Sur la scène de l’ICT Spring, le Premier ministre Xavier Bettel a surtout invité les Européens à prendre part aux élections européennes de dimanche. (Photo: Edouard Olszewski)

Sur la scène de l’ICT Spring, le Premier ministre Xavier Bettel a surtout invité les Européens à prendre part aux élections européennes de dimanche. (Photo: Edouard Olszewski)

À cinq jours des élections européennes, le Premier ministre et ministre de la Digitalisation Xavier Bettel a défendu l’Europe et un véritable marché unique digital européen, mardi matin, à l’ouverture de l’ICT Spring.

«Mes grands-parents étaient de quatre nationalités et quatre orientations religieuses différentes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, j’aurais été déporté.» Dans la salle de l’ICT Spring, qui accueillait les conférences sur les fintech, le Premier ministre  obtient un silence glacial.

«Mais aujourd’hui, je peux vous parler librement. Je peux être critiqué, mais je suis libre de parler. Dimanche, si vous êtes citoyens européens et avez le droit de vote, allez voter! Le principal problème aujourd’hui, c’est qu’on croit que tout est acquis. Les plus jeunes ne connaissent que l’euro... ou la livre. Croyez en l’Europe et battez-vous pour vos valeurs!»

Nous avons des problèmes communs, nous devons trouver des solutions communes.

Xavier BettelPremier ministre et ministre de la DigitalisationLuxembourg

Son discours très politique tranche avec la traditionnelle revue de tous les avantages qu’offre le Luxembourg aux start-upper de tous poils.

Après avoir dit «Bonjour» en coréen et en chinois, en plus des quelques langues les plus utilisées, Xavier Bettel s’amuse. «Je suis toujours là! Nous avons eu des élections en octobre dernier. Et je suis content qu’on ait dit que Luxembourg était un pays stable. Et j’apprécie particulièrement la stabilité!»

La salle sourit.

Il rappelle que Luxembourg-ville, dont il a été le bourgmestre, accueille 70% de non-Luxembourgeois. «Nous avons des problèmes communs, nous devons trouver des solutions communes. Avec respect. Nous avons été une forteresse pendant des siècles, mais nous avons pris l’habitude de casser les murs. L’Europe est un projet de paix et soyez les bienvenus, quel que soit l’endroit d’où vous venez. Nous n’avons rien à faire de votre orientation sexuelle, politique ou religieuse...»

Luxembourg est une smart nation. Et c’est mesurable!

Xavier BettelPremier ministre et ministre de la DigitalisationLuxembourg

Très vite, pourtant, il revient sur la digitalisation. «Luxembourg est une smart nation. C’est mesurable. La seule chose à faire est de se retourner sur les cinq dernières années. Les citoyens, les sociétés et le gouvernement ont travaillé ensemble pour amener ce pays aux avant-postes de l’innovation. Nous allons continuer nos efforts pour nous assurer que toutes les parties de la population bénéficieront de ces progrès. Tout le monde doit avoir les compétences nécessaires pour profiter de ces développements. Cela doit devenir des compétences de base pour des technologies qui vont devenir des technologies de tous les jours.»

La communication politique complètement transformée

«Plus de transparence, c’est aussi plus de risques. Pendant des années, les politiciens étaient capables d’informer et d’expliquer, d’avoir la primauté de l’information. Aujourd’hui, nous devons réagir, nous justifier, démentir. C’est quelque chose de nouveau. Les gens ne se contentent pas de lire, mais ils comprennent. Et ils jugent. ‘Je l’ai lu sur Facebook.’ Ce n’est pas dans la presse. Mais c’est sur Facebook. Nous devons soutenir les journalistes pour faire la différence entre la vérité et ceux qui font un mauvais usage des nouveaux outils de communication. Il y a de nouvelles responsabilités.»

En dehors des problématiques des fake news et de la dissémination de la haine et de la violence sur les réseaux sociaux, le chef du gouvernement s’arrête sur un seul point négatif.

«Je suis un peu désappointé: il n’y a toujours pas un marché digital unique, il faut toujours faire face à 27, pardon, 28 régulateurs, désolé pour mes amis britanniques, 28 législations. Si vous voulez avoir du succès comme start-up, vous devez être conforme dans chacun de ces marchés. Pour des petites sociétés, c’est plus difficile. Nous devons avoir un marché unique, sinon nous serons coincés entre les États-Unis et la Chine.»

Schuman, un pionnier aux idées à préserver

Puis il insiste sur les chantiers bien connus, mettre en place une e-administration qui fonctionne et qui permette de tout faire depuis son téléphone portable, l’espace et ses ressources potentielles, la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle.

«Luxembourg est un pays où les bonnes idées croissent. Parce que nous travaillons tous ensemble.»

Mais les élections européennes reprennent le dessus. «En 1947, personne ne croyait au projet de Robert Schuman, qui est né ici. 50 millions de personnes sont mortes, d’autres ont été déportées. Aujourd’hui, devant vous, vous avez quelqu’un qui croit en l’Europe. Et si vous venez ici, vous sentirez combien ce pays respire l’Europe. Être ici, ce n’est pas seulement parler de technologie, mais d’humain. Parce que la technologie doit être au service de l’humain.»