Les représentants de sept partis luxembourgeois ont participé à un débat organisé par Paperjam. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Les représentants de sept partis luxembourgeois ont participé à un débat organisé par Paperjam. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Paperjam organisait, mercredi soir, un débat autour du thème «Europe: la dernière chance?». Les représentants des sept principaux partis en lice au Luxembourg y ont participé. Chacun avec une vision alternative pour le projet européen.

Tous s’accordent pour le dire: le prochain scrutin européen sera d’autant plus important que les défis à relever sont gigantesques.

Le Paperjam Club et Paperjam ont donc osé organiser un débat sur le thème «Europe: la dernière chance?» dans l’auditorium d’ING à Luxembourg, en collaboration avec la Chambre de commerce.

Sept candidats des principaux partis en lice au Luxembourg étaient donc là mercredi soir: (DP), Starsky Flor (Piratepartei), (Déi Lénk), (Déi Gréng), (LSAP), (ADR) et (CSV). Et les échanges, riches, ont tenu toutes leurs promesses.

Garder l’Europe, la faire évoluer

Le premier constat est qu’aucun de ceux présents ne souhaite la disparition de l’Europe. Mais personne ne souhaite non plus qu’elle reste en son état actuel.

Monica Semedo plaide pour recréer «une réelle identité européenne, une Europe forte à l’intérieur pour être forte à l’extérieur». Tilly Metz abonde en ce sens, souhaitant aussi «une Europe plus inclusive, plus féministe. Mais aussi plus préoccupée par la biodiversité.»

Starsky Flor évoque, lui, plus de justice sociale, plus de solidarité, plus de proximité avec le citoyen. Tandis qu’Isabel Wiseler-Lima rappelle que, pour elle, l’Europe doit aussi rester garante de la paix.

Un rêve? Et pourquoi pas, pense Nicolas Schmit, qui, lui, rêve «d’une Europe qui fasse justement de nouveau rêver, notamment les jeunes». Fernand Kartheiser croit, a contrario, qu’il faut se réveiller et faire preuve de réalisme. «Il faut réformer l’Europe», fait-il valoir. «Le Luxembourg a besoin d’une bonne Europe, qui sera une Europe des nations.»

Enfin, pour David Wagner, ce sont les bases mêmes qu’il faut repenser, pour tordre le cou au néolibéralisme «déjà voulu au moment des premiers accords de la Ceca». Pour lui, «le temps de l’insoumission est arrivé».

Solidarité plutôt qu’austérité

L’Europe doit donc changer. Et ce sera notamment par la voie de la politique économique. Pour David Wagner, il est ainsi temps de «laisser de l’espace aux États. Il faut en finir avec les règles qui empêchent le déficit. L’Europe ne fonctionne pas comme un ménage. Et autoriser un déficit ne veut pas dire qu’on laisse filer la dette. Mais ne pas le permettre a des effets désastreux.»

L’ADR, pour sa part, a évidemment une vision différente, et a évoqué le fait d’exclure des pays qui ne respecteraient pas les critères de Maastricht. «Pas d’exclure, mais de sanctionner», corrige Fernand Kartheiser. «Ce traité empêche les transferts entre les États. Ce qui, de toute façon, n’est toléré qu’un temps par les populations, qui ne veulent pas éternellement payer pour les autres. Ce que nous voulons, c’est permettre à un État de sortir de l’Euro le temps de se refaire une santé, dans certaines circonstances, puis d’y revenir. Cela vaut toujours mieux qu’une dévaluation interne aux conséquences calamiteuses.»

U n public nombreux a fait le déplacement au siège d’ING  pour assister au débat. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

U n public nombreux a fait le déplacement au siège d’ING  pour assister au débat. (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Tilly Metz confirme que «l’austérité imposée aux Grecs n’a pas arrangé les choses. Cela a même entraîné une perte de confiance en l’Union. Il faut plus de solidarité entre les États.» Et notamment afin d’aider les entreprises. «38 milliards sont prévus pour cela dans le plan InvestEU, et cela va être mis en œuvre en 2020-2021.»

Monica Semedo voit en la Banque européenne d’investissement un allié précieux notamment afin de financier des projets climatiques durables, en lien avec l'environnement «puisque, là, il y a un certain know-how pour des projets de ce genre. Le DP voit en tout cas la finance verte comme une solution pragmatique, tant eu niveau des investissements publics que privés».

Des unions d’industries et développer les PME

Mais quid de la concurrence, strictement régulée? Trop, sans doute, pour le CSV, qui aimerait un assouplissement de la législation. Elle «est née dans un contexte qui n’est plus celui que l’on connaît», relève Isabel Wiseler-Lima. «Refuser la création de géants européens dans le domaine industriel est une attitude à laquelle je m’oppose. Dans le cas de Siemens-Alstom, le seul résultat est d’offrir aux Chinois des marchés auxquels on ne peut plus accéder. Il ne faut pas des fusions partout, mais parfois, cela se justifie.»

L’industrie d’un côté, les PME de l’autre. Nicolas Schmit veut «un grand plan européen d’aide et de coopération. On ne crée pas assez d’entreprises en Europe. Il faut une Europe plus active à ce niveau, c’est important pour les perspectives de croissance économique et territoriale. On ne peut pas laisser des régions où le développement sera en retard. Et cela concerne aussi l’économie sociale.»

Mais également «le digital, la promotion des start-up», conclut Starsky Flor.

Le bilan de la Commission Juncker, le Brexit, la fiscalité, les modalités de prise de décision au sein de l’Union ont été quelques-uns des autres thèmes évoqués. Et sur lesquels nous allons revenir.