Faire payer les tests PCR pourrait même augmenter la radicalisation de certains anti-vaccins, craint la CCDH. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Faire payer les tests PCR pourrait même augmenter la radicalisation de certains anti-vaccins, craint la CCDH. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Le texte de la prochaine loi Covid devra être voté au plus tard le 14 septembre. La Commission consultative des droits de l’Homme vient de rendre son avis au sujet du texte en préparation. Et émet des craintes quant à la volonté de rendre les tests PCR payants.

L’idée du gouvernement de rendre les tests PCR payants est une mauvaise idée, selon la Commission consultative des droits de l’Homme (CCDH). Celle-ci a été saisie afin de rendre un avis sur le texte du projet de loi qui devra entrer en vigueur le 15 septembre. Et, sans surprise, elle avoue nourrir des craintes par rapport à un risque de scission de la société, un «impact sur le vivre-ensemble» et un «[renforcement d]es inégalités».

Des questions juridiques, sociétales et épidémiologiques

Pour rappel, au début de ce mois, Un test qui permet à une personne non vaccinée de bénéficier d’un certificat CovidCheck pour une durée limitée. Un test qui coûte au minimum 50 euros. L’objectif poursuivi: inciter à la vaccination. Seules certaines catégories de personnes qui n’ont pas pu encore accéder à la vaccination (enfants de moins de 12 ans, contre-indications médicales…) pourraient alors bénéficier de la gratuité. Cette stratégie, note la CCDH, soulève «des questions juridiques, sociétales et épidémiologiques».

Premier risque pointé: celui de la discrimination «des personnes en fonction de leur état de santé, de leur situation financière ou de leur conviction». Et la CCDH de rappeler que le droit luxembourgeois, le droit international et la Constitution nationale indiquent que toute ingérence dans les droits fondamentaux des citoyens doit poursuivre un but légitime et n’avoir lieu «qu’en l’absence de toute autre mesure qui serait aussi appropriée tout en étant moins contraignante. (…) La charge de la preuve du respect de ces critères incombe au gouvernement.» Dès lors, la question est de savoir si la façon de procéder – en rendant les tests payants – permettra d’atteindre l’objectif – augmenter le nombre de vaccinés.

Autre risque: la marginalisation des non-vaccinés. «Si la pression financière peut éventuellement amener certaines personnes à se faire vacciner, certaines autres ne seront certainement pas convaincues et risqueront d’être marginalisées davantage. La CCDH se demande dans ce contexte aussi si une approche contraignante ne risque pas d’augmenter la fracture sociale, voire la radicalisation chez certains, au lieu de renforcer l’adhésion à la vaccination», peut-on lire dans l’avis rendu.

Au vu des connaissances dont nous disposons, refuser à tout prix une vaccination, autre que pour des raisons médicales, peut être conçu comme contraire à la conception d’une société solidaire.

Commission consultative des droits de l’Homme

Au-delà, la CCDH met en avant d’autres interrogations. L’accès plus difficile aux tests ne va-t-il pas contrarier la détection des cas positifs, les vaccinés pouvant toujours être porteurs et/ou malades? Les personnes avec un vaccin non reconnu au Luxembourg devront-elles tout de même payer leur test PCR? Un test payant ne va-t-il pas augmenter le risque de propagation parmi les moins de 24 ans, personnes parmi les moins vaccinées, mais aussi peu enclines à payer?

Demandant au gouvernement de faire attention à toutes les personnes en situation de précarité, la CCDH l’invite aussi à prendre toutes les précautions nécessaires afin d’éviter les situations discriminatoires. Et plaide «en faveur d’une approche inclusive et pédagogique».

Mais la CCDH se veut aussi très claire: il faut, quand cela est possible, se faire vacciner. «Au vu des connaissances dont nous disposons, refuser à tout prix une vaccination, autre que pour des raisons médicales, peut être conçu comme contraire à la conception d’une société solidaire qui a pour but de protéger tout un chacun», lit-on aussi dans l’avis rendu.