En pleine campagne pour sa réélection en 2020, Donald Trump concède avoir évoqué le nom de Biden avec son homologue ukrainien. Le camp démocrate l’accuse d’avoir incité l’Ukraine à relancer des enquêtes visant l’ancien vice-président de Barack Obama. (Photo: Shutterstock)

En pleine campagne pour sa réélection en 2020, Donald Trump concède avoir évoqué le nom de Biden avec son homologue ukrainien. Le camp démocrate l’accuse d’avoir incité l’Ukraine à relancer des enquêtes visant l’ancien vice-président de Barack Obama. (Photo: Shutterstock)

La speaker démocrate de la Chambre des représentants estime que le président américain a «violé la Constitution» en demandant à un dignitaire étranger d’enquêter sur un adversaire politique.

Nancy Pelosi, figure du parti démocrate redevenue chef de file de la Chambre des représentants depuis janvier, a finalement cédé face à l’aile progressiste de son parti et annoncé officiellement le lancement d’une procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump.

Après plusieurs mois de résistance, la démocrate a changé d’avis après la révélation de l’existence d’une conversation téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Selon le Washington Post, Donald Trump aurait invité son interlocuteur à ouvrir des enquêtes concernant Hunter Biden, le fils de l’ancien vice-président Joe Biden, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020.

Une conversation ébruitée par un lanceur d’alerte dans le milieu du renseignement, qui l’a signalée à l’inspecteur général du renseignement national, Michael Atkinson, lequel a averti le Congrès.

Le fils de Joe Biden impliqué

Toutefois, le directeur par intérim du renseignement national, Joseph Maguire, soutenu par le département de la justice, lui a enjoint de garder le silence durant son audition à huis clos par la commission du renseignement de la Chambre des représentants la semaine dernière.

Il apparaît que l’entourage de Donald Trump tente depuis plusieurs mois de provoquer l’ouverture par l’Ukraine d’enquêtes dommageables pour le camp démocrate. D’une part à l’encontre de Hunter Biden, qui figure au conseil d’administration d’une société gazière privée depuis 2014, à l’époque où son père était vice-président. Un avocat de Donald Trump soutient que Joe Biden aurait obtenu en 2016 le limogeage d’un procureur général qui enquêtait sur cette société.

D’autre part, à l’encontre du parti démocrate, dont des émissaires auraient contacté l’administration ukrainienne afin de dévoiler la fraude fiscale et bancaire commise par le directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, lorsqu’il était consultant politique en Ukraine. Une fraude pour laquelle l’ancien conseiller de M. Trump a été condamné à une peine d’emprisonnement.

Une procédure vouée à l’échec

Fustigeant une «chasse aux sorcières» et un «harcèlement présidentiel», Donald Trump a validé en partie les informations publiées par la presse, reconnaissant que la conversation avec son homologue ukrainien avait bel et bien eu lieu, et même qu’elle avait été le déclencheur du versement d’une aide américaine gelée jusque-là, ce qui corroborerait l’hypothèse d’un marché.

Cette procédure de destitution a toutefois peu de chances d’aboutir à l’éviction de Donald Trump, puisque l’acte d’accusation rédigé par la Chambre des représentants doit être instruit par le Sénat, dominé par le parti républicain. Mais Nancy Pelosi, en fine tacticienne, considère manifestement que la révélation probable d’une affaire dévastatrice peut servir le camp démocrate, à un an de la présidentielle de 2020.