Les policiers ne sont pas plus intervenus pour des faits de violence domestique durant le confinement, selon les premiers retours de terrain. (Photo : Shutterstock)

Les policiers ne sont pas plus intervenus pour des faits de violence domestique durant le confinement, selon les premiers retours de terrain. (Photo : Shutterstock)

La police a procédé à davantage d’interventions l’an dernier par rapport à l’année précédente. Le confinement ne semble pas avoir eu d’effet amplificateur d’après les premiers retours de terrain.

La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes a présenté mercredi les chiffres du rapport 2019 du Comité de coopération entre les professionnels dans le domaine de la lutte contre la violence aux commissions parlementaires concernées.

Ce rapport comptabilise 849 interventions (avec et sans expulsion), soit 110 de plus qu’en 2018 (+14,9%). Ce qui donne en moyenne 70,5 interventions et 22 expulsions par mois.

Le nombre de victimes a également crû pour atteindre 1.337 en 2019 contre 1.089 en 2018. Les femmes représentent 63% des victimes et 31% des auteurs de violences, alors que les hommes constituent 36% des victimes et 68% des auteurs. De son côté, le Parquet auprès des tribunaux d’arrondissement de Luxembourg et de Diekirch a été saisi de 1.692 dossiers de violence domestique en 2019.

Bracelet électronique et «hotline» à l’examen

Les députés ont évoqué avec la ministre (LSAP) les possibles adaptations du cadre légal. S’il est très sévère, selon la ministre, par rapport à d’autres pays, un groupe interministériel composé des représentants des différents ministères, du Parquet et de la police est effectivement en train d’analyser les améliorations qui pourraient être apportées.

C’est d’ailleurs l’objet d’une motion déposée par la députée et ancienne ministre à l’Égalité des chances (CSV), adoptée par la grande majorité des députés à la Chambre et renvoyée en commission. Cette motion préconise notamment d’instaurer une «hotline» opérationnelle 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ainsi que d’équiper les victimes de bracelets électroniques.

Les députés ont également examiné la motion déposée par (ADR) concernant la création de structures d’hébergement pour hommes et garçons victimes de violence domestique. Le député estime que les structures existantes sont insuffisantes au regard du «chiffre noir» des victimes masculines. La ministre Bofferding a répondu que les victimes recevaient toutes, quel que soit leur sexe, un encadrement similaire, soulignant que les foyers accueillant des femmes offrent davantage de places parce que la demande féminine est plus élevée.

Le nombre d’interventions pour violence domestique n’a pas augmenté durant le confinement mais est resté stable par rapport aux mois précédents.

Police grand-ducale

Quant à l’analyse approfondie des faits de violences durant le confinement demandée par le Comité de coopération, elle risque de tourner court. En effet, la police grand-ducale a indiqué à Paperjam que «le nombre d’interventions pour violence domestique (donc les cas où nos agents ont effectivement constaté une telle situation sur place) n’a pas augmenté durant le confinement, mais est resté stable par rapport aux mois précédents. Idem, nous constatons que le nombre d’expulsions prononcées est resté stable aussi et correspond à la moyenne mensuelle, qui s’élève entre 20 et 30 expulsions.» Des chiffres qui pourront toutefois évoluer sachant qu’une plainte peut être déposée encore plusieurs semaines après les faits.

De son côté, l’asbl Femmes en détresse se réjouit de «ne pas avoir eu la hausse à laquelle on s’attendait», témoigne sa directrice générale Andrée Birnbaum. «Par contre, plus le confinement était long, plus les tensions, le stress et la peur de nos clientes se sont accentués. Nous avons dû intervenir plusieurs fois en urgence pour reloger les femmes afin de les sortir d’une situation dangereuse.»

La sécurité des victimes et des enfants devrait primer dans tous les cas (…) et l’autorité parentale conjointe devrait être mise en stand-by le temps de l’enquête afin de protéger les enfants et les victimes.

Andrée Birnbaumdirectrice généraleFemmes en détresse

Des tensions accrues aussi par la configuration du lieu de vie. «Plus l’espace de vie est réduit, plus la tension monte. Beaucoup de parents se sont sentis débordés avec les devoirs de leurs enfants, cette situation a également contribué à faire monter le stress. C’est une bonne chose que les cours à l’école reprennent.»

Concernant une éventuelle réforme du cadre légal, Femmes en détresse souhaite que soit suspendu le droit d’un auteur de violences de voir ses enfants. «Je crois que la sécurité des victimes et des enfants devrait primer dans tous les cas, une enquête sociale devrait être faite d’office en cas de violence domestique et l’autorité parentale conjointe devrait être mise en stand-by le temps de l’enquête afin de protéger les enfants et les victimes.»