«S’il est largement présent chez nous, son augmentation n’est pas pour autant exponentielle comme on pouvait le craindre», expliquait le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit (à gauche).  (Photo: Paperjam)

«S’il est largement présent chez nous, son augmentation n’est pas pour autant exponentielle comme on pouvait le craindre», expliquait le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit (à gauche).  (Photo: Paperjam)

On retrouve le fameux variant britannique du Covid-19 dans 57% des cas détectés au Luxembourg. Ce qui pousse le gouvernement à vouloir augmenter la protection, en changeant (un peu) de tactique.

Comme elle en a pris désormais l’habitude, la ministre de la Santé (LSAP) tenait, ce jeudi, une conférence de presse, où elle était accompagnée du directeur de la Santé et du directeur du LNS, le Pr , afin d’informer «en toute transparence» le public. Une conférence qui s’est concentrée sur deux thèmes importants: la présence des variants du Covid-19 et le vaccin AstraZeneca.

«Le variant britannique est en train de devenir dominant chez nous», expliquait la ministre, faisant référence au fait que cette souche anglaise représente aujourd’hui 57% des cas au Luxembourg. «Et cela risque d’être un peu le cas partout, vu que sa caractéristique principale est sa rapidité à se propager. Il va s’imposer d’une manière ou d’un autre.»


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 «Ce variant nous préoccupe donc forcément. S’il est largement présent chez nous, son augmentation n’est pas pour autant exponentielle comme on pouvait le craindre. Les chiffres augmentent, mais restent assez stables. On parvient à ‘contrôler’ partiellement la situation. Cette dernière n’est pas similaire à ce qu’on a pu voir en Angleterre ou en Irlande», lançait de son côté Jean-Claude Schmit, faisant référence au fait qu’on soit passé en une semaine de 175 à 199 nouveaux cas positifs pour 100.000 habitants.

La crainte sud-africaine

Mais le directeur de la Santé surveille aussi avec attention le variant sud-africain. «Ce qui nous inquiète, c’est que le vaccin AstraZeneca fonctionne moins bien avec cette souche-là… Ce qui pourrait poser des soucis si elle se répandait très largement. Mais pour l’heure, on ne l’a trouvée qu’en petite quantité au Luxembourg.» Par contre, il est actuellement le plus présent de l’autre côté de la frontière française, en Moselle, où

«Je ne nie pas qu’il y a un risque qu’il fasse une percée plus importante chez nous», continuait le docteur. «Mais il ne faut pas penser que cela se fera de manière automatique. Comme on le disait, la souche britannique est déjà bien implantée chez nous. Or, si un variant se répand beaucoup, il freine la répartition des autres.» En d’autres mots, l’importante présence britannique au Luxembourg pourrait bien freiner l’arrivée sud-africaine.

Néanmoins, «ce virus sud-africain pourrait bien nous poser des soucis au niveau de la stratégie vaccinale», concédait Jean-Claude Schmit. «Je remarque d’ailleurs que la France a déjà effectué des changements à ce niveau-là, en fournissant 30.000 doses de Pfizer-BioNTech en Moselle.»

«Pas question de demander un test PCR négatif»

Une Moselle dont on suit forcément attentivement l’évolution. Et notamment la décision qui a été prise, ce mardi, de demander, à compter de lundi, des tests PCR négatifs (de moins de 72 heures) pour tout déplacement non professionnel des résidents frontaliers entre le département français et son voisin allemand.

«Pas question de prendre le même genre de décision chez nous. Imaginez si on faisait une telle chose avec notre situation géographique et les milliers de travailleurs qui passent nos frontières…», expliquait une Paulette Lenert qui s’est dite «rassurée de voir des discussions positives entre la France et l’Allemagne au sujet du cas mosellan. Cela montre qu’on peut trouver des solutions ensemble.» Cela montre aussi qu’il y aurait moyen de négocier avec l’Allemagne si les variants prenaient encore plus d’ampleur au Luxembourg. «On croit beaucoup en une approche commune. Et pas juste à penser à fermer les frontières», reprenait la ministre LSAP. «On doit trouver une solution pragmatique qui ne remette pas en cause l’approche «européenne» dans laquelle nous vivons.»

Et au Luxembourg, la tactique est de maintenir une politique de tests importante, voire de la renforcer. En encourageant les frontaliers à répondre favorablement aux demandes de test, en ayant recours dans les prochaines semaines à des tests rapides (notamment dans les écoles), mais aussi à des tests PCR spécifiques afin d’effectuer un suivi des variants.

Accélérer grâce à AstraZeneca

En termes de vaccination, l’ambition est claire: vacciner plus vite et plus de personnes. Et pour ça, le gouvernement a décidé d’un petit changement dans la stratégie.

En effet, si l’État gardera bien toujours en stock la deuxième dose des vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna des personnes ayant reçu leur première injection, il n’en sera plus de même avec le vaccin AstraZeneca. Désormais, 75% des livraisons de ce vaccin seront injectés directement. De manière à renforcer le bouclier sanitaire. Une nouvelle tactique rendue possible par le fait que le délai entre deux injections AstraZeneca est aujourd’hui plus long, évalué à dix semaines.

«C’est un petit risque que nous prenons, car nous ne savons pas s’il ne peut pas y avoir un souci avec les livraisons promises. Mais compte tenu de l’arrivée des variants, nous voulons augmenter la protection. Et une seule injection peut déjà endiguer un certain nombre de décès», concluait Paulette Lenert.