Parce que s’occuper des enfants n’est pas le rôle de la femme uniquement, beaucoup d’entreprises labellisées Actions positives veulent promouvoir le congé parental pour les hommes. Dont Allen & Overy, qui a lancé pour cela une action concrète: sa compensation. Actuellement, une personne prenant son congé reçoit un revenu de remplacement, plafonné à environ 3.760 euros bruts par mois. Or, «les avocats ont souvent des rémunérations élevées, le revenu était donc un frein pour prendre ce congé, notamment chez les hommes, qui restent souvent le premier revenu du ménage», explique Magali Maillot, directrice des ressources humaines. L’entreprise propose donc une compensation à hauteur de 85% des salaires jusqu’à 6.000 euros, puis de 75% jusqu’à 7.500 euros. Au-delà de l’aspect financier, le cabinet compte aussi sur l’effet incitatif pour que les salariés, hommes ou femmes, osent le demander.
«Nous venons d’un environnement où, historiquement, l’unique valeur qui comptait était le travail. Nous voulons faire comprendre aux gens que le congé parental ne remet pas en cause une carrière», ajoute , associé principal.
Le biais du mini-moi
À côté de cela, le cabinet est passé par les différentes étapes du label Actions positives, en commençant par l’audit des salaires. Ici, l’écart se situe «en dessous de 2%» et «les femmes gagnent plus que les hommes», au niveau des salariés. Les avocats n’ont pas été comptés puisque leur rémunération se calcule «selon les années d’expérience». 228 personnes travaillent au cabinet au total.
Beaucoup de formations ont aussi été mises en place pour supprimer les biais inconscients. Par exemple, «le biais du mini-moi», illustre Patrick Mischo. «Souvent, l’associé s’identifie à un autre homme de son groupe, qui a une quinzaine d’années de moins et, naturellement, il va lui confier les dossiers les plus intéressants. Forcément, il n’y a pas d’égalité d’opportunité. D’autres hommes et femmes ne peuvent pas y travailler.» Un travail «au jour le jour de l’équipe dirigeante».
Ce n’est qu’une fois que nous n’aurons plus besoin de ces programmes que nous aurons réussi.
D’autres actions visent à favoriser l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle comme des «séances de massage, de yoga, des conférences sur le sommeil et sur la nutrition», cite Claire Danda, partenaire aux ressources humaines.
Le label aura coûté 65.000 euros au cabinet, dont 15.000 euros subventionnés par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Son chiffre d’affaires n’est pas communiqué.
À la recherche d’associées
«Ce n’est pas un aboutissement, c’est un encouragement», affirme Magali Maillot. Si l’équipe de direction compte quatre femmes et deux hommes, du travail reste à faire sur le nombre de femmes associées, qui s’élève à… zéro, contre 13 hommes. L’association étant l’aboutissement d’une carrière d’avocat», explique Patrick Mischo. «Nous sommes en train de développer un pipeline de candidates potentielles que nous espérons mettre dans l’association. Nous avons pour objectif d’augmenter le nombre d’associées femmes de manière très conséquente dans les dix années à venir», assure-t-il. Cela implique «un changement culturel, des habitudes journalières, pour construire des talents futurs, hommes et femmes». Pour lui, «ce n’est qu’une fois que nous n’aurons plus besoin de ces programmes que nous aurons réussi».
L’entreprise va aussi poursuivre les actions mises en place et en lancer d’autres. «Nous nous sommes rendu compte que les femmes ont plus de mal à se mettre en avant lors des réunions. Cela a trait aussi à des hommes, des gens introvertis en général. Nous allons donc faire des formations pour intervenir en public», ajoute Magali Maillot.
Allen & Overy avait déjà, avant le label, un comité de la diversité. Celui-ci va se concentrer, en plus de l’égalité entre femmes et hommes, sur «d’autres formes de diversité comme l’orientation sexuelle, l’origine sociale, le handicap».