La députée européenne Tilly Metz se montre favorable au plan de relance de l’UE, mais veut plus de contrôles sur l’affectation réelle des aides. (Photo: Maison Moderne/archives)

La députée européenne Tilly Metz se montre favorable au plan de relance de l’UE, mais veut plus de contrôles sur l’affectation réelle des aides. (Photo: Maison Moderne/archives)

La Commission européenne a présenté ce 27 mai un plan de relance «Next Generation EU» de 750 milliards d’euros pour remonter la pente après la crise sanitaire. Pour la députée européenne Déi Gréng Tilly Metz, le projet va dans le bon sens. Elle se réjouit du projet d’«Europe de la santé».

En présentant son plan de relance, la Commission a-t-elle été à la hauteur de ce qu’on attendait d’elle?

. – «L’architecture générale est bonne. La Commission est aussi allée plus loin que . Deux tiers du montant total de 750 milliards d’euros seront distribués sous forme de subventions directes, par le biais d’une dette commune. C’est vraiment une bonne chose. Ceci dit, le Parlement européen avait, lui, estimé les besoins à 2.000 milliards et les Verts encore plus. On est donc encore loin de ce qui est vraiment nécessaire pour mettre en œuvre le Green Deal. Mais ce plan, qui prévoit notamment la mise en commun de la dette, est clairement une avancée majeure. Madame von der Leyen a vraiment tenu un discours écologique fort. Si on m’avait dit, il y a un an, qu’elle irait aussi loin dans une vision verte, je ne l’aurais pas cru. Reste donc à espérer que ce n’est pas du green washing.

Quels sont les grands points positifs que vous percevez?

«Premièrement, la mise en commun de la dette est un élément de solidarité qui pourrait avoir un impact économique appréciable. La Commission prévoit aussi de se doter de ressources propres supplémentaires en s’appuyant sur une taxation environnementale – taxe sur le plastique, taxe CO2 aux frontières – et sur une taxation pour les grandes entreprises digitales.

Est-ce que des contrôles seront assurés pour voir si les États respectent bien les conditions du Green Deal avec l’argent qui leur sera octroyé?

«La conditionnalité est prévue par rapport au Green Deal et au respect de l’État de droit. La Commission prévoit un rapport sur chaque État membre pour s’assurer que les droits fondamentaux sont vraiment respectés. Mais par contre, nous craignons un manque de contrôles par rapport à la conditionnalité écologique. Il se pourrait toujours qu’au dernier moment, un État membre subsidie de l’énergie fossile avec cet argent. Il faudra vraiment faire attention à mettre en place ces moyens de contrôle pour que toutes les aides apportées soient en ligne avec le Green Deal. Qu’un État ne soutienne pas, par exemple, une compagnie aérienne sans poser des conditions pour un virage écologique. Ce serait contre-productif.

Au niveau des regrets, je pense qu’on aurait aussi pu mettre plus l’accent sur les services publics et sur la dimension homme/femme.

Le plan prévoit aussi de mettre en place une «Europe de la santé»...

«Oui, c’est extrêmement positif également. La Commission lance un vaste programme «EU for Health» et a prévu 9,4 milliards d’euros. Ce n’est pas rien! C’est 23 fois plus que dans le passé. On a donc visiblement tiré certaines leçons de cette crise. L’Union européenne doit disposer de compétences plus importantes dans le domaine de la santé et il faut vraiment investir dans ce secteur. Mais il faudra, ici aussi, se montrer prudent: l’argent public doit aller à destination de la santé publique, pas dans des entreprises ou des hôpitaux privés. Il doit servir à développer des traitements, des médicaments et faire en sorte que les services de santé publics deviennent plus efficients. La crise sanitaire a suffisamment mis en exergue ses défaillances.

Ce plan est une proposition de la Commission. Il doit maintenant être adopté par les 27 États membres, dont on sait que certains d’entre eux sont réticents. Vous êtes optimiste sur ses chances de succès?  

«Il reste du travail à faire. On sait que . Mais, si on regarde par exemple le programme «EU for Health», on voit une très grande demande des citoyens pour le mettre en œuvre. J’espère donc que la pression sur ces pays ne viendra pas seulement du Parlement ou des gouvernements, mais aussi des citoyens et des ONG. Et certains partis, à l’intérieur de ces pays, doivent aussi faire pression pour une Europe solidaire. Chaque État a intérêt à ce que les autres se portent bien. Les Pays-Bas vendent aussi leurs tulipes en Italie… Si l’Italie va mal, cela aura aussi des répercussions sur eux. Plus que jamais, il faut investir dans l’Union européenne et la solidarité européenne.

Dans le cadre des subventions directes, le Luxembourg aura-t-il droit, lui aussi, à une enveloppe d’aides?

«Rien n’est encore défini actuellement. Mais si le plan de relance voit le jour, il aura évidemment droit à une aide pour soutenir les PME et la relance économique en général. Mais on a vu que le Luxembourg avait plus de moyens pour acheter des masques, se pourvoir d’un hôpital militaire ou réaliser de nombreux tests. Certaines régions ont été plus nettement touchées et doivent bénéficier de moyens financiers plus conséquents. L’urgence au Luxembourg n’est sans doute pas financière. Elle est plutôt dans une meilleure collaboration entre États de l’Union en matière de santé et dans une meilleure prévention par rapport à d’éventuelles pandémies. On a surtout vu chez nous la pénurie rapide de thermomètres et le manque de médicaments.»