La 5G doit tout révolutionner. Combien les utilisateurs finaux seront prêts à dépenser? Beaucoup, croient les opérateurs, qui mettent des milliards sur la table pour capter ces dépenses à venir. (Photo: Shutterstock)

La 5G doit tout révolutionner. Combien les utilisateurs finaux seront prêts à dépenser? Beaucoup, croient les opérateurs, qui mettent des milliards sur la table pour capter ces dépenses à venir. (Photo: Shutterstock)

Quelle est la valeur de la 5G pour les opérateurs de télécommunications? Ce que leurs clients sont prêts à payer pour télécharger leurs films plus vite, pour jouer en ligne de manière plus efficace ou pour assurer que leurs voitures seront connectées en temps réel. Jusqu’à 77 milliards de dollars aux États-Unis.

Pourquoi tous les opérateurs de la planète sont-ils prêts à mettre des milliards de dollars ou d’euros sur la table pour obtenir des blocs de fréquences pour la 5G? Parce qu’ils pensent que les clients veulent absolument plus de connectivité et une meilleure connectivité. Et donc que ces clients seront prêts à payer pour passer à la 5G, que ce soit des clients individuels ou des clients industriels – encore plus gourmands.

Posons d’abord le contexte. Pour avoir accès à de la musique, des jeux ou des informations, l’utilisateur individuel doit avoir un ordinateur, une tablette ou un smartphone et être à proximité d’un «réseau», des antennes, plus ou moins puissantes, qui vont faire circuler des informations à différentes vitesses. Ces informations circulent sur des fréquences, qui sont réparties par pays pour la majorité et à une échelle supranationale pour une petite partie.

La promesse de la 5G, qui augmente à la fois le débit de la circulation de ces informations et ralentit la latence, c’est-à-dire le temps qu’il faut pour arriver jusqu’à l’utilisateur, nécessite d’utiliser des fréquences particulières. Ces fréquences sont souvent déjà attribuées et utilisées, mais les principaux régulateurs de la planète ont commencé à les mettre aux enchères, souvent publiques, pour permettre à de nouveaux acteurs de jouer un rôle sur le marché. 

Redistribution des cartes aux États-Unis

Qu’est-ce que cela veut dire? Le régulateur est là pour défendre les intérêts du consommateur. Deux choses: d’abord qu’il ait accès le plus souvent possible au réseau de la meilleure qualité possible; et pour le prix le plus bas possible. Dans chaque pays, selon la configuration géographique, la densité de population et le revenu moyen par utilisateur (ARPU) – combien il est prêt à dépenser –, le régulateur n’a pas intérêt à avoir la même attitude que chez le voisin.

Certains voient un équilibre du marché avec trois ou quatre opérateurs, d’autres avec de nouveaux entrants. D’autres enfin, comme aux États-Unis, veulent redistribuer les cartes, jugées trop anciennes et plus adaptées aux réalités actuelles du marché.

Dans ce cas précis, cela veut dire que les opérateurs historiques du satellite, comme la Société européenne des satellites (SES), renoncent à une partie des fréquences qu’ils utilisaient depuis 40 ans.  la C-Band Alliance avertit le régulateur américain (Federal Communications Commission ou FCA) que deux analyses estiment que la valeur du spectre retenu pour la 5G (280MHz entre 3,7 et 4,2GHz) est de 43 milliards de dollars à 77 milliards de dollars.

Le MHz-Pop, mesure du bon deal

Sans compter que pour servir les 120 millions de ménages américains, les opérateurs de satellites ont eux-mêmes investi environ 50 milliards de dollars, notamment dans 230 «satellites construits aux États-Unis et qui ont généré des dizaines de milliers d’emplois hautement qualifiés».

Le message que le CEO de la CBA, Bill Tolpegin, essaie de faire passer au régulateur, c’est que les enchères publiques doivent permettre aux opérateurs de satellites, qui ont un besoin vital de cash, dans le cas de la SES, pour financer la prochaine génération d’O3b mPower, de s’en sortir honorablement.

Ce document d’une trentaine de pages s’appuie sur les 16 enchères internationales organisées jusque-là. Et sur un outil de mesure inconnu du grand public, le MHz-Pop. Mettons que vous ayez un bloc de 6MHz et qu’à partir de ce bloc, vous atteigniez un million de personnes, vous aurez 6 millions de MHz-Pop. À partir de la valeur moyenne du MHz-Pop et du prix qu’un opérateur de télécoms va payer pour avoir ce bloc de fréquences, il sera possible de savoir qui a réussi le meilleur deal.

400 tours d’enchères en Allemagne

Le jeu, pour les opérateurs, consiste à obtenir le prix moyen d’un MHz-Pop le plus bas possible. Le benchmark présenté par la CBA voit le prix moyen varier de 0,05 dollar en Suisse à 2,27 dollars à Taïwan (0,34 en Allemagne, 0,25 au Royaume-Uni). Et encore cela dépend à quoi on rapporte ce prix moyen, au coût de la vie ou à l’ARPU, pour pouvoir comparer les prix d’un pays à l’autre… L’exercice est extrêmement périlleux, notamment parce que le principe même des enchères est de pouvoir voir les prix atteindre des montants même pas envisagés par les régulateurs, simplement le témoin d’un appétit des opérateurs de télécommunications.

Par exemple, en Italie, les enchères ont rapporté 6,5 milliards d’euros, dépassant largement les attentes de 2,5 et 3 milliards d’euros. Elles concernaient non seulement la bande des 3,5GHz, mais aussi celle de 700MHz et les 26/28GHz à venir, ce qui n’est pas forcément le cas dans tous les pays.

En Allemagne, on ignore encore à combien les enchères se finiront, on en est à plus de 400 tours, à cause d’un dernier bloc dans les 3,5GHz que veulent absolument les quatre opérateurs (un de plus que prévu pour les trois fois 300MhZ disponibles), faisant ainsi grimper les prix! Les enchères s’approchent des 6 milliards d’euros, pour des fréquences dans la bande des 2 et 3,5GHz. Les Allemands ont gardé une partie du spectre pour les industriels. 

Huawei, adoubée par l’UE

En France, l’Arcep doit fixer les règles du jeu avant l’été, mais la totalité du spectre ne sera pas disponible tout de suite et cela va donc aboutir à une situation très compliquée, probablement par département.

L’Union européenne a imposé certaines règles générales comme au moins une couverture d’une grande ville cette année. Ce qui rendra les choses un peu plus faciles pour le Luxembourg. , qui détaille les ambitions des uns et des autres.

D’ici la fin de l’année, , selon les statistiques de la nouvelle Commission européenne. L’UE s’y prépare activement:  un enjeu majeur qui cristallise beaucoup de discussions autour du rôle de Huawei. Le géant chinois a les technologies les plus avancées sur le sujet, mais les experts redoutent un transfert d’informations, parfois sensibles, vers l’État chinois…