L’ALJP s’interroge sur la lettre envoyée par le Grand-Duc aux médias le 26 janvier dernier. (Photo: Patricia Pitsch - Maison Moderne/archives)

L’ALJP s’interroge sur la lettre envoyée par le Grand-Duc aux médias le 26 janvier dernier. (Photo: Patricia Pitsch - Maison Moderne/archives)

L’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels a pris position face aux critiques dont elle a fait l’objet de la part du Grand-Duc et du chroniqueur Stéphane Bern concernant le rapport Waringo.

Avant même sa parution, le rapport Waringo, qui doit analyser les comptes et la gestion du personnel à la Cour, continue de faire des vagues.

Après , le 26 janvier dernier, et sur les «petits journaleux», l’Association luxembourgeoise des journalistes professionnels a tenu à afficher publiquement sa position.

«C’est avec stupeur que l’ALJP prend note de comment la lettre ouverte du Grand-Duc du 26 janvier 2020 se positionne par rapport aux articles de presse concernant la Cour», commence le communiqué. L’ALJP estime que les journalistes sont prêts à accepter les critiques, mais elle observe que les articles en question «ne traitent pas de broutilles».

Une procédure d’intérêt public

«Il s’agit d’incohérences supposées dans la politique des ressources humaines à la Cour grand-ducale, qui ont duré des années et qui impliquent l’entourage direct du chef d’État. Il est de notoriété publique que l’épouse du chef de l’État est impliquée. Un rapporteur a été désigné juste pour analyser ces agissements financiers à la Cour. En conséquence, il s’agit d’une procédure qui est d’intérêt public – aussi pour les citoyen-ne-s qui paient des impôts.»

L’ALJP observe aussi que la loi budgétaire ne prévoit pas de poste spécial pour l’épouse du Grand-Duc. «Comme dans d’autres pays, il devrait aller de soi que la Cour rende compte sur les dépenses, qui, somme toute, sont portées par le public.»

Autre souci: le canal utilisé par le Grand-Duc pour s’adresser à la presse. Le communiqué venait en effet du service de presse de la Cour, mais sur papier neutre. «La Constitution prévoit d’autre part que des publications en tant que chef d’État doivent en principe être consultées et contresignées par le gouvernement. Ce qui n’est apparemment pas le cas. Est-ce que le Grand-Duc a agi en tant que personne privée, hors de sa fonction?», s’interroge l’Association.

Stéphane Bern, premier lecteur?

L’Association des journalistes s’inquiète aussi de l’intervention de Stéphane Bern, qui a affirmé à RTL Belgique: «Je peux vous dire qu’à aucun moment, dans le rapport, on ne met en cause la Grande-Duchesse Maria Teresa.» Une affirmation qui semble prouver qu’il a eu un accès privilégié au rapport avant le gouvernement, les députés et la presse du pays…

«Il ne faut pas oublier que la liberté de la presse est garantie par la Constitution», rappelle l’ALJP. «Sans la fonction de contrôle des médias, aucune démocratie ne peut fonctionner.» L’Association souhaite donc que les sympathisants de la démocratie se positionnent contre les attaques dont la presse a fait l’objet ces derniers jours.