Cliff Konsbruck (directeur de Post Telecom) et Claude Strasser (directeur général de Post Luxembourg). (Photo: Paperjam)

Cliff Konsbruck (directeur de Post Telecom) et Claude Strasser (directeur général de Post Luxembourg). (Photo: Paperjam)

Post Luxembourg finalise sa préparation à la mise en place de la 5G. Objectif affiché: le 4e trimestre de cette année. Reste à attendre l’attribution des fréquences par l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) qui se fera par vente aux enchères.

M. Strasser, M. Konsbruck, comment se déroule votre «agenda 5G»?

 (C.S.) – «Nous maintenons notre objectif initial d’être prêts pour le 4e trimestre 2019. Nous sommes désormais dans l’attente de l’attribution des fréquences après que l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) a révélé les prétendants et indiqué que l’attribution des fréquences se fera par vente aux enchères.

Regrettez-vous de devoir passer par une vente aux enchères?

C.S.: «Ce n’est pas notre scénario préféré, , nous n’avions pas trop le choix. Nous espérons qu’in fine, la méthode permettra de respecter une certaine équité.

Quel est votre budget?

 (C.K.) – «Précisons tout d’abord que nous devrons continuer à payer les licences pour les autres types de réseaux, sachant que le Luxembourg n’est certainement pas moins cher que ses voisins, comparativement à la taille du pays.

Il s’agit de budgets de plusieurs dizaines de millions d’euros qui s’étalent sur des échelles de 15 ans, en fonction de l’attribution des licences. L’enveloppe budgétaire finale pour la 5G dépendra aussi des résultats de la vente aux enchères. Plus le nombre d’entreprises prétendantes est élevé, plus le risque existe de voir augmenter les prix.

La guerre commerciale USA-Chine se fait sur fond de tentative de blocage de la pénétration sur le marché des produits des fournisseurs chinois. Comment vivez-vous les choses sur le terrain?

C.K.: «Deux fournisseurs chinois, ZTE et Huawei, figurent parmi les quatre grands, avec Ericsson et Nokia, qui se positionnent dans la 5G. Mais la thématique ne s’arrête pas aux ‘devices’ puisqu’il faut considérer l’ensemble de la chaîne entourant la technologie, dont les data centers. Il n’existe plus aucun data center au monde sans un seul composant chinois.

On dit que la 5G sera le réseau des réseaux qui pourrait remplacer beaucoup de réseaux existants, dont le wifi.
Claude Strasser

Claude Strasserdirecteur général de Post Luxembourg

Quel fournisseur avez-vous choisi?

C.S.: «Nous avons un partenariat de longue date avec Ericsson pour la fourniture de réseaux. C’est aussi ce groupe qui va nous aider à lancer la 5G dans un premier temps. Toutes les options resteront ouvertes par la suite, sachant que le passage de la 4G à la 5G ne va pas s’effectuer à la manière d’un basculement. Il s’agira d’imbriquer les technologies et les équipements qui vont d’ailleurs continuer à coexister.

Le wifi sera-t-il amené à disparaître avec la 5G?

C.S.: «On dit que la 5G sera le réseau des réseaux qui pourrait remplacer beaucoup de réseaux existants, dont le wifi. L’usage à l’avenir nous le dira…

Comment se passera le déploiement de votre réseau?

C.K.: «Dans un premier temps, nous visons cinq sites.

C.S.: «La Commission européenne voulait que chaque pays dispose d’une ville prête pour la 5G d’ici 2020. Cet objectif reste possible à notre niveau, même si nous ne nous attendons pas à une ruée du grand public dans les premiers temps. L’iPhone 11 qui vient de sortir n’est d’ailleurs pas équipé pour la 5G.

La transformation digitale dans l’industrie, ce que l’on appelle l’industrie 4.0, passera par la 5G.
Cliff Konsbruck

Cliff Konsbruckdirecteur de Post Telecom

Le but est de couvrir la capitale…

C.S.: «L’obligation de couvrir Luxembourg-ville faisait partie de la consultation ouverte par l’ILR pour obtenir des fréquences. Nous avons aussi répondu à l’appel lancé par le Service des médias et des communications (SMC) du gouvernement autour de projets pilotes dans plusieurs lieux du pays.

Nous remarquons que l’initiative suscite un intérêt de la part d’entreprises. Nous travaillons ainsi avec certaines d’entre elles autour d’applications dans l’automobile et dans la logistique.

Voyez-vous d’autres applications tangibles à court terme?

C.K.: «La transformation digitale dans l’industrie, ce que l’on appelle l’industrie 4.0, passera par la 5G. Nous remarquons d’une manière générale que la 5G offre beaucoup de nouveautés pour le secteur B2B, de la PME à l’entreprise de taille plus importante.

De nouvelles applications, encore inconnues, vont aussi probablement voir le jour à l’avenir grâce des écosystèmes d’entreprises qui se réuniront autour de la volonté d’innover et de s’inscrire dans les grandes tendances de communication et de consommation de contenus.

C.S.: «Nous obtiendrons aussi de nouveaux débouchés dans le secteur du gaming où le temps de latence pour les joueurs en ligne est crucial. La 5G permettra une mise à niveau vers le haut.

Vient la grande question de la voiture autonome…

C.S.: «Nous avons pris part au projet européen 5GCroCo qui prévoit qu’un tronçon de l’autoroute reliant Metz, Merzig et le Grand-Duché soit équipé en 5G pour tester les technologies de voiture autonome.

Le caractère transfrontalier du projet va nous permettre de tester en conditions réelles les passages entre des réseaux différents, avec l’enjeu d’éviter toute coupure de signal qui pourrait s’avérer dangereuse.

Que répondez-vous aux questions environnementales qui entourent la 5G?

C.K.: «Tant que nous restons dans un spectre tel qu’envisagé, nous pensons que l’impact environnemental sera semblable à ce que nous connaissions avec les technologies précédentes. Mais nous ne sommes pas scientifiques, nous ne pouvons que suivre les obligations légales.»