Les défis ne manquent pas pour Isabelle Schlesser et ses équipes de l’Adem. (Photo: Matic Zorman)

Les défis ne manquent pas pour Isabelle Schlesser et ses équipes de l’Adem. (Photo: Matic Zorman)

L’Adem est une administration que l’on peut comparer à... un requin. Certainement pas pour son côté prédateur, mais bien car si, comme le squale, elle cesse d’être en mouvement, elle mourra rapidement.

Quand on demande à , la directrice de , quel sera le grand défi de demain pour son administration, la réponse fuse: «C’est comprendre les changements du monde du travail. Ce n’est pas simple. Car même si le nom d’une profession reste identique, le contenu peut, pour sa part, terriblement évoluer.»

Pour cela, l’Adem essaye d’être en prise directe avec la réalité luxembourgeoise, mais pas seulement. «On écoute les patrons et les dirigeants d’entreprise, on a un partenariat avec l’UEL... On consulte aussi nos confrères de l’étranger. Le but est d’aller au-delà des avis des experts», développe encore la directrice. 

304 formations pour les entreprises et les secteurs

C’est aussi pour cela que l’Adem organise des formations à la demande directe des entreprises, quand cela se justifie. Il y en a eu 143 l’an passé, dans des fonctions très diverses: agent de sécurité, chauffeur de bus, téléopérateur... Et 161 organisées à la demande d’un secteur d’activité précis.

«C’est pour cela qu’a, par exemple, été mise sur pied une formation pour les chauffeurs de taxi», souligne Isabelle Schlesser. Qui précise que cette souplesse et ce dynamisme sont possibles au Luxembourg car «on a décidé de mettre des moyens sur la formation et que la chaîne de décision est courte, plus courte en tout cas que dans d’autres pays».

Car s’il faut plusieurs années pour mettre en place une formation, c’est trop long pour les employeurs dont les besoins évoluent vite.

On dit que le métier de comptable va mourir dans quelques années. Mais actuellement, la demande est énorme. On fait quoi, alors?

Isabelle SchlesserdirectriceAdem

Il faut donc agir vite. Mais aussi anticiper. Un exercice d’équilibriste. «Je prends le cas des comptables. Toutes les études internationales démontrent que cette profession, sauf dans les cas de très grande spécialisation, disparaîtra à terme. Mais en attendant, les besoins actuels sont énormes, le marché est hypertendu. Que fait-on? On forme des comptables car la demande est là? On n’en forme plus car dans 10 ou 20 ans ils auront été remplacés par des robots?», exemplifie Isabelle Schlesser.

Qui, outre les formations, pointe aussi comme défi de demain la lutte contre le chômage de longue durée, l’adéquation entre l’offre d’emploi et la demande, la gestion de l’augmentation des postes vacants. Ateliers Adem, formations de reconversion et encadrements individuels doivent notamment contribuer à réduire ces problèmes.

Sans oublier l’accompagnement dans la mutation technologique, via notamment le programme Digital Skills Bridge. «Pour le premier projet, 20 sociétés représentant plus de 15.000 salariés ont soumis une intention de candidature», développe Gaby Wagner, directrice adjointe de l’Adem. «Au total, 10 plans de développement ont été mis en place, bénéficiant à plus de 330 personnes. Plus de 85% d’entre eux ont pu évoluer avec leur emploi, ou bénéficier d’une mutation en interne.»

32 millions remboursés aux pays voisins en 2018

Les défis ne manquent donc pas, et «la remise en question est permanente». Celui de la gestion possible des dossiers des frontaliers, qui sera discuté par le prochain Parlement européen, en sera un de taille. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à déjà s’inscrire à l’Adem, comme la loi le rend possible: 614 dossiers de frontaliers en plus en mars 2019, soit une hausse de 109% par rapport à mars 2018.

«Financièrement, si c’est le Luxembourg qui doit payer le chômage des frontaliers», rappelle le ministre du Travail, . «Des transferts ont déjà lieu chaque année vers les organismes de chômage des pays voisins.» – 32 millions d’euros en 2018.

La gestion des dossiers «qui vont doubler», elle, inquiète. «C’est vrai», conclut Isabelle Schlesser. «Mais c’est aussi l’inefficacité de la mesure qui interpelle. Pour un demandeur d’emploi, le mieux est incontestablement d’être inscrit dans son pays de résidence.»