C’est une nouvelle fois le Musée national d’histoire et d’art qui a été le cadre de la réception de Nouvel An du ministre des Communications et des Médias, (DP), offerte aux membres des différents organes de presse du pays.
Un moment qui est toujours l’occasion pour celui qui est aussi Premier ministre et ministre d’État de tirer un bilan de l’année écoulée. Avant d’exprimer ses vœux pour celle qui vient de commencer.
La loi sur la transparence n’est pas une histoire à succès
Mais en début de séance, c’est Ines Kurschat, présidente du Conseil de presse, qui s’est exprimée. Rappelant que le drame de Charlie Hebdo avait cinq ans, elle a souhaité par ce regard vers le passé «aborder quatre thèmes importants dans le contexte luxembourgeois: la diversité d’opinion et des médias, la transparence, le service public audiovisuel, la réflexion des médias».
Le premier point est évidemment en lien avec la très attendue réforme du régime de l’aide à la presse imprimée, indispensable, car «dans un pays aussi petit que le Luxembourg, il est difficile pour les médias de survivre».
En matière de transparence, a certes été un progrès, «mais elle n’est pas une histoire à succès. (…) Nous constatons que les chargés de presse des administrations fonctionnent de plus en plus comme des poseurs de barrières et ne soutiennent pas les journalistes dans leur mission d’informer.» Le Conseil de presse souhaite donc des efforts à ce niveau.
Ines Kurschat a aussi plaidé pour une meilleure définition de la mission d’information de service public dans un pays multilingue et multiculturel. Un débat parlementaire devrait s’y intéresser et le Conseil de presse imagine mal ne pas y être convié. Enfin, dans le cadre de la réflexion que les médias doivent nourrir par rapport à eux-mêmes, elle a appelé les journalistes à la prudence, notamment par rapport aux tendances des réseaux sociaux, et à garder le code de déontologie comme ligne directrice.
Quand des journalistes ne peuvent plus travailler librement, c’est le début de la fin.
Xavier Bettel a pour sa part également évoqué le drame survenu dans la rédaction de nos confrères de Charlie Hebdo. «On a l’impression que c’était hier, et en même temps c’était il y a cinq ans. On présentait nos vœux, et au même moment une rédaction était exterminée. C’était aussi une attaque contre nos valeurs, notre liberté d’expression, notre démocratie… C’était de la folie humaine. . J’étais très ému», confie-t-il à Paperjam.
Le Premier ministre a donc rappelé que le journalisme était un métier dangereux. «Et si des journalistes ne peuvent pas travailler librement, c’est le début de la fin», développe-t-il. Et pour travailler librement, il faut des moyens.
Raison pour laquelle une réforme de l’aide à la presse imprimée a été mise en chantier, avec les éditeurs et le Conseil de presse. «Ce que nous voulons, c’est investir dans les médias. Aujourd’hui, sans aides publiques, la plupart des médias n’existeraient pas. Il fallait changer cette philosophie de ne soutenir que le papier, mais aussi maintenant aider ceux qui relèvent d’internet, du journalisme digital…» Le dossier était complexe, mais le ministre a annoncé qu’il pourrait aboutir au printemps, tout en restant prudent, en ajoutant que «ce sera fini quand ce sera fini».
Xavier Bettel a aussi confirmé qu’un débat aurait bien lieu à la Chambre quant à la gouvernance au sein des médias de service public. «C’est un sujet important et on voit bien que des questions se posent. Comme on remarque qu’il y a des inquiétudes. On l’a vu avec la radio 100,7. Moi, je n’exclus rien», a conclu le Premier ministre.
Tout cela avant de souhaiter une excellente année 2020 à l’ensemble des médias.