis longtemps? Oui, mais on peut parler longtemps d’une mauvaise idée!» Pour l’ADR, «l’impôt doit être aussi faible que possible, et servir à quelque chose».

Qui peut encore comprendre qu’Amazon ne paie pas d’impôts mais que le boucher du coin de la rue soit imposé à 30%?

Tilly Metzcandidate Déi Gréng

Pour sa part, Tilly Metz rejoint Nicolas Schmit dans sa volonté d’harmoniser la fiscalité. «Qui peut encore comprendre qu’Amazon ne paie pas d’impôts mais que le boucher du coin de la rue soit imposé à hauteur de 30%?», se demande-t-elle.

Isabel Wiseler-Lima a, quant à elle, rappelé que le CSV défendait les prises de décision à l’unanimité dans le domaine fiscal. Et était intéressé par une taxe carbone sur certains produits «afin de donner des ressources propres à l’Europe». Une taxe qui séduit aussi le Piratepartei, qui prévient cependant «de faire attention au portefeuille des familles». Tandis que Monica Semedo, représentant le DP, défend un «global level playing field» en matière fiscale. Et ne croit pas nécessaire de mettre à mal le vote à l’unanimité.

Pas un paradis fiscal pour tous

Et la fiscalité ne laisse pas indifférent Déi Lénk, qui a évidemment un avis bien tranché. Notamment quant au fait que le Luxembourg puisse être un paradis fiscal: «Pas pour les petits travailleurs, mais bien pour les grosses boîtes. On parle beaucoup des banques, mais il faudrait aussi évoquer les Big Four. Ce sont des monstres qui conseillent les grandes entreprises pour payer le moins d’impôts possible. Pour moi, c’est du vol.» «Plutôt de l’optimisation fiscale», recadrent les deux modérateurs, , directeur éditorial de Maison Moderne, et , rédacteur en chef de Paperjam. «Non, c’est du vol», persiste David Wagner.